Tourisme: Tourisme et Développement rural (Par Elhadji Aziz Gueye)

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Le développement en soi est difficile à définir : un point de vue purement économique veut qu’il soit ce qui permet aux pauvres de sortir de leur pauvreté. Les partisans de cette thèse mettent l’accent sur des indicateurs comme le produit intérieur brut, PIB, et les taux de croissance (?). A cote, d’autres souhaitent le définir en mettant en avant le bien-être individuel par exemple, a cote de la qualité de la vie. En utilisant des indicateurs de sante (mortalité infantile, accès a des soins, a l’eau potable) et d’éducation (niveau moyen d’instruction, aptitude a lire et écrire).
Les Nations Unies font état de ce qui ressemble a une fusion des deux thèses et qu’il est désormais convenu d’appeler l’Index de Développement Humain, IDH, lequel inclut entre autres, le revenu, la fréquentation scolaire, les infrastructures de base, l’espérance de vie, etc.

Dans tous les cas, la finalité du développement demeure l’assurance d’un niveau de vie décent a toutes les communautés, quel que soit l’espace ou elles évoluent. Sont ainsi prises en compte aussi bien les zones rurales que les zones (péri) urbaines.
Des lors, le thème de la Journée Mondiale pose un questionnement a deux volets:
_le milieu rural est-il indique pour être le réceptacle d’un tourisme viable?
_quel peut être l’impact de l’activité touristique sur le milieu (physique et humain) rural?
Le caractère fondamentalement complexe du tourisme fait qu’il serait hasardeux de tenter une réponse tranchée.

Ce qui est constant, c’est que les pays d’Afrique de l’Ouest qui s’ouvraient au tourisme international à partir des années 1965, de prime abord, ont été mus par un réflexe optimiste, voire euphorique.
Alors, le tourisme était généralement perçu comme étant un puissant facteur de développement.
Et promu avec moultes investissements lourds.
Le Ministre du Tourisme de la Cote d’Ivoire, (la Cote d’ivoire justement que nous saluons, pour avoir été désignée par l’OMT pays hôte de la célébration de 2020), Monsieur Mathieu Ekra, disait que « le tourisme peut…apparaitre comme une entreprise, la première sans doute, de redistribution des richesses mondiales, les nantis visitant les pays pauvres pour leur plaisir mais créant a cette occasion des emplois, une activité, des ressources, la ou il n’y avait que le sable, le soleil et la brousse disponibles». C’était a l’inauguration du Club Méditerranée d’Assinie, en 1972.

Aujourd’hui, le constat est qu’au même titre que la circulation rapide des biens, des données et des services, le tourisme international constitue une marque tangible de la mondialisation. Et de facto, avec 7% des exportations, un levier important du commerce international. A en croire l’Organisation Mondiale du Tourisme, OMT, qui reprend la Banque Mondiale, il représente 10% du PIB mondial, procure des millions d’emplois_un sur dix_, engendre des dépenses atteignant 1,45 trillion de dollars US. S’y ajoute le dernier décompte d’un milliard et demi d’arrivées de touristes aux frontières internationales.

A la «périphérie du plaisir», le tourisme a été promu en milieu rural aussi. Avec des fortunes diverses certes, mais surtout avec des expériences différentes, même au sein d’un même pays.
Ainsi, quand il s’agit de parler de l’apport ou du rôle du tourisme dans le développement des zones rurales d’une destination donnée, le bilan, naturellement, ne peut pas être uniforme. Le milieu rural est en effet le lieu de plusieurs écosystèmes différents, ou vivent des populations aux traditions et mœurs pas forcement similaires, n’ayant pas toujours la même perception du tourisme, et ou se pratiquent différentes formes de tourisme : vision, découverte, écotourisme, etc.

