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Transmission de pouvoir : Indécent, rien que d’y penser !

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Il n’est plus question aujourd’hui que de dévolution successorale dans notre pays. Certaines rumeurs prêteraient au Président Wade l’intention de laisser sa place à son fils. ImageIl n’est plus question aujourd’hui que de dévolution successorale dans notre pays. Certaines rumeurs prêteraient au Président Wade l’intention de laisser sa place à son fils. Un rêve -ajoute t-on-, qu’il a commencé à caresser depuis, et auquel il semble croire de plus en plus. Certains analystes vont fouiller jusque dans les actes au quotidien et les mots du Président, pour étayer leur thèse, celle-ci étant largement et abondamment relayée par la presse nationale, écrite comme parlée, et même plus récemment par certaines sources étrangères.
Un tel projet prêté à un homme qui aura tant fait pour ajouter à l’instauration de la démocratie dans notre pays, me semble a priori fort surprenant. Pour qui veut être objectif, il suffit de jeter un regard derrière nous pour se convaincre que bien des avancées démocratiques sont liées à la lutte menée par maître Wade, fortement soutenue bien entendu par les populations. Cela serait donc a priori fort surprenant. Mais a priori seulement. Car on le sait, le pouvoir corrompt. Avec le temps, il peut nous faire apparaître  pour ce que nous ne sommes pas, surtout dans nos démocraties à l’africaine, dans lesquelles nos textes et lois sont conçus et établis de manière telle que rien ne semble pouvoir résister à la volonté de celui qui détient le pouvoir. Au pire, le pouvoir peut rendre paranoïaque, – surestimation de soi et méfiance maladive -, avec tout ce qu’un tel état d’esprit peut entraîner dans nos comportements. Ainsi, dans notre continent, l’Histoire, lointaine comme récente, est malheureusement riche en exemples d’opposants aux nobles habits de démocrates, et qui se sont métamorphosés en vrais despotes, une fois le pouvoir obtenu.
Ce que personne n’ignore, c’est que l’Alternance survenue en 2000 fut une victoire collective. Souvenons-nous de l’atmosphère fiévreuse et pathétique de ces fameuses campagnes électorales et de ce slogan sorti de la poitrine de ces milliers de jeunes pleins de détermination et  d’espoir : «L’Alternance ou la mort !» C’est ainsi que le pouvoir a été arraché à Diouf par une forte majorité populaire, et que maître Wade en a hérité.
Mais après 10 années d’Alternance, cette victoire collective est devenue avec le jeu des discours politiciens et du dithyrambe opportuniste, la victoire d’un seul homme. Quelle hérésie ! Quelle outrecuidance ! En tout cas, le visage politique offert par notre pays en 2000 est devenu méconnaissable. Le bloc victorieux s’est disloqué, les alliés de Wade d’hier sont devenus dans leur grande majorité ses adversaires sur l’échiquier politique, et les électeurs qui avaient confié le pouvoir à une coalition unie, se retrouvent aujourd’hui avec un parti qui gouverne tout seul.
Beaucoup d’analystes expliquent ainsi les maladresses et les échecs, les dérives et les scandales qui jalonnent le cours de l’Alternance, comme étant les conséquences d’un tel détournement qui a laissé sur la touche tout un capital d’expériences, et pire, ils voient dans le rêve de dévolution successorale prêté à Wade une autre conséquence d’un pouvoir quasi absolu.
Ont-ils tort pour ce dernier grief ? On ne sait pas. L’avenir proche nous édifiera à coup sûr… Mais rumeur ou réalité, lorsque l’on se souvient des conditions si propres et si saines dans lesquelles les populations se sont battues pour arracher le pouvoir à Diouf et le confier à Wade, quelle indécence, que de penser qu’un tel scénario peut être imposé aux Sénégalais ! Quelle indécence, quelle insulte que de croire en l’état actuel de notre démocratie, qu’un certain article 35, quelle que soit la  forme qu’il puisse revêtir, puisse revenir pour nous être imposé, que quelque subterfuge, quelque manipulation de quelque nature qu’ils soient, puissent permettre à un Président quel qu’il soit, de nous choisir un successeur quel qu’il soit. A commencer par ses propres enfants, dont on dit qu’ils sont des citoyens comme les autres. Ce qui est faux. Un fils de Président n’est jamais un citoyen comme les autres, surtout chez nous, sous les cieux d’Afrique. Mais ceci est un autre débat… Mais surtout, que de risques, quelle imprudence que de vouloir taquiner le diable ! Et que l’on ne vienne pas nous faire sourire en nous servant sur la table les exemples survenus dans la sous-région. Il faut savoir comparer ce qui est comparable. Mais même dans nos villages, cela ne se passe plus ainsi.
Ce que je sais, c’est que la majorité silencieuse, celle des électeurs est toujours là, toujours aussi silencieuse, et qui attend patiemment le moment de décider elle-même de son propre avenir. Et quand la majorité silencieuse décide de se départir de son silence, rien ne peut l’empêcher de se frayer la voie pour imposer sa propre voix.
Alioune Badara SECK – Enseignant – Auteur

lequotidien.sn

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