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Tourisme “low hanging fruit”. Par Elhadji Abdoul Aziz Guèye

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En ce 27 Septembre 2014, l’Organisation Mondiale du Tourisme, l’OMT,dans le rendez-vous annuel de la célébration de la Journée Mondiale du Tourisme, nous invite à la réflexion à la problèmatique du développement communautaire, vu cette fois-ci sous l’angle du Tourisme.

Pour le Sénégal, pays de tourisme et membre de l’Organisation internationale, la célébration de cette année coincide avec un tournant dans la politique de gouvernance locale: l’actualité étant  alimentée  par les notions de “compétence”, de “prise en charge”, de “développement” entre autres. Une actualité ainsi centrée sur les modalités de mise en oeuvre de la  troisième phase_ plus connue sous l’appellation d’Acte 3_ de la décentralisation administrative et territoriale adoptée récemment.

Et comme pour renforcer la pertinence du thème pour les acteurs du tourisme du Pays de la Téranga, c’est justement le tout nouveau texte, l’Acte 3 de la décentralisation, qui consacre le transfert du domaine “Tourisme” aux collectivités (communautés) locales destinataires du développement communautaire.

A priori, à l’intitulé du thème 2014, il est question de corréler la pratique du Tourisme et l’enjeu de développement de la communauté (rurale?).

Si la notion de développement a pendant longtemps sous-entendu les notions de “croissance” et d’”expansion”, le développement communautaire en revanche, de plus en plus, suscite une remise en question de la notion de “croissance”; les acteurs se faisant la conviction comme quoi  “plus” ne correspond pas forcément avec “mieux”, et qu’on peut valablement faire “bien” avec “moins”, surtout  à un moment ou la notion d’”innovation frugale” est de plus en plus agitée.

Le terme “développement” n’est pas toujours synonyme de “croissance”; cependant il implique toujours le changement. Et c’est bien là ou sont attendus nos élus locaux _surtout ceux dont les territoires ont une vocation touristique avérée_qui, dans la conduite de la gouvernance , sont censés ètre à même de prendre en compte toutes les initiatives et susciter la participation populaire.

Dès lors, s’invoque la notion de “Tourisme communautaire”, une variante de la stratégie touristique définie par l’Administration Nationale du Tourisme en relation avec les acteurs locaux; laquelle variante permettant, au-delà des préoccupations environnementales, de placer le tourisme au centre du développement communautaire.

En matière de Tourisme communautaire cependant, le Sénégal a très tot joué un role de premier plan; dés le milieu des années 70 déjà, un peu plus de dix ans avant l’adoption par l’OMT de la Charte du Tourisme de 1985 et cinq ans avant la Délaration de Manille sur le Tourisme mondial, l’expérience du Tourisme Rural Intégré avait été initiée dans neuf villages de  Casamance.

Pour une fois, avec cette expérience novatrice, le visiteur descendait chez l’habitant et participait à la vie du village dont il prenait part à l’activité quotidienne: travaux champêtres ou purement ménagers, en tous cas tous travaux d’intérêt commun. Le produit des séjours des touristes était gèré par un “Comité de gestion” dont les membres étaient nommés par la communauté, sur une base cosensuelle. Les recettes ainsi génèrées,  tout en assurant une certaine autonomie , permettaient le financement d’équipements ou bâtiments sociaux (école ou dispensaire) ou même d’autres activités.

La pertinence et le bien fondé d’une telle forme de tourisme à l’échelle communautaire n’ont point échappé à l’Organisation Mondiale du Tourisme, OMT, laquelle devait, quelques années plus tard, à l’intention de ses membres, élaborer des programmes comme le STEP (Sustainable Tourism for Eradication of Poverty) visant la promotion de formes de tourisme durable au bénéfice exclusif des communautés.

Un bref retour de trente années en arrière permettrait à l’auteur de cette modeste contribution, alors chef de division à la Délégation Générale au Tourisme, (prédecesseur du Ministère du Tourisme) de  revisiter, quoique virtuellement, ces charmantes localités de Casamance, au nombre de neuf, (9), qui nous sont toujours si chères. Elles ont noms Abéné, Baïla, Elinkine, Enampore, etc.

 

Cette expérience concluante de tourisme communautaire devrait, à toutes fins utiles, faire l’objet d’une évaluation exhaustive, même si plus tard d’autres formes de tourisme en parfaite corrélation avec le développement communautaire ont vu le jour dans d’autres régions du  Sénégal comme le Saint-Louis/Louga au Nord , et les Iles du Delta du Saloum.

Le Tourisme est un “low hanging fruit” pour le Sénégal de manière générale; il peut le demeurer pour chaque localité du Sénégal qui en a la vocation. Tout est question de bonne gouvernance touristique.

Si dans sa pratique initiale le Tourisme Rural Intégré a évolué, il est toujours possible aux localités précitées, quel que soit leur statut actuel octroyé par l’Acte3 de la Décentralisation, de corréler le tourisme à d’autres activités alternatives génératrices de revenus, et perenniser un tourisme communautaire. A l’effet sinon de renforcer leur autosuffisance, au moins d’accroitre leur autonomie.

Je vais recourir à l’ordre alphabétique pour prendre Abéné en exemple, parmi les villages qui ont déjà connu l’expérience du tourisme rural intégré.

Avec l’avènement de l’aire marine protègée , Abéné a vu ses populations initiées à de toutes  nouvelles pratiques culturales.

Il conviendrait de même de sensibiliser les mêmes populations au fait touristique , en ce que, sainement pratiqué, le tourisme peut constituer une force motrice du développement communautaire.

Toujours dans la zone d’Abéné, précisément dans les localités d’Albada et Colomba, la récente initiative de reboiser la mangrove marque une étape importante dans le développement de chaïnes de valeur.        Une fois restaurée en effet, la mangrove constitue l’habitat naturel de grands mammifères, de nombreuses espèces d’oiseaux et d’une importante flore.

Il conviendrait alors pour Abéné d’intégrer le tourisme et cet habitat naturel pour obtenir une forme de tourisme durable de mème nature que celle d’antan.

La mangrove en effet induit deux niches très porteuses de tourisme.

Il s’agit du Tourisme de Vision des grands mammifères et du Tourisme de Bird Watching qui attirent une clientèle de haute contribution.

Abéné, Va bene! pour la perpétuation d’un tourisme au service du développement communautaire.

  Elhadji Abdoul Aziz Guèye                                             

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