Responsable national des jeunes de Rewmi et membre du secrétariat national de cette formation politique, Thierno Bocoum est également député à l’Assemblée nationale et président de la Commission Contrôle et Comptabilité. Dans cet entretien qu’il a accordé à l’Office, le jeune parlementaire qui s’est attardé sur l’actualité politique, n’a pas du tout raté les responsables du Pds qui menacent de se rassembler à la Place de l’Obélisque le 06 décembre prochain. Selon M. Bocoum « ces derniers doivent avoir honte en mettant les pieds dans cet endroit ».
Vous êtes député à l’Assemblée nationale, pouvez-vous nous dire en quoi consiste votre travail ?
Le rôle principal du député est de voter des lois et de contrôler l’activité gouvernementale qui prend le plus souvent la forme de questions écrites ou orales. Mais le député a également une force de proposition à travers des amendements et sa participation aux débats d’orientation budgétaire. Il doit être à l’écoute de ses concitoyens et transmettre leurs doléances à l’Exécutif. Il doit s’assurer que ces doléances sont prises en compte à travers un suivi permanant.
Vous êtes membre du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar, comment se porte ce groupe ? Est-ce que vous êtes totalement libre de défendre vos positions ?
Absolument. Personne ne va s’aventurer à vouloir nous confisquer notre liberté. Nous sommes à l’hémicycle pour le compte du peuple sénégalais. Nous nous sommes organisés en groupe pour mieux défendre les intérêts du peuple. C’est un groupe majoritaire qui fera tout pour que les lois qui prennent en compte l’intérêt supérieur de la nation ne puissent en aucun cas être bloquées par des intérêts partisans quelconques. Ce qui nous lie c’est le peuple ; c’est maintenir intact leur espoir, d’où le nom de Bennoo Bokk Yaakaar. Pour le moment cela se passe très bien. Nous travaillons en synergie, en respectant la diversité du groupe.
Vous disposez d’une majorité écrasante mais « soupe kanjé » (ndlr : patchwork) pour reprendre les libéraux, est ce qu’on ne risque pas de voir toutes les lois passer comme lettre à la lettre ? Est-ce que vous serez suffisamment à l’aise pour contrôler l’action du Gouvernement ?
Il n’y a aucun risque de voir des lois scélérates passer. Rien ne sera plus comme avant. Nous avons vécu le 23 juin et nous avons été des acteurs. C’est tout un processus, marqué par des privations de liberté, des tortures, des cas de blessures graves, des morts. C’est aujourd’hui ceux qui réclamaient la rupture qui se retrouvent à l’Assemblée nationale. Ils ont donc une bonne occasion de montrer que rien ne sera plus comme avant. Donc sur ce plan, ce n’est pas imaginable qu’on se retrouve à voter du n’importe quoi. C’est totalement exclu.
Ne craignez vous pas que les intérêts de vos différents partis, impactent dangereusement sur le bon fonctionnement de votre groupe parlementaire ?
Je ne pense pas. Je suppose que nous avons tous les mêmes intérêts qui se résument à être au service des Sénégalais et faire tout pour que leur préoccupations soient prises en compte. En tout cas, c’est ce qui nous uni. Et nous avons la responsabilité de ne pas décevoir les Sénégalais.
Depuis les événements du 23 juin, les Sénégalais sont devenus plus exigeants vis-à-vis des députés. Mieux, ils exigent un nouveau type de député, est ce que vous êtes suffisamment bien outillé pour vous inscrire dans cette logique ?
Je fais partie de ceux qui exigeaient un changement et nous sommes nombreux à l’hémicycle à en faire partie. Donc qu’il n’y ait pas de craintes à ce niveau. Le travail parlementaire se fera, en tenant compte des intérêts des Sénégalais.
Selon certaines indiscrétions, les députés de votre parti sont en train de manœuvrer pour la mise en place d’un groupe parlementaire, est-ce que de telles allégations sont avérées ?
Cette information est erronée et dénuée de tout fondement.
Pourtant, on peut bien s’attendre à une telle éventualité, si l’on prend en considération ces passes d’arme auxquelles se livrent les militants de votre parti et ceux de l’Apr ?
