De violentes manifestations ont éclaté ce mardi 27 avril au Tchad, contre la prise du pouvoir par l’armée, après la mort du président Idriss Déby. Au moins cinq personnes sont mortes et 27 autres ont été blessées. Emmanuel Macron a condamné « avec la plus grande fermeté la répression » au Tchad et s’est prononcé contre « un plan de succession », alors que le fils du président Déby dirige un conseil militaire à la tête du pays.
Au moins cinq personnes ont été tuées ce mardi 27 avril dans des manifestations à N’Djamena et dans le sud du Tchad contre la junte militaire qui a pris le pouvoir après la mort du président Idriss Déby Itno, il y a une semaine, a annoncé le Parquet à l’AFP.
On dénombre au total quatre morts à N’Djamena, dont une femme tuée par les manifestants, a indiqué Youssouf Tom, procureur de la capitale. Plus tôt dans la journée, son homologue à Moundou, la deuxième ville du Tchad, à quelque 400 km au sud de N’Djamena, avait aussi confirmé la mort d’un manifestant sur place.
La tension règne dans la capitale tchadienne depuis l’annonce de la mort au combat le 19 avril d’Idriss Déby, qui dirigeait le pays depuis 1990 et venait tout juste d’être réélu, l’armée ayant immédiatement installé à la tête du pays un conseil militaire dirigé par le propre fils de l’ancien président.
Même si l’armée a confié à un civil, l’ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacke, la direction d’un nouveau gouvernement, plusieurs dirigeants d’opposition ont dénoncé un coup de force des militaires et appelé à manifester.
Le conseil militaire, présidé par Mahamat Idriss Déby, a assuré qu’il transférerait le pouvoir aux civils à l’issue d’élections démocratiques dans 18 mois.
Pneus brûlés et lacrymogènes
Un responsable médical dans un hôpital de N’Djamena, ayant requis l’anonymat, a confirmé le décès d’un homme d’une vingtaine d’années transféré aux urgences avec 27 autres personnes blessées lors des manifestations qui ont éclaté ce mardi 27 avril dans la capitale.
Des témoins ont signalé la mort d’un autre manifestant à Moundou, la deuxième ville du pays.
Un porte-parole du conseil militaire a déclaré que les forces de sécurité tentaient de contenir les manifestants avec un usage maîtrisé de la force.
Dans les rues de N’Djamena, la police a fait usage ce mardi de gaz lacrymogènes alors que les manifestants brûlaient des pneus dans plusieurs quartiers de la ville.
Selon un journaliste de Reuters, les pompiers peinaient à lutter contre ces incendies visibles depuis les autres quartiers de N’Djamena.
« Les militaires doivent retourner dans leurs casernes »
Nous ne voulons pas que notre pays devienne une monarchie?, a déclaré Mbaidiguim Marabel, un manifestant âgé de 34 ans. Les militaires doivent retourner dans leurs casernes pour faire place à une transition civile.
Des véhicules de transport de troupes ont été aperçus patrouillant dans les rues du centre de la capitale.
Les policiers sont venus, ils ont tiré des gaz lacrymogènes. Mais nous n’avons pas peur?, a dit Timothy Betouge, âgé de 70 ans.
Emmanuel Macron contre « un plan de succession »
L’évolution de la situation à N’Djamena est suivie de près à l’étranger, le pays étant l’un des principaux soutiens de l’Occident, notamment de la France, dans les opérations militaires internationales en cours contre les groupes djihadistes au Sahel.
L’Union africaine a exprimé sa grave inquiétude ?concernant la prise du pouvoir par les militaires, alors qu’Idriss Déby est mort au front des combats entre l’armée et des rebelles venus de Libye.
La France et certains des voisins du Tchad plaident pour un compromis et souhaitent en premier lieu préserver la stabilité du pays.
Le président français Emmanuel Macron a condamné ce mardi avec la plus grande fermeté la répression ?au Tchad. Emmanuel Macron a également indiqué que la France soutenait une transition pacifique, démocratique et inclusive ?et qu’il n’était pas pour un plan de succession ?après la mort du président Déby, alors que son fils Mahamat Idriss Déby dirige le Conseil Militaire de Transition (CMT).
Ouest France