Un tournoi de lutte a été organisé, avant-hier, à la Maison d’arrêt de Rebeus, en présence de Gouy-gui. Parmi les spectateurs, l’ex directeur de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser), Modibo Diop.Un quartier, deux mondes. Tout près de la porte d’entrée de la Maison d’arrêt de Rebeus, règne un calme plat perturbé de temps en autres par le bruit des enfants qui jouent et courent dans tous les sens.
Des personnes qui viennent rendre visite à des proches défilent à l’entrée, avec souvent un bol ou un emballage à la main, sous le regard des quelques habitants installés devant chez eux. L’atmosphère est détendue et chacun vaque à ses besoins. En toute liberté ! Mais une fois le seuil de l’entrée de la prison franchie, le visiteur plonge dans une autre vie, où ses moindres gestes et actions sont contrôlés. À une trentaine de mètres près, ce dernier doit franchir une autre porte. C’est ici qu’il laisse tous ses objets : téléphone portable, enregistreur, appareil photo, etc. Et reçoit en retour un « Laissez-passer » numéroté qui doit lui permettre de continuer son chemin. Gare à celui qui perd le sien ! « Veillez bien à ne pas perdre votre badge. Vous ne sortirez pas d’ici sans l’avoir montré », avertit le garde en pointe. Il faut encore franchir deux portes pour arriver à la cour de la prison, transformée le temps d’un après midi en arène.
L’espace est noir de monde, avec d’un côté des détenus, et de l’autre les membres de l’administration pénitentiaire et des invités. Ces derniers sont facilement reconnaissables avec les « laissez-passer » qu’ils portent sur la poitrine. Des gardes armés de fusil sont perchés sur les murs, en plus de ceux qui sont dans les miradors.
Amateur de prestige
L’air décontracté et le chapelet en main, l’ancien directeur de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser) s’est fondu dans la masse des spectateurs. Sous la tente où il est assis, Modibo Diop regarde avec passion ses camarades de détenus s’affronter dans des combats de lutte. Il semble en bonne forme, malgré l’absence du lointain luxe de son bureau de l’ex Camp Lat Dior. Pendant ce temps, les festivités vont bon train et les lutteurs de circonstance assurent le spectacle. Des gris gris, du « safara » (eau bénite), des « bakk », des accompagnateurs (soukh), de la danse, rien n’est négligé. Même le « sekki » est au rendez-vous. Et pour mieux offrir un spectacle original à la population carcérale, des chants sérères sont passés en continu par l’animateurL’ambiance est à son paroxysme.
Gouy-Gui en Guest star
Tout d’un coup, un invité de marque est annoncé. Accompagné de quelques amis à la corpulence remarquable, Gouy-Gui fait son apparition, sous les cris d’admiration et les applaudissements de la foule. Un Espagnol et un Turc ouvrent les hostilités. Profitant d’un faux pas de son adversaire, le premier est déclaré vainqueur. Une dizaine de combats opposent par la suite les athlètes répartis en deux catégories, les légers et les lourds. Chaque vainqueur est récompensé d’un sac de riz de 50 kg et d’un maillot, les autres participants des sacs de biscuits, du sucre et des boîtes de thé. Cette manifestation entre dans le cadre des activités du service socio culturel de la Maison d’arrêt de Rebeus. « Avec le sport, on parvient à tempérer les ardeurs et à préparer le détenu à la réinsertion sociale », informe le directeur de celle-ci, Emmanuel Salif Ngom. Qui ajoute : « tous les trois mois, nous organisons ce championnat pour promouvoir le sport qui est un facteur important qui occupe le détenu et maintient sa santé. C’est aussi un facteur fédérateur qui crée un climat de paix et d’entente au sein de la population carcérale ».
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