Tiken Jah Fakoly « Que le pouvoir aille à celui qui a été élu »
Comment sortir de cette impasse politique en Côte d’Ivoire??
Tiken Jah Fakoly. En tant qu’Africains, nous sommes déçus. Nous espérions que le processus de démocratisation du continent allait continuer, cette situation est une tache noire. Pourtant la Côte d’Ivoire aurait pu devenir un exemple pour toute l’Afrique. Il aurait fallu, pour cela, que celui qui a perdu les élections cède la place. Aujourd’hui, il faut maintenir la pression sur le perdant. Tout le monde a été surpris par sa volonté de confisquer le pouvoir. Je ne m’attendais pas à ça. Les Ivoiriens sont fatigués. J’espère que les Africains et la communauté internationale feront tout pour que ce qui se passe en Côte d’Ivoire ne se répète pas dans d’autres pays.
Le camp de Laurent Gbagbo parle d’irrégularités. ?La négociation n’est-elle pas la seule issue??
Tiken Jah Fakoly. On ne peut pas parler d’irrégularités dans ces élections. Laurent Gbagbo a perdu et veut s’accrocher. Au premier tour, il était en tête et il n’y a pas eu de problème. Le processus a poursuivi son cours. La Commission électorale a donné les résultats et on est passé à autre chose. Après le deuxième tour, on a empêché cette Commission électorale de donner les résultats dans le délai prévu. Dans le monde entier, on a vu ces images de partisans de Laurent Gbagbo empêchant la proclamation des résultats. Dans les départements où l’élection a été invalidée par le Conseil constitutionnel, les préfets ont confirmé que les élections s’étaient bien passées. Je pense qu’il n’y a pas eu d’irrégularités, mais que le camp présidentiel ne s’attendait pas à une défaite. Il veut négocier politiquement pour avoir une part du gâteau.
Les efforts extérieurs de médiation ne doivent-ils pas plutôt venir d’autres pays africains??
Tiken Jah Fakoly. Que tout le monde se batte aujourd’hui pour que le pouvoir aille à celui qui a été choisi par la majorité du peuple, ce n’est pas une mauvaise chose. Mais effectivement les médiations doivent venir des pays africains. Je suis un artiste qui dénonce l’ingérence des pays occidentaux. Mais à partir du moment où l’on a essayé de tordre le cou au processus démocratique, ce n’est pas une mauvaise idée que d’autres pays interviennent pour mettre la pression.
Entretien réalisé par Charlotte Bozonnet
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