Tunisie: 140 sénégalais sur le chemin du retour

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XALIMANEWS: «Choquantes», «racistes», «maladroites», «xénophobes»… Tels sont les qualificatifs utilisés en réponse aux déclarations du Président tunisien Kaïs Saïed. Les exactions, la tension et la peur nées de ces propos ont conduit des Etats subsahariens à organiser le rapatriement de leurs ressortissants. Une voie récemment empruntée par le Sénégal. Selon Bilal Sall, le président de l’Association des Sénégalais de Tunisie, ils ont dû faire les premiers pas. «Le recensement, nous l’avons commencé depuis. On avait contacté l’ambassade et ouvert une liste. Ce sont nos numéros qui sont d’ailleurs donnés aux Sénégalais. Actuellement nous comptons plus de 140 personnes qui souhaitent rentrer et les inscriptions se poursuivent», dit-il. Même s’il accueille positivement et pour le principe, l’annonce de l’ouverture du pont aérien, Bilal Sall souligne des impairs dans la gestion de la situation.

«Pour le moment, aucun moyen concret n’a été mis sur la table. Nous n’avons que des communiqués que nous déplorons d’ailleurs. Nous nous attendions à ce que l’Etat du Sénégal condamne d’abord fermement les propos du Président tunisien. Aussi, nous voyons que les autres pays ont déjà ramené leurs enfants et nous, on nous parle encore de recensement et de cellule de crise», dit-il. Il salue cependant les efforts consentis par la représentation sénégalaise pour obtenir, avec «quelques employeurs qui le veulent bien, des contrats de travail pour les Sénégalais car il est difficile voire impossible pour un étranger de trouver un contrat».

Racisme en Tunisie : Dakar met en place un pont aérien

Du communiqué du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur, Ibrahima Ba, établi en Tunisie depuis 2015, à une lecture globale. «Si les représentations subsahariennes, après plusieurs réunions avec les autorités tunisiennes, ne trouvent d’autre solution que d’ouvrir des ponts aériens, cela veut dire que tout subsaharien qui vit ici est en danger et ne doit pas espérer un lendemain meilleur parce que ce n’est pas l’Etat actuel qui va assurer sa sécurité», assure-t-il.

Pour lui, deux alternatives s’offrent donc à tout migrant noir : «Régulariser sa situation si possible ou se préparer à quitter le pays.» Une situation délétère donc, «un temps d’observation», qui ne l’empêche cependant pas de vaquer à ses occupations. «Dans nos groupes de discussions, beaucoup disent qu’il faut rentrer et que l’Etat sénégalais doit suivre l’exemple de ses homologues. Personnellement, je travaille ici et ne suis pas tenté pour le retour pour le moment. Je pense que le calme reviendra et que tout n’est pas à jeter dans ce pays. Il y a même des manifestations de soutien aux subsahariens, mais on ne le montre pas», rappelle-t-il.

Questions autour d’un retour
Le calme, Ourèye Diouf trouve qu’il revient déjà et que les tensions ont été surtout vues les premiers jours avec une vague d’arrestations de migrants : «La vie reprend son cours normal. Les gens vaquent à leurs occupations. On sent même que les autorités tunisiennes essaient de rattraper leur erreur.» Cela n’empêchera cependant pas, à en croire notre interlocutrice qui totalise 20 ans de présence en Tunisie, les Sénégalais de s’inscrire en masse sur le registre ouvert pour le rapatriement volontaire, parce que beaucoup voulaient rentrer bien avant les événements sans en avoir les moyens. «Il est très difficile d’avoir une carte de séjour. Après les 3 mois de présence tolérée sur le sol tunisien, beaucoup se retrouvent en situation irrégulière. Depuis 3 ans maintenant, avec une nouvelle loi, quelle que soit la durée passée sur le territoire, le migrant sans papiers doit payer la somme de 3000 dinars, soit près 600 000f Cfa, s’il souhaite quitter le pays. C’est cette amende et le coût du billet qui obligent beaucoup de Sénégalais à rester», explique-t-elle.

Le retour au pays, Ousseynou Mbaye le souhaite imminent. «Nous demandons au Président Macky Sall de nous aider en affrétant rapidement un vol comme l’ont fait la Guinée, le Mali et la Côte d’Ivoire. Si on ne peut plus travailler, si on risque d’être expulsés du jour au lendemain de nos maisons, si on n’est pas en sécurité malgré nos papiers, mieux vaut rentrer chez soi et chercher à faire quelque chose là- bas», alerte M. Mbaye. Même s’il fait observer qu’aucun Sénégalais n’a, pour l’heure, été victime d’agression physique, il dénonce des écarts, des violences verbales et un climat lourd pour tout subsaharien : «Nul n’est à l’abri actuellement. Ceux qui agressent ne reconnaissent ni Ivoirien, ni Gabonais ou Sénégalais. Il suffit d’avoir la peau noire», déplore-t-il. Le retour au pays, c’est ce que souhaitent bon nombre de Sénégalais vivant en Tunisie. Leur représentant, Bilal Sall, souhaite qu’il soit matérialisé dans les meilleurs délais et qu’une fois au pays, qu’ils soient accompagnés à travers des structures comme la Der. Il attend également de l’Etat qu’il facilite l’insertion des étudiants dans les universités sénégalaises.

Parmi les étudiants dont il faudra envisager l’insertion, il y a Ibrahima Ngom, inscrit en Master 2 de chimie organique. «Je dois soutenir mon mémoire entre juin et juillet prochains, mais je me suis inscrit sur la liste pour le départ par précaution, en attendant d’en discuter avec ma famille et d’évaluer l’évolution de la situation. C’est une décision difficile», confie le représentant des étudiants et stagiaires sénégalais en Tunisie. De son point de vue, il y a certes un semblant d’accalmie, mais les perspectives ne sont pas pour autant rassurantes ; ce qui complique la prise de décision de certains de ses condisciples. «Je ne dirais pas que ça va à 100%, mais ça se calme. Là (interrogé hier vers 21h), je reviens de mon lieu de stage. Beaucoup d’étudiants ont aussi repris le chemin des amphis. L’ambassade appelle régulièrement pour prendre de nos nouvelles. Il y a pour le moment une trentaine d’inscrits. Il y a par contre des étudