Traitements des anciens présidents de la République, premiers ministres, présidents de conseil : Avantages indus ou indécents

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XALIMANEWS: Le Sénégal figure sur la liste peu enviable des pays pauvres très endettés (PPTE) selon les statistiques de la Banque mondiale (BM). Pour autant, il ne se gêne guère quand il s’agit d’octroyer un traitement dispendieux aux anciens présidents de ses institutions. Alors qu’on n’a pas fini d’épiloguer sur le décret N°2020-964 «instituant un honorariat pour les anciens présidents du Conseil économique, social et environnemental (CESE)», «La Lettre Quotidienne» et le quotidien «La Tribune» annoncent que les anciens Chefs de gouvernement devraient être gratifiés d’un salaire mensuel de 10 millions FCFA. A cette liste s’ajoute le traitement princier déjà réservé aux anciens Chefs d’Etat.

10 millions de F CFA de salaire mensuel pour les anciens Premiers ministres du Sénégal ! L’annonce a affolé la toile. Mais, il n’y a eu aucun démenti officiel de l’Etat. Or, qui ne dit mot consent ! Quant aux intéressés, dont certains sont pourtant prompts à tirer sur tout ce qui bouge, on préfère s’emmurer dans un silence bruissant de paroles.

WADE ET DIOUF MIEUX SERVIS QUE SARKOZY ET CIE

Le 9 décembre 2014, rappelle-t-on, les Sénégalais ne croyaient pas à leurs yeux quand le décret numéro 2013-125 attribuant à tout ancien Chef de l’Etat plus de 10 millions par mois, a été rendu public. Dans un communiqué publié par les services de presse de la Présidence de la République, il est ainsi indiqué que l’Etat du Sénégal respecte les dispositions réglementaires qui fixent la dotation des anciens Présidents de la République. Ainsi, le décret numéro 2013- 125 attribue à tout ancien Chef de l’Etat un traitement mensuel de 5 000 000 francs CFA, en plus de l’octroi d’une assurance maladie étendue au conjoint, de deux véhicules, d’un téléphone fixe, d’un logement et du mobilier d’ameublement. En cas de renoncement au logement affecté, tout ancien Président de la République perçoit une indemnité compensatrice d’un montant mensuel net de 4 500 000 francs CFA.

L’Etat du Sénégal prend également en charge à hauteur de 40 000 000 francs CFA, par an, le coût des billets d’avions de chaque ancien Président de la République et de son (ses) conjoint(s).Tout ancien Chef de l’Etat qui décide de s’établir hors du Sénégal (ce qui est le cas pour tous nos anciens Chefs d’Etat) peut s’attacher les services de quatre collaborateurs de son choix. Ces derniers sont rémunérés dans les mêmes conditions que les personnels affectés dans les postes diplomatiques et consulaires du Sénégal.

Enfin, s’agissant des personnels mis à la disposition de tout ancien Président de la République, l’Etat fournit les catégories suivantes: un aide de camp dont le grade n’est pas supérieur à celui de Commandant et qui remplit sa mission exclusivement à l’intérieur du territoire national ; des gendarmes pour assurer la protection du logement ; deux agents de sécurité pour assurer la protection de sa personne ; un agent du protocole ; deux assistants ; un standardiste ; un cuisinier ; une lingère ; un jardinier ; deux chauffeurs. Pis, précise l’édit, l’application de ces dispositions ne souffre d’aucune restriction. Une pension de retraite supérieure à celle que perçoivent les anciens chefs d’Etat français, qui reçoivent 6000 euros par mois soit 3.935.742 F CFA.