Malgré tout, le Sénégal, très tôt dès les années 70, s’était engagé dans le développement et la promotion d’un tourisme rural de type nouveau.
Neuf villages de Casamance, parmi lesquels Abene, Affiniam,Baila, Elinkine et Enampore, furent choisis pour expérimenter des campements de « tourisme rural integre ».
La gestion democratique des campements, l’originalite dans l’accuei du touriste qui participait a la vie du village en prenant part aux travaux domestiques et champêtres, entre autres, en ont fait un bel exemple de tourisme durable avant la lettre. C’était aussi un bon exemple de bonne gouvernance et de leadership.
Le succès du tourisme rural intégré, initie et promu par la Délégation Générale au Tourisme, s’exporta, et des acteurs africains du tourisme nous venaient d’aussi loin que l’Afrique Centrale, pour s’imprégner de l’expérience sénégalaise. Parallèlement, la même Délégation Générale organisait les rallyes-découvertes a l’intention de nous autres agents du tourisme. Le but était la découverte du Sénégal des profondeurs. Pour être plus à même de vendre la destination.

Avec le recul, il est heureux de réaliser que le binôme «rural/intégré» recouvre la même réalité que chacun des concepts de tourisme «responsable», «solidaire», «durable»… que l’OMT n’a commencé a vulgariser que dans le sillage de la Conférence de Manille tenue en 1980, bien des années après le démarrage du tourisme rural intégré.
En plus, le milieu rural sénégalais abrite des parcs nationaux et des réserves, et de plus en plus des aires marines protégées, autant de lieux de pratique de l’écotourisme, que d’aucuns considèrent comme l’avenir du secteur.

Nous ne sommes pas loin de penser qu’au Sénégal, pour répéter une formule très usitée, du tourisme rural, nous tirons «un bilan globalement positif».

Nous voici maintenant en pleine pandémie de COVID19, avec une crise sanitaire et économique sans précèdent
Désormais, tout le monde du tourisme est dans l’expectative.
Pendant beaucoup scrutent encore l’horizon, cherchant une éclaircie pour le moment invisible, les acteurs du tourisme rural font face a un double défi a relever, dicte a la fois par la Covid19, et par l’état du foncier objet de moultes litiges.
Le règlement desdits litiges, et a terme l’avènement d’une décentralisation effective préalable a une gestion autonome des collectivités rurales, devraient permettre a ces dernières de pouvoir définir et mettre en œuvre des stratégies durables de promotion de leurs produits.
De toutes façons, les sites ruraux se trouvent désormais être en ligne de mire, puisque le tourisme domestique est considéré comme susceptible d’être la panacée pour remplacer le tourisme international, victime la plus meurtrie de la COVID19.
Ce qui n’est pas évident parce que pour la demande de tourisme domestique, dans la plupart des cas, il n’est pas nécessaire d’avoir un intermédiaire, ce qui occasionne une rupture dans la chaine classique de distribution. Tout au plus, le tourisme domestique peut faire appel au service de restauration.
Et encore.
Même si avec le client domestique on parvient a négocier l’hébergement, quid de l’artisanat?
Le tourisme domestique ne peut pas remplacer le tourisme international. Or les touristes internationaux sont de plus en plus encourages a rester chez eux. Jusqu’à quand ? Dieu seul le sait. Et le bilan est déjà très lourd, de mévente de l’artisanat, des fermetures d’établissements et des licenciements massifs.
A ce jour, personne ne peut dire quand cette crise mondiale se terminera. D’où la nécessaire reconversion à opérer par tous les acteurs.
Dans une contribution antérieure, nous suggérions de nous ouvrir de plus en plus au marché africain, en tirant le meilleur profit des outils que nous procurent les institutions régionales, l’UEMOA par le Commissariat au Tourisme, et la CEDEAO avec sa Division Tourisme.
En même temps nous préconisions la migration des acteurs du tourisme vers le numérique.
Autant de méthodes pour décrocher, sinon la totalité, au moins des segments entiers de ce même marche africain qui renforcerait le marché domestique.
Illico presto!
L’avenir du tourisme dans nos pays d’Afrique n’attendra pas demain.

Elhadji Aziz Gueye.

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