La vente de Sandwichs, ‘’thiéré’’, ‘’thiakry’’, ‘’fondé’’, lait caillé, a pignon sur rue le soir, partout à Dakar. Ces mets tant prisés seraient pour certains le système ‘’débrouillé’’ (ou système D), pour d’autres un choix de préférence pour le dîner. Les vendeurs, eux, se frottent les mains.
Impossible de faire une centaine de mètres le soir à Dakar et surtout dans sa banlieue, sans voir au bord de la route un étal où se vendent soit des sandwichs, du ‘’thiéré’’ (couscous de mil), ‘’thiakry’’ (à base de mil), ‘’fondé’’ (bouillie de mil), du lait caillé, etc. Si les vendeurs de ces mets qui ont pignon sur rue déclarent se frotter les mains, les clients quant à eux ne partagent pas les mêmes raisons qui les poussent à l’achat de ces aliments très prisés à Dakar.
Amina est une jeune vendeuse de sandwich aux Parcelles Assainies (PA), en face du terminus des Dem Dikk. La peau dépigmentée, taille fine, avec une coiffure osée et grotesque, elle affirme faire de bonnes affaires avec la vente des sandwichs. Epaulée par deux de ses cousines, son étal affiche déjà le plein à 20h. «Amina, vend moi un sandwich viande», «non, ne mets pas du piment», «pour le mien, je veux beaucoup de piment et de ketchup», sont autant de demandes qui campent l’ambiance tout autour de son étal. A l’en croire, chaque jour c’est le même décor à cette heure. «Je rends grâce à Dieu. Je ne me plains pas car j’ai mes clients propres, qui viennent acheter chaque jour» se réjouit-elle. A quelques encablures, se trouvent 4 vendeuses de ‘’thiéré’’, ‘’thiakry’’, ‘’fondé’’, et lait caillé, chacune assise devant sa table. Elles affirment toutes ne pas se plaindre avec ce commerce, même s’il arrive qu’il y ait des hauts et des bas.
Toutefois, ce recours aux aliments vendus en bordure de route, pour remplacer le dîner, se justifie diversement par les clients rencontrés sur place. Rokhaya Diop, habitant l’Unité 12 des PA, déclare : «chaque jour, je viens acheter un sandwich ici car je le préfère au dîner qui se prépare à la maison», sans donner plus de détails sur les mets qui sont servis chez elle le soir. Selon elle, les sandwichs sont beaucoup plus «légers» que les diners chez elle. Quant à son ami, qui l’accompagne, il estime que la fille est «culotée». Selon lui, Rokhaya ne travaille pas et veut avoir chaque soir un sandwich. Une chose qu’il déplore, tout en admettant que parfois c’est lui qui lui donne de l’argent.
Pour ce jeune garçon, âgé de 15 ans, venu se procurer du ‘’thiéré’’, la situation est tout autre chez eux, toujours à la même Unité aux PA. Djibi, car c’est de lui qu’il s’agit, est un apprenti menuisier dans un atelier sis aux Parcelles Assainies. Il informe que chez lui «on ne prépare pas le dîner. C’est juste au repas de midi qu’on a droit». A l’en croire, son papa ne donne la dépense que pour le repas de midi, tandis que le soir tout le monde se débrouille. Même situation pour son compagnon Ibra, à peu près le même âge. Un sachet de ‘’thiakry’’ mélangé de lait caillé à la main, il affirme que chez eux, ils se contentent du déjeuner servi pour tout le monde. «S’il en reste, ce sont les plus petits qui le mangent à l’heure du goûter», révèle-t-il. Pour avoir de quoi mettre sous la dent, il indique que parfois c’est sa maman qui lui donne de quoi acheter du thiakry et du lait caillé, ou les «grands» du voisinage. Bijou Mendy, jeune fille de la localité ne dit pas le contraire. A l’en croire, son papa est à la retraite depuis plus de 5 ans. «C’est vraiment le système ‘’D’’ les soirs pour dîner», confie-t-elle.
Des témoignages qui font froid dans le dos. Beaucoup d’entre eux confient ne pas sentir l’odeur du dîner chez eux . Une situation alarmante, surtout en banlieue dakaroise, qui pousse certains à faire la manche pour trouver de quoi calmer leur faim.
Par Sudonline.sn