HONNEUR, HONNEURS ET HONORAIRES DES PRÉSIDENTS DE CONSEIL

Le jeudi 14 mai 2020, une vive polémique s’était aussi emparée du Sénégal. Là également, c’était une affaire d’argent qui était au cœur de l’Etat. Il s’agissait de la signature, par le Président de la République, d’un décret «instituant un honorariat pour les anciens présidents du Conseil économique, social et environnemental (CESE)». La toile avait à l’époque largué les amarres, pour répandre toutes voiles dehors, une rumeur qui va devenir, comme celle relative aux anciens Premiers ministres, tout de suite virale. Les communicants du Palais qui avaient tenté de démentir le faux-vrai décret, ne s’en sortiront pas indemnes.

En témoigne l’énumération des avantages liés à ce que l’usage consacre comme la jouissance d’une «qualité ou d’une dignité par une personne qui conserve son titre après avoir cessé d’exercer la fonction» : indemnité de représentation (4 millions et demi net par mois), un véhicule de fonction avec macaron (laisser-passer permanent), un chauffeur particulier, une dotation mensuelle de carburant de 500 litres et un agent de sécurité rapproché, égards protocolaires, en cas de participation à des cérémonies officielles. A noter que l’honorariat est courant chez les militaires, avocats, et dans les universités (honoris causa), sans toutefois entraîner des avantages et des privilèges autres que protocolaires, et … honorifiques.

ET MAINTENANT LES ANCIENS PREMIERS MINISTRES EN ATTENDANT LES PRÉSIDENTS DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE, DU SÉNAT ET/OU HAUT CONSEIL DES COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

Après les anciens Chefs de l’Etat, les anciens présidents des Conseils économiques, ce serait autour des Chefs de Gouvernement de prendre leur part du gâteau. Selon «La Lettre Quotidienne» et le quotidien «La Tribune» les anciens Premiers ministres devraient être gratifiés d’un salaire mensuel de 10 millions FCFA. La gravité de l’information en cette période de récession économique dictée par la covid-19, en témoignent les émeutes de la faim les 3, 4 et 5 mars derniers, devrait, si elle est fausse, être démentie. Hélas ! Reste maintenant à savoir si les largesses de l’Etat devraient s’arrêter aux anciens présidents de la République, anciens présidents du Conseil économiques et autres anciens Premiers ministres. Quid des anciens Présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat et/ou présidents du Haut Conseil des Collectivités Territoriales ? Quant à la population, elle peut légitimement se demander pourquoi, au moment où la nation entière vit dans l’angoisse, la précarité voire la pénurie, l’Etat qui fait appel à la générosité et à la solidarité de tous et de toutes se risquerait-il à accorder de tels privilèges et avantages à des personnalités présumées à l’abri du besoin ? Qui a dit que le Sénégal est un pays de paradoxes ?

3 Commentaires

  1. La pandémie a fait reculer notre taux de croissance de façon drastique, au bord de la récession. Nos finances publiques sont exsangues. Et paradoxalement, avec incongruité et étonnement , on s’obstine dans la fuite en avant dans une conjoncture morose dans l’octroi d’avantages en nature et pécuniaires iniques et abusifs au bénéfice de la gente la plus nantie de la société alors que de toutes parts dans la société la pauvreté et le chômage sévissent avec rare dureté. Il faut s’efforcer tant soi peu à gouverner avec discernement, conscience, justice et équité Une telle mesure est fondamentalement inadéquatement inappropriée

  2. Faudrait-il que je mette une croix sur ce pays appelé senegal pour arrêter de souffrir et d’avoir en tout temps mal au coeur au point de vomir. J’ai l’impression que toutes les portes de secours se ferment les unes après les autres et il ne reste qu’un seul choix abandonner pour mourir calciné à l’image de ces bébés négligés et consumés dans un service de néonatalogie. Je ne peux pas croire que des senegalais, de surcroît un gouvernement et un président qui signe des décrets puissent avoir autant de mépris pour leur peuple en s’accaparant de tous les biens de ce pays qu’ils se partagent en famille, entre amis politiciens, entre camarades de partis ou entre alliés politiques tout regardant son peuple mourir de faim, de soif, de manque de soins de santé, d’ignorance et de désoeuvrement. Triste et écoeurant, les mots me manquent.

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