Menacé d’implosion par une guéguerre diffuse de succession, miné par l’émergence de courants de réflexion qui sapent son unité interne, quasiment sevré par son chef historique Abdoulaye Wade au lendemain de la présidentielle, le Pds vit difficilement son retour dans l’opposition. D’autant que les défections se font au pas forcé vers le nouveau parti au pouvoir (Apr) et que les partis-satellites sortis des flancs de la formation libérale, après la déroute de mars 2012, à l’instar de Bokk Gis Gis de Pape Diop et de l’UCS d’Abdoulaye Baldé, s’engouffrent de plus en plus dans la brèche pour rallier les militants libéraux. Et pour ne rien arranger, l’enclenchement de la machine judiciaire contre la prédation des deniers publics et les biens mal acquis, qui envoie au quotidien des dignitaires libéraux devant les enquêteurs (gendarmerie et DIC), et même en prison, est en passe de saper le moral des troupes. Comme si une tentative générale de liquidation du parti de Me Wade était en cours !
Le Parti démocratique sénégalais qui a régné sans partage au Sénégal, de 2000 à 2012, survivra comme premier parti de l’opposition politique après les Locales de 2014 ? En perspective de ces prochaines joutes devant plus ou moins confirmer ou infirmer la reconfiguration du paysage politique constatée au Sénégal, au lendemain de la dernière présidentielle et des législatives de juillet, la question mérite bien d’être posée au regard de l’effritement qui gagne de plus en plus la formation libérale après ses déconvenues électorales de 2012. Pour bien de raisons, force est d’admettre que le parti porté sur les fonts baptismaux en 1974, par Me Abdoulaye Wade, vit difficilement son retour dans l’opposition après avoir été désavoué par l’électorat sénégalais. L’ancien tout puissant parti régnant se retrouve de fait au bord du gouffre en subissant, au contact des réalités de la perte du pouvoir, des contrecoups qui rognent au quotidien son poids électoral. Fragilisé, en perte de repères depuis son retour dans l’opposition, le parti ne survit que par le biais des réunions de son comité directeur, voire par les sorties médiatiques au vitriol de ses responsables politiques pour dénoncer les convocations devant la gendarmerie ou la police (Colobane et Dic), déclenchées dans le cadre de la traque des biens mal acquis.
Consécutif à la perte du pouvoir, ce processus de délitation du Pds a été tout d’abord occasionné par la création de la coalition Bokk Gis Gis de Pape Diop, l’ancien Président du défunt Sénat. Dans la foulée de la liste de députation du Pds, lors des législatives de juillet dernier, beaucoup de responsables politiques et non des moindres (Mamadou Seck, ancien président de l’Assemblée et maire de Bargny, Abdoulaye Baldé, maire de Ziguinchor, feu Ousmane Masseck Ndiaye, président du Conseil économique et social, les ministres Bécaye Diop, Thierno Lô et moult députés comme sénateurs libéraux) avaient choisi d’accompagner Pape Diop dans cette nouvelle coalition sortie des flancs du Pds, en réaction aux investitures « encadrées » par Me Wade. Cette « sédition » avait fortement fragilisé la formation libérale. De 131 députés lors de la 11ème législature (2007-2012), le nombre de parlementaires du Pds (défalqué de ses soutiens et alliés) était tombé à une douzaine. Dans ce contexte de déliquescence de la formation politique, certains responsables libéraux n’ont pas demandé leur reste pour s’engager dans une course, à pas cadencés, de transhumance vers les prairies « apéristes ».
Histoire de se forger une nouvelle virginité politique en se disant certainement que « les Sénégalais ont la mémoire courte », voire de se mettre à disposition pour récolter, dans un avenir plus ou moins chronométré, quelques miettes dans le partage en cours du gâteau présidentiel. L’exemple de Mary Teuw Niane, ministre de l’Enseignement et transfuge silencieux du Pds à l’issue des joutes de 2012 semble assez significatif à ce niveau. Les défections de responsables qui quittent la barque libérale, depuis la défaite de 2012, font florès. Toutefois, si certains comme l’ex-député Malick Guèye n’ont eu besoin que d’un meeting pour poser armes et bagages à l’Apr, d’autres créent par contre des mouvements citoyens (Agir autrement de Khoureychi Thiam) ou politiques (Elan de Sitor Ndour), dans l’attente d’un quelconque clin d’œil beige-marron (couleur du parti de Macky) pour sceller « l’union sacrée ». Même si les portes de l’Apr ne sont pas encore toutes ouvertes, en raison du caractère pour le moment réfractaire des militants, il n’est pas exclu que Macky ait à recourir, dans le cadre de la nécessaire massification de son parti, à ces « demi-frères », quoique leur capacité de mobilisation soit amoindrie. Question de real politik !