Vous savez, il y a des militants de l’Alliance pour la République (APR) qui veulent se rappeler au souvenir de Macky Sall et qui pensent que c’est en nous attaquant qu’ils vont avoir des postes ou des responsabilités. Pour l’instant, ils ne sont pas récompensés pour leurs faits. Et j’espère qu’ils ne le seront pas. Ces gens doivent comprendre que nous devons nous concentrer sur les solutions à apporter aux préoccupations des Sénégalais. Les attentes sont encore là. Ils doivent comprendre que Rewmi a fait de la résistance contre Wade dans des conditions extrêmement difficiles et qu’il a les moyens de se défendre. Nous ne leur accordons aucune importance parce que nous pensons que la priorité est ailleurs.
Pour rester dans cette lancée, il se dit que les relations entre Idrissa Seck et Macky Sall ne sont pas au beau fixe ?
Je ne sais pas sur quoi vous vous basez pour le dire mais je pense que c’est totalement le contraire.
Honorable député, même si vous soutenez que les relations entre ces deux hommes sont des meilleures, politiquement vos ministres quitteront le gouvernement, car votre leader fera partie des adversaires les plus sérieux de Macky à la présidentielle de 2017 ?
On n’est loin de 2017. On vient juste de sortir d’une élection présidentielle. Je pense que la priorité c’est de se concentrer sur les préoccupations des Sénégalais.
Parlons un peu de vos collègues députés du Pds. Récemment, ils ont tenu un séminaire de partage pour mieux s’impliquer des questions de l’heure, ils promettent de mener un débat de haut niveau au sein de l’hémicycle, les membres de votre groupe parlementaire ne risquent-ils pas de faire le profil bas ?
Ils avaient l’occasion de mener des réflexions profondes avant toute prise de décisions quand ils étaient au pouvoir. Ce n’est pas maintenant qu’ils vont nous prouver qu’ils sont compétents. S’ils l’étaient, ils n’allaient pas faire un bilan aussi catastrophique qui a poussé les Sénégalais à les sanctionner. Le profil bas dans l’hémicycle on l’attend d’eux.
Le Pds menace de faire un vaste rassemblement à la Place de l’Obélisque, le 06 décembre prochain, quel est votre avis là-dessus ?
Ils ont le droit de marcher s’ils respectent les procédures légales. Nous avons combattus pour que le droit de marche soit respecté, ce n’est pas aujourd’hui que nous allons demander à ce qu’il soit privé à des Sénégalais, fussent-ils des adversaires politiques. Cependant je pense que certains d’entre eux doivent avoir honte de mettre le pied à la Place de l’Obélisque. Une place où ils ont versé le sang de dignes Sénégalais. Ils n’ont aucune idée de ce que représente ce lieu. C’est un mimétisme ridicule.
Le Pds dénonce la procédure utilisée par le régime en place pour mener les auditions, ne pensez-vous pas qu’il a raison dans la mesure où tous ceux qui ont eu à gérer les deniers publics ne sont pas pour le moment inquiétés ?
De toutes les façons, il faudra commencer avec certains. La question fondamentale c’est de savoir, est ce qu’ils doivent rendre compte ou pas. S’ils sont d’accord qu’ils doivent rendre compte, ils n’ont qu’à répondre de leur acte et ensuite réclamer que d’autres suivent la même procédure. Mais on ne peut pas devoir rendre compte et refuser de le faire sous le prétexte que d’autres ne sont pas entendus. En réalité, s’ils n’ont rien fait, ils n’ont pas à s’inquiéter. Et bizarrement, ils s’inquiètent. Il faudra que les gens comprennent que cela ne doit plus être possible de s’enrichir sur le dos des Sénégalais. Au Sénégal on manque de tout. Il n’y a pas d’eau dans certains villages, pas d’infrastructures sanitaires, les jeunes sont au chômage, un Sénégalais sur deux, vit au-dessous du seuil de pauvreté. C’est inacceptable que des personnes à qui l’Etat fournit un salaire, des privilèges, se permettent de dilapider les deniers publics et d’organiser leur enrichissement. Ce n’est pas une question de personne mais c’est une question de principe.
Propos recueillis par Abdourahmane Mbodj
loffice.sn
Bravo Thier, Excellente prestation. Continue d’etre su service de ton peuple.