L’assistance, dans la salle d’audience du Tribunal des flagrants délits de Kolda, a été prise d’une grande indignation, lorsque Ibrahima Baldé, faisant partie du lot des 35 jeunes de Vélingara présumés responsables des casses du 18 Mars dernier, a expliqué comment les gendarmes l’ont obligé à manger ses propres selles qu’il avait libérées sous le coup de la panique. Lors de la dernière Session des cours d’Assises de Dakar, Gorgui Guèye, qui a pourtant fait 8 ans 7 mois de détention, se souvient comme si c’était la veille, de cette scène horrible, quand des policiers de la Sûreté urbaine l’ont conduit dans une chambre pleine de sel derrière la prison Ford B, pour le torturer. Des sévices de ce genre, des détenus et des personnes gardées à vue en subissent chaque jour. Quand ces actes barbares atteignent leur paroxysme, ils aboutissent à des morts tragiques comme celles de Abdou Dia à Matam, Dominique Lopy à Kolda, Badara Diop à Kaolack, Modou Bakhoum à Karang.
Comme du temps du Goulag…
La torture est devenue une pratique structurelle au Sénégal, dénonce Me Assane Dioma Ndiaye, président de l’Organisation nationale des droits de l’Homme (Ondh). Dans leur jargon, les militants des droits de l’homme parlent de pratiques structurelles, quand elles sont courantes, récurrentes. Au cours d’une audience à Tamba, malgré l’opposition du Parquet, Mes Demba Ciré Bathily, Sidiki Kaba et lui, ont demandé à leurs clients, qui étaient une vingtaine, de soulever leurs habits. Lorsqu’il l’ont fait, l’indignation qui a gagné la salle devant le spectacle insoutenable de toutes ces traces de coups, était perceptible. L’un des détenus, un certain Keïta, qui portait des blessures sur tout le corps, a lancé un appel au secours à Wade pour ses soins médicaux. « Nous sommes confrontés à ce genre de situation à presque chaque audience et le mis en cause fait des déclarations circonstanciées, en décrivant dans les moindres détails la manière et les moyens qui ont été utilisés, comme du temps des Goulags, en Union Soviétique », soutient Me Ndiaye.
Un avocat pour assister le gardé à vue
Il arrive qu’on leur immerge la tête dans des bassines d’eau froide, qu’on use de la roulette russe, qui consiste à attacher leurs pieds et à les laisser suspendus en l’air. Pourtant, souligne Me Ndiaye, le Code pénal, les Conventions ratifiées par le Sénégal, notamment celle de 1984, répriment sévèrement ces actes. L’officier de police judiciaire n’est pas obligé d’obtenir des aveux, mais ce qui se passe dans la réalité est tout autre. L’avocat met cela sur le compte du déficit de formation ; ou alors il explique ce phénomène par la pression d’une partie civile, qui a une certaine notoriété. C’est le cas, d’après lui, de Dominique Lopy ; parce que c’est le président du Conseil régional qui avait déposé une plainte contre lui. S’ajoute à ces éléments une loi permissive, qui ne permet pas à l’avocat d’être présent aux premières heures de la garde-à-vue, comme cela se passe dans toutes les démocraties avancées. Plus grave encore, poursuit le patron de l’Ondh, le Sénégal viole ses obligations internationales, en n’instituant pas l’Observateur national des lieux de détention, qui doit faire des tours dans les commissariats, brigades de gendarmerie, maisons d’arrêt… Sur ce volet, il faut dire qu’Oumar Diouf, qui a représenté le Garde des Sceaux lors de la Conférence régionale pour la prévention de la torture en Afrique, qui s’est tenue les 26 et 27 Avril derniers, a donné l’assurance que l’Observateur sera installé au plus tard à la fin de cette année. Au-delà de la nécessaire répression de ces actes, la solution serait de permettre de la personne gardée à vue de se faire assister par un avocat, dès l’effectivité de sa mise à disposition à la justice. Par ailleurs, dès qu’il y a allégation, la Convention de 1984 oblige d’ouvrir une enquête. Celle-ci, fustige Seydi Gassama, directeur d’Amnesty International, conclut souvent à une mort naturelle ou à un suicide. Ce qui laisse souvent sceptiques les familles des victimes et les Organisations de défense des droits de l’homme.
Ce dont il faut se féliciter, note Me Ndiaye, c’est que les citoyens ont de plus en plus conscience de leurs droits de porter en justice ces actes barbares. Récemment, deux gardes pénitentiaires ont été condamnés, pour avoir levé la main sur des détenus à la Mac de Kolda.
H. D. G
DEFINITION
Torture et autres formes de mauvais traitements
L’article 1 de la Convention contre la torture contient une définition de la pratique, mais les autres formes de mauvais traitements ne sont pas expressément définies. Certains éléments sont à noter dans la torture. Le fait d’infliger intentionnellement une douleur ou des souffrances aiguës, physiques ou mentales, l’implication d’un agent de la Fonction publique ou de toute autre personne agissant à titre officiel (directement, à leur instigation ou avec leur consentement exprimé ou tacite).
lasquotidien.info
Ces marques de tortures ne sont rien comparées à ce qui se passe dans nos campagnes. Les policiers et gendarmes régnent en maitres dans les villages et département, ils distribuent des gifles à tout celui qui aura la mal chance de se retrouver en face d’eux, ces gens supposés protéger le peuple ne tiennent même pas compte de la présomption d’innocence. Dans leur excés d’autorité, ils agissent avec une arrogance déconcertante. Dans nos capagnes ils se permettent de tout faire sur le peuple qui ignore tout de ses droits. 80% des gendarmes et policiers dans nos campagnes agissent en grands maitres sans tenir compte du droit des individus. Torturer un vieil homme soupçonné de vole devant ses enfants pour se rendre ensuite compte de l’erreur et cela sans aucune conséquence. Si des controles étaient effectués beaucoup d’hommes de tenue seraient condamnés pour mauvais traitement infligé à des citoyens simplement soupçonnés. Pour les gendarmes pourvu qu’il y ait un résultat la voie à suivre importe peu. Que d’erreurs judiciaires qui passent inaperçu parce que le peuple répond toujours par « C’EST L’OEUVRE DE DIEU » C’est lache de s’en prendre à des gens qui ignorent tout de leurs droits. les vrais professionnels n’ont pas besoin de torturer pour faire aboutir une enquête seule la subtilité de leurs questions donnent des résultats. Il y a de l’abus de pouvoir dans les commissariats et bridgade de gendarmerie et personne n’en parle.
C’est triste d’attendre qu’en ce 21è siècle des tortures de cette nature s’exécutent dans ce pays.Et je pens qu’avec ce régime de dictateurs qui nous dirigent, ceci n’est que la partie visible de l’iceberg.Les organismes de droit de l’homme doivent redoubler d’effort pour mettre fin à ces exactions