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« Tous les hommes sont mortels »

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« Tous les hommes sont mortels », ce titre de l’un des romans de Simone de Beauvoir publié en 1946 doit habiter nos esprits en ces temps qui courent. 1946, le monde venait de sortir de l’une de ces nuits les plus noires de son histoire à cause de l’aveuglement de certains despotes qui espéraient pouvoir imposer leur dictat au monde entier.

A la tête de cette bande de dictateurs se trouvait un certain Führer et chancelier nazi nommé Adolphe Hitler. Il n’aimait pas le marxisme. Tout ce qu’il n’aimait pas devait disparaître selon sa vision des choses. Alors, tout ce qui touchait au Marxisme devait périr. Il n’aimait pas le juif. Dans sa tête de gangster, le nazisme, compris sous l’acceptation hitlérienne, n’avait rien de mal, c’est le juif qui ne devait pas exister. Il aimait la xénophobie. Donc, les peuples qu’il considérait comme inférieurs devaient disparaître ou se mettre à genoux devant lui. C’était le cas des Slaves, des Tsiganes etc. Il aimait l’expansionnisme. Et voilà, en 1942, le Führer avait réussi à annexer une grande partie de l’Europe et de l’Afrique. Le NSDAP, son parti, avait réussi entre 1928 et 1932 à se hisser au sommet de l’Etat Allemand en exploitant la crise de l’époque. En 1944, face à la défaite qui s’annonçait de plus en plus, il avait échappé à l’attentat du groupe d’officier du colonel Von Stauffenberg mais fini par se suicider le 30 avril 1945. Triste fin pour cet homme qui se prenait pour le centre du monde.

« Tous les hommes sont mortels. » Cette vérité s’est appliquée à ces collègues Benito Mussolini de l’Italie, Antonio de Oliveira Salazar du Portugal, Jozef Klemens Pilsudski de la Pologne.

« Tous les hommes sont mortels.» D’autres leaders qui se prenaient pour des demi-dieux tels que Mobutu Sese Seko, François Duvalier, Baby Doc, Jean–Bedel Bokassa, pour n’en citer que ceux là, connurent tous des fins de règne tristes.

Qu’est-ce qui explique le comportement de ces héritiers de T. Larcius (501 av J.C) et de Jules César se proclamant dictateur à vie, un mois avant sa mort en 44 av J.C ? Pourquoi installe-t-on ce type de régime dans un pays ? Est-il normal qu’un homme (ou un groupe d’hommes) se maintient au pouvoir en usant de l’arme de la violence sous toutes ses formes, de la manipulation injuste des institutions républicaines, des médias favorables à l’Etat comme des instruments de propagande, de l’argent du contribuable comme moyen de corruption et d’achat des consciences, y compris celles de certains religieux et intellectuels ? Cette catégorie d’intellectuels accepte, pour des strapontins, de se rabaisser au rang de véritables griots de la cour, de lèches bottes sans scrupule.

Incapables de trouver des solutions aux crises économiques et sociales et aux antagonismes qui en découlent, aux conséquences néfastes comme l’insécurité, la santé publique défectueuse, l’éducation décadente, le chômage, la faim et la soif, etc. ces esprits limités invoquent, dans leurs rapports avec tous ceux qui ont des idées contraires aux leurs cette fameuse phrase de l’autre: « Qui n’est pas avec moi est contre moi. »

Et c’est parti pour des jours, des mois, des années de brimades et de privations de liberté. Le peuple est séquestré dans une pensée unique, celle du maître. Tout le monde doit se soumettre et dire en tout moment et en tout lieu « Selon la vision du maître ». Celui qui n’appartient pas au groupe du maître, n’appartient pas à la nation ou ne l’est que de façon virtuelle.

Il vote, vivote, vadrouille et trime pour que ceux du groupe du maître s’habillent bien, mangent bien, dorment bien, se soignent bien, s’éduquent bien, voyagent bien, etc. Il trime et n’a point le droit d’user de la critique, cette voie par où, chacun peut participer librement et pleinement, dans un Etat normal, à l’émergence d’un avenir meilleur, sous peine de recevoir les foudres d’un légiste zélé. Il est confiné dans un rôle dégradant de subordination. Aux élus les merveilles, aux électeurs les mirages !

Le groupe du maître limite et réglemente l’expression de la pensée en utilisant la censure sous ses formes les plus primitives. Des délits, dont la majeure partie n’a ni un élément légal fiable, ni un élément matériel palpable, ni un élément intentionnel sérieux, s’accumulent dans leur livre de chevet. C’est le règne de la terreur pour se protéger eux mêmes. Un changement de régime, dans ce genre de situation, correspond chez eux à une descente aux enfers. Ne jamais subir le revers de la médaille ; et pour cela, il faut rester coûte que coûte aux commandes, quitte à le faire en bafouant les droits de leurs concitoyens. Savent-ils que même Staline n’est plus? « Tous les hommes sont mortels. »

Dans la société athénienne du IVe siècle, Socrate fut condamné à boire la ciguë pour avoir refusé de croire à l’idée reçue selon laquelle les astres ont un caractère divin et mystérieux. Anaxagore et Protagoras eux furent condamné à l’exil pour délit d’opinion dans leur volonté d’être maître de leur pensée. Des tribunaux spéciaux appelés tribunaux inquisitoriaux du XIII e siècle, au « privilège du roi » institué par Richelieu en 1629 et délivré par les services du garde des sceaux et sans lequel aucun livre ne pouvait paraître, la volonté de nos leaders d’éloigner des esprits tout ce qui ne vote pas en leur faveur personnelle est sans limite ni pitié. Et certains commis de la « Justice » s’y mettent en proférant de temps à autre des menaces à l’encontre des citoyens désireux d’exercer leur liberté d’opinion. Quelle hérésie !

Au moment où, grâce à la Révolution de l’Internet, le périmètre des échanges couvre le globe, comment comprendre cette démarche censurant de ces autorités atypiques? Savent-ils que leur peuple n’a pas besoin qu’ils transforment son pays en un Etat policier avec des pratiques liberticides? A ce type d’autorité, nous disons : par décence : cessez vos agissements qui ne vous honorent nullement. Essayez de convaincre votre peuple, en trouvant des solutions à ses difficultés ! Les menaces et autres invectives vous enlaidissent. Vous lui faites honte.

De grâce, pensons tous qu’un jour, nous allons mourir et que nous répondrons devant Dieu de nos moindres faits et gestes. Aidons nos leaders à rejeter toutes ces méchancetés gratuites vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas leur point de vue. Refusons de faire de l’hypocrisie un gagne pain quotidien ! Soyons plus regardant sur nos propos et pratiques au quotidien. Occupons-nous à résoudre les problèmes socioéconomiques de nos pays, au lieu de passer tout notre temps à chercher le moindre pou dans les cheveux de l’adversaire politique du moment.

Quand le bail avec le peuple est fini, respectons les règles démocratiques préétablies, et par décence, mettons au point les conditions nous permettant de sortir par la grande porte.

« Tous les hommes sont mortels. » Pensons-y !

Tafsir Ndické DIEYE
Poète – Romancier – Chroniqueur
Parrain du Festival « Palabres poétiques de Lyon »
au Printemps des poètes en France.
Lauréat du Trophée d’honneur 2017 offert par le
Consortium des Organisations pour la Solidarité Issue des Migrations (COSIM) AUVERGNE RHÔNE ALPES.

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