SEVRAGE DE ME WADE : «GUEGUERRE» DE SUCCESSION
L’absence d’Abdoulaye Wade qui se repaît en France depuis les législatives semble une autre donne et non une moindre qui aurait contribué à l’émiettement du Pds. Selon des observateurs de la scène politique, le sevrage quasiment brutal de la formation libérale par le « Pape du Sopi » a non désorienté les militants mais encore réveillé les contradictions internes entre pontes libéraux. C’est dans ce sens, notent-ils, qu’ils faut inscrire l’émergence effrénée de courants de pensée au sein du Pds. « Fidélité- Kolléré » de Serigne Mbacké Ndiaye, « Fidèle à la pensée d’Abdoulaye Wade» d’Aliou Sow : des courants récusés par le comité directeur du Pds et qui démontrent à quel point les divergences sont profondes au sein de la formation libérale. Ces dissensions qui écornent le poids d’un parti ressemblant de plus en plus à une armée mexicaine se feront plus précises avec la guéguerre diffuse de succession qui pointe le nez au Pds, avec le retrait supposé de Me Wade du secrétariat général national. Oumar Sarr, le coordonnateur national nommé par Abdoulaye Wade, après la défaite de la présidentielle, ne semblant pas faire le poids, selon des esprits avisés, certains responsables parviennent difficilement à cacher leur intention de prendre possession du parti. Souleymane Ndéné Ndiaye ne passera pas, lui, par quatre chemins pour proclamer ouvertement sa candidature à la présidentielle de 2017.
BIENS MAL ACQUIS : SALE TEMPS POUR LE PDS !
La dernière donne qui menace d’émietter davantage le Pds, voire même d’imploser le parti libéral, est enfin la traque des biens mal acquis. Malgré la relative union des forces manifestée par le Pds devant les convocations de certains de ses responsables par la police et la gendarmerie, des analystes notent que les fissures seraient en train d’aller en crescendo. Et pour cause, prétendent ces chapelles, les coups de boutoir portés par les services de dame Justice contre les dignitaires libéraux tendent à fragiliser fortement le Pds. La désaffection des troupes toucherait de plus en plus les chaumières libérales, sur l’étendue du territoire, avec les déboires des responsables libéraux. De grosses pointures du parti (Oumar Sarr, Ousmane Ngom, Madické Niang, Samuel Sarr, voire même Karim Wade) sont ainsi sous la menace permanente de la Garde des sceaux et de ses services alors même que d’autres responsables politiques en ont déjà subi les rigueurs. Ils sont ainsi légion, ces anciens dignitaires libéraux et « grands électeurs », à avoir actuellement maille à partir avec Dame Justice et à croupir en prison. Baïla Wane, Aïdara Sylla, Condotto Niang, N’dongo Diaw et Ndèye Khady Guèye : tous rattrapés par des délits de détournement et de prédation des deniers publics. A supposer que la traque des biens mal acquis débouche, à plus ou moins court terme, sur la neutralisation d’autres « grands électeurs » libéraux, notent ces observateurs, le Pds risque d’aller vers les Locales de 2014, encore plus fragilisée que jamais. Quitte même à perdre son statut de premier parti de l’opposition politique !
sudonline.sn
Qui a commandité cette nouvelle campagne de dénigrement de ce grand parti qu’est le PDS ? L’échec probable de cette mascarade appelée « traque des biens mal-acquis » doit être en train de miner l’esprit au plus haut niveau du pouvoir, et il ne leur reste plus qu’à insinuer que le PDA serait dans une guerre de positionnement, de succession et tutti quanti.
Je fais confiance aux libéraux pour ne pas tomber dans ce piège qui leur est tendu, et dont le scénario a été élaboré depuis quelques jours seulement après que la commission de la CEDEAO chargée d’étudier la légalité de l’interdiction, (non notifiée) de sortie du territoire de certains mis en cause a donné son avis en première instance. Mes frères, ne vous laissez pas faire !