TEXTE COLLECTIF : DE QUEL DIALOGUE PARLE-T-ON ?

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Ni de farouches guerriers aveugles refusant tout dialogue, ni des saints naïvement pacifistes. Se diviser en partisans et adversaires du dialogue, c’est ajouter de la confusion à la « confusion » qu’évoque Macky pour justifier son décret d’abrogation

Dans le combat contre le coup d’État de Macky Sall intervient un débat : les forces qui luttent contre cette forfaiture doivent-elles répondre ou non à l’appel au dialogue du président Sall ? Rappelons qu’une telle question a déjà servi à casser dans un passé récent un large et dynamique front de lutte contre le pouvoir En sera-t-il de même cette fois-ci encore ou les forces en lutte auront-elles l’intelligence de tirer les enseignements des erreurs commises afin de les éviter ?

Bien poser les termes du débat

Si la question posée est d’être pour ou contre le dialogue en principe, elle est abstraite et vide de sens, donc mal posée. Nous ne sommes ni de farouches guerriers aveugles refusant tout dialogue, ni des saints naïvement pacifistes disposés à dialoguer quelles que soient les conditions. Se diviser sur cette base en partisans et adversaires du dialogue, c’est ajouter de la confusion à la « confusion » qu’évoque Macky Sall pour justifier son décret d’abrogation. Le vrai débat est de savoir de quel dialogue sommes-nous partisans ou adversaires dans le contexte actuel.

La stratégie de Macky Sall

Macky Sall et ses complices ont annoncé et déroulé une stratégie dont la feuille de route est limpide : i) accusations de corruption du PDS contre deux juges du Conseil Constitutionnel, ii) appui de la majorité présidentielle à la demande du PDS pour la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire, iii) signature du décret n° 2024-106 du 3 février 2024 abrogeant le décret n° 2023-2283 du 29 novembre 2023 portant convocation du corps électoral par le président Sall sous le prétexte d’une crise institutionnelle, iv) vote par la majorité présidentielle et les députés du PDS de la loi constitutionnelle reportant les élections présidentielles du 25 février au 15 décembre 2024 et prolongeant du même coup le mandat présidentiel jusqu’en début 2025.

La réponse du peuple sénégalais

Face à ce coup d’État constitutionnel de Macky Sall, tous les secteurs du peuple sénégalais sensibles à la démocratie, mouvements citoyens, syndicats de travailleurs, organisations patronales, universitaires, juristes, artistes, … se sont levés pour dire non, jusques et y compris dans les propres rangs du pouvoir en place. Autant donc le président Sall a terni l’image d’un Sénégal démocratique, autant la mobilisation exemplaire de notre peuple rejetant massivement l’atteinte portée contre sa souveraineté suscite fierté et espoir. Nous sommes ainsi présentement engagés dans une lutte dont l’enjeu majeur et l’objectif fondamental consistent à sauver notre système démocratique et notre État de droit, plus spécifiquement la souveraineté de notre peuple dont l’expression libre pour le choix à date échue de ses dirigeants vient d’être confisquée.

Alors de quel dialogue est-il question dans un tel contexte ?

Ce dialogue a été annoncé par le président Sall en même temps que la signature du décret suspendant le processus électoral. Il fait donc partie du package conçu et mis en œuvre pour réaliser le coup d’État constitutionnel. Il est à son service et sa fonction est manifeste : briser l’élan actuel de lutte notamment en divisant le front démocratique, créer un rapport de forces plus favorable à la forfaiture que présentement, faire entériner de fait le coup d’État dans un processus dit de dialogue mais dont seuls Macky et ses complices sont maîtres des objectifs, de l’ordre du jour, du calendrier et de la prise de décision finale.

Du dialogue pour la démocratie, l’État de droit et la souveraineté du peuple…

Tout d’abord, tout dialogue sérieux avec Macky Sall exige dans la situation actuelle de nécessaires préalables : libération de tous les détenus politiques, arrêt de toutes les restrictions et violations contre l’exercice des libertés publiques, retour à l’ordre démocratique. Ensuite, ce dialogue ne peut se dérouler que dans le respect strict de la Constitution qui doit se traduire par le retrait des mesures constitutives du coup d’État constitutionnel (le décret et la loi en cause) et la pleine reconnaissance des attributions du Conseil constitutionnel dans son rôle d’arbitre du processus électoral. Une fois que celui-ci aura fixé la nouvelle date de l’élection présidentielle tenant compte de la date-limite du mandat actuel (2 avril 2024), l’objectif du dialogue national sera alors de discuter des modalités de la poursuite du processus électoral et, éventuellement, des mesures à prendre pour rassurer les différentes parties prenantes.

…Ou alors vers un dialogue alternatif ?

Si Macky Sall ne veut pas s’engager dans ce dernier dialogue, tous les secteurs essentiels du peuple actuellement engagés dans la lutte pour la sauvegarde de la démocratie et de l’État de droit pourront et devront promouvoir ensemble un dialogue alternatif. L’objectif sera, dans une première étape, de soutenir le Conseil Constitutionnel afin qu’il puisse dire le droit. Si pour une raison ou pour une autre, celui-ci refuse de dire le droit ou que Macky refuse d’appliquer la décision de droit prise, alors l’objectif sera de préparer et de conduire la transition à la fin du mandat du président Sall, c’est-à-dire à partir du 2 avril 2024. Il s’agira notamment de mettre en place une assemblée constituante dont les membres seront les représentants de ces différents secteurs. Elle tiendra lieu de Parlement national et sera chargée de définir le cadre légal de la transition, d’élire la direction qui gouvernera le pays durant la période de transition et d’organiser les élections présidentielles.

Malado Agne, juriste, UCAD, Dakar

Félix Atchadé, médecin, Paris

Hawa Ba, sociologue et journaliste, Dakar

Elhadji Alioune Badara Ba, journaliste, Dakar

Mame Penda Ba, professeur de science politique, UGB, Saint-Louis

Selly Ba, sociologue, universitaire, Dakar

Cheikh Badiane, haut fonctionnaire international, Genève

Abdoulaye Barry; linguiste, maître de conférences titulaire, Université de Gambie.

Samba Barry, juriste, membre fondateur d’Aar Sunu Election, Dakar

Abdoulaye Bathily, professeur des universités à la retraite, UCAD, Dakar

Alymana Bathily, écrivain, sociologue des médias, Dakar

Kader Boye, juriste, ancien recteur de l’UCAD, ancien ambassadeur à l’Unesco, Dakar

Thiaba Camara Sy, administrateur de société, Dakar

Youssouf Cissé, conseil stratégie et développement, Dakar

Alioune Diatta, journaliste, Dakar

Oulimata Diatta Tricon, docteur en chirurgie buco-dentaire, La Cadière d’Azur

Sékouna Diatta, enseignant-chercheur à la faculté des Sciences et Techniques, UCAD, Dakar

Paul Dominique Corréa, sociologue, Dakar

Demba Moussa Dembélé, économiste, Dakar

Mamadou Diallo, historien, doctorant, Columbia University, New York

Abdoulaye Dieye, juriste, professeur à l’UCAD

Abdoulaye Dieng, sociologue, enseignant-chercheur à la retraite, Fastef, UCAD, Dakar

Babacar Buuba Diop, chercheur, professeur d’universités, Dakar

Bachir Diop, agronome, Saint-Louis

Moustapha Diop, informaticien, Dakar

Massamba Diouf, enseignant chercheur à la faculté de médecine de l’UCAD, Dakar

Thierno Diouf, géographe, Bruxelles

Amadou Fall, historien, professeur à la retraite, UCAD, Dakar

Babacar Fall, haut fonctionnaire à la retraite, Dakar

Rokhaya Daba Fall, agropédologue, New York

Dior Fall Sow, ancienne avocate générale, TPI pour le Rwanda, Dakar

Diomaye Ndongo Faye, consultant en stratégie développement politique, Princeton, New Jersey

Makhily Gassama, écrivain, ancien ministre

Mansour Gueye, informaticien, Paris

Thierno Gueye, expert en droit international et en gestion des conflits, Dakar

Annie Jouga, architecte, Dakar

Falilou Kane, consultant en finances, Dakar

René Lake, journaliste, Washington

Mohamed Nabi Lo, informaticien, Paris

Mohamed Ly, médecin, spécialiste de santé publique, Grand Mbao

Mouhamed Abdallah Ly, sociolinguiste, IFAN-UCAD, Dakar

Saphie Ly, journaliste, DG de Nexus

Anne-Marie Mbengue Seye, experte en financement de la Santé, Dakar

Mourtala T. Mboup, professeur de mathématique, Genève

Aly Ndiaye, délégué à la protection des majeurs, Paris

Aminata Ndiaye, professeur d’anglais à la retraite, Dakar

Khadim Ndiaye, philosophe, historien, Udes, Québec

Maty Ndiaye Sy, coach en développement, Dakar

Moustapha Ndiaye, faculté de Médecine et Pharmacie, UCAD, Dakar

Ndeye Astou Ndiaye, maîtresse de conférences titulaire, UCAD, Dakar

Seydi Ababacar Ndiaye, enseignant chercheur, UCAD, Dakar

Denis Ndour, consultant Droits humains, Dakar

Mamadou Ndoye, expert en éducation, ancien ministre, Dakar

Ousmane Ndoye, consultant, développement de projets, Dakar

Mbissane Ngom, professeur agrégé en Droit, UGB, Saint-Louis

Pap’ Amadou Ngom, chef d’entreprise, Paris.

Majaw Njaay, directeur artistique, Dakar

Ada Pouye, expert en développement international et urgence humanitaire

Pierre Sané, ancien directeur général adjoint de l’Unesco, Dakar

Mouhamadou Lamine Sanokho, ancien gestionnaire, Dakar

Abdourahmane Seck, anthropologue, Centre d’études des religions de l’UGB, Saint-Louis

Paap Seen, journaliste, Dakar

Amadou Lamine Sène, linguiste, interprète de conférences, Dakar

Chérif Seye, ingénieur, Dakar

Serigne Seye, maître de conférences, UCAD, Dakar

Pape Touty Sow, consultant international, Dakar

Tidiane Sow, mathématicien et coach en communication politique, Dakar

Mouhamadou Thiam, professeur École Polytechnique, Thiès

Pierre Thiam, chef et expert en gastronomie, auteur et chef d’entreprises, New York

Samba Traore, professeur des universités, ancien Directeur UFR SJP, UGB, Saint-Louis

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