Père Ibrahima Thiam, affectueusement appelé Thiam Hercule, fait partie des précurseurs du culturisme au Sénégal. Créant sa première salle de gym à Colobane en 1965, il a formé presque tous les grands noms du milieu du sport et du show business : les lutteurs Manga 2, Djaly Birama Thior, feu Doudou Bakka Sarr, Guédj Diop, Birahim Ndiaye, Amadou Dia Bâ, les artistes musiciens comme Coumba Gawlo Seck et Aby Ndour, pour ne citer que ceux-là. Et concernant le phénomène du dopage en général et notamment dans l’arène, celui que l’on surnomme aussi «le formateur du futur» a reconnu que malheureusement il existe bel et bien.
«Le dopage a débuté avec l’avènement de Tyson dans l’arène »
Il est intéressant de rappeler qu’en 1962-63, les lutteurs comme Mame Gorgui Ndiaye, Youssou Diène séduisaient déjà avec leur belle musculature. Il y avait aussi un certain Mbaye Ndiaye, grand réparateur de vélos (avenue Faidherbe), qui était vraiment le plus costaud d’eux tous. C’était nos aînés et ceux-là ne m’ont pas laissé indifférent, car ce sont ces gens qui m’ont influencé et poussé vers le culturisme. Mais jamais au grand jamais, Mame Gorgui Ndiaye, Youssou Diène et tous ceux avec qui j’ai cheminé (Manga 2, Djaly Birama Thior, feu Doudou Bakka Sarr, Guédj Diop, Birahim Ndiaye) n’utilisaient des anabolisants ou de dopage lors de leurs compétitions. Ils ignoraient même son existence. Ils travaillaient sérieusement et durement pour se bâtir un beau corps et bataillaient avec bec et ongles pour s’imposer. C’était des dons de la nature. La nutrition était abondante, diversifiée et de qualité. Je peux dire que le dopage a fait son arrivée un peu plus tard, notamment avec l’avènement de Tyson dans l’arène. Mouhamed Ndao, avec son physique d’Apollon, en faisait pâlir plus d’un. Et lorsqu’il a commence à faire des ravages dans l’arène, battant les Mor Fadam, Manga 2, l’un après l’autre, les autres jeunes lutteurs ont compris que c’était grâce à sa grosse capacité physique. Du coup, ils ont tous voulu ressembler à Tyson. Et pour rivaliser avec sa musculature d’Apollon, ils voulaient passer par des raccourcis, des palliatifs comme les anabolisants, le dopage et toutes les autres formes de drogues pour être corpulents et conquérants. Mais ce qu’ils oublient, c’est que Tyson lui-même ignorait tout de ces anabolisants et ne se dopait pas».
«Des conséquences ravageurs et dramatiques dans le futur»
«Ces dopages et anabolisants, qui incitent au travail, qui font que le sportif se surpasse et tente de donner plus qu’il ne peut, ont inéluctablement des conséquences ravageuses et dramatiques dans le futur. Sous forme d’injections, poudre, comprimés, ils sont utilisés par de nombreux lutteurs dans l’arène, à la recherche de gain dans l’arène. Je connais de nombreux lutteurs qui y font recours au dopage pour s’imposer dans l’arène, car chaque victoire vaut maintenant des millions de francs CFA. Les conséquences de telles pratiques se font ressentir avec l’âge. À 40 ans ou au-delà, l’on vieillit prématurément. Le corps ne répond plus. La fatigue apparaît après le plus petit effort. La perte de poids, les problèmes cardiaques apparaissent et toutes sortes de petites maladies qui deviennent le lot quotidien des «jeunes vieux», dont le corps est usé avant terme par le dopage. Je conseillerais donc à nos lutteurs d’avoir une bonne hygiène de vie. De s’entraîner sérieusement, de récupérer beaucoup et d’opter pour une alimentation aussi saine que variée. Le dopage n’est pas la solution ».
SOURCE: Sunu Lamb
muy bien