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Touba, le défi de la modernité. Par Abou Latif COULIBALY

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Le rappel à Dieu de Serigne Mamadou Lamine Bara Mbacké a provoqué tristesse et émoi dans la communauté mouride et par delà, dans toute la communauté musulmane. Cette disparition concerne, en définitive, tous les Sénégalais en ce sens que le khalife qui est parti est considéré comme un homme de son temps, un acteur politique, quoique continuateur de l’œuvre de son grand père, Cheikh Ahmadou Bamba. Un acteur politique qui a toujours manifesté un souci d’aider à maintenir les grands équilibres sociaux de toute nature qui ont façonné la nation sénégalaise. Au besoin, il cherchera à restaurer ces grands équilibres dès lors qu’ils ont été rompus et menacés dans leur existence. C’est ainsi qu’il faut lire et comprendre son implication dans la recherche de la paix en Casamance et ses appels incessants pour que tous les acteurs de ce pays se retrouvent et se dévouent pour la Nation et la communauté nationale au-delà de leurs divergences idéologiques, conjoncturelles, factices ou réelles.

Un homme de son temps, disons-nous, dont la conduite du magistère qui lui était confié, depuis deux ans et demi, suscite des questionnements de la part de nombreux fidèles mourides qui avaient du mal à comprendre et accepter l’implication, quelque peu ostensible à leurs yeux, de leur guide dans la vie politique. Certains en étaient arrivés à croire, à tort ou à raison, que son rôle et son statut devaient le mettre tout à fait à l’écart des contradictions de la vie politique et de ses aléas.

Autrement dit, les tenants de l’orthodoxie qui doit guider la conduite du khalifat de Serigne Touba ne conçoivent pas que le guide spirituel qui en assume l’exercice fasse dans la modernité qui l’amènerait à concilier deux choses inconciliables : le temporel et le spirituel. Ainsi, la visite de Cheikh Mouhamadou Lamine Bara Fallilou au président de la République, qui s’est déroulée au palais au début du khalifat, a choqué certains fidèles et provoqué des critiques, certes discrètes mais qui n’en étaient pas moins réelles et parfois dures. Le conflit ouvert entre les fils du khalife, se disputant les faveurs du pouvoir et les avantages matériels qui y sont liés ont fini de convaincre les tenants de la ligne dite orthodoxe et même d’autres talibés assez ouverts par rapport à la démarche d’ensemble de Serigne Bara que quelque chose n’allait pas à Touba. Et qu’il fallait à tout prix reprendre les choses en main. Ils en appellent discrètement à la sagesse du khalife, en l’incitant à recadrer tout ce qui se déroulait dans son entourage et concernant directement l’exercice de son magistère. Ils priaient pour que Dieu, le Tout-puissant lui redonne une santé stable et vigoureuse, pour qu’il s’attelle à cette œuvre de rectification. Mais le bon Dieu en aura décidé autrement. Ainsi, le décès de Serigne Bara qui consacre l’avènement de Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké, plus connu sous le nom de Serigne Cheikh Maty Lèye, constitue un espoir sans limite pour de nombreux mourides qui, tout en pleurant le décès de Serigne Bara Mbacké, pensent que le nouveau khalife général est l’homme de la situation. Celui qui va assurer la restauration de l’orthodoxie dans la conduite de Touba.

Le profil du nouveau khalife le prédispose, pensent-ils, à assurer la conduite d’un magistère plus proche des préoccupations des talibés et plus représentatif de la vie d’un soufi qui doit être celle d’un khalife général. Serigne Cheikh Maty Lèye est attendu avec espoir et quiétude, quant à la cohésion de toute la famille de Khadim Rassoul et de l’ensemble de la communauté mouride. Une famille soudée et une communauté solidaire autour des enseignements du guide et de l’ensemble de l’héritage de Cheikh Ahmadou Bamba.

En vérité, la question qui se pose derrière l’idée d’orthodoxie et de modernité dans la conduite du khalifat à Touba est celle de savoir : comment, après la disparition de tous les fils de Serigne Touba, les petits-fils qui n’ont pas de trajectoires identiques à celle de leurs ascendants, trouveront-ils les moyens d’assurer la continuité, tout en préservant l’essentiel dans ce monde en constante évolution ? Un monde qui n’est pas celui du guide fondateur ni celui des descendants au premier degré. Celui des petits fils est trop difficile. Le défi n’est pas mince, il est de taille ! La notion de gestion collégiale du patrimoine mouride qui a fait son apparition dans le discours des petits fils directs et de ceux des grands dignitaires qui ont accompagné Cheikh Ahmadou Bamba est un indicateur significatif qui peut aider à comprendre le futur qui se dessine dans la conduite du khalifat. La question est de savoir si l’organisation traditionnelle qui met en avant un système héréditaire est compatible avec les ambitions affichées à travers le concept de gestion collégiale. L’avenir tranchera cette question. En attendant, les mourides et la quasi-totalité de la communauté musulmane se montrent rassurés par l’avènement de Cheikh Maty Lèye. Ils le sont d’autant plus que les trois prochains khalifes qui doivent lui succéder, si telle est la volonté de Dieu, sont ses petits frères directs, tous des fils de Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké, fils de Cheikh Ahmadou Bamba.

Abou Latif COULIBALY
lagazette.sn

5 Commentaires

  1. Ce n’est pas une bonne analyse. De façon voilée, Latif demande au nouveau khalife de se tenir loin de la politique. Il sait, en effet, qu’un soutien du marabout pourrait profiter à Wade lors des prochaines élections et, c’est connu, Latif utilise tous les moyens pour combattre Wade. Mais, ce n’est pas son rôle de tracer une ligne de conduite pour Serigne Cheikh Maty Lèye Mbacké ou pour n’importe quel autre guide spirituel. Occupe-toi de ton travail et laisse les marabouts faire leurs tâches, Latif!

  2. Analyse superficielle truffee de sournoiseries.Juste pour ta gouverne il n ya pas de dichotomie entre le soufisme et la vie d’ici bas(la politique au sens noble du terme,le social et l’economie)
    Arretes tes insinuations maladroites,tu es trop petit pour determiner entre les petits fils de SE.Touba qui est plus soufi ou je ne sais quoi…
    On comprend ta subtilite intellectuelle qui veuille que tu pretes tes idees au » talibe mouride » en general pour mieux faire passer ton message haineux que tu as tjrs eu a l’encontre de la communaute mouride. bas les masques!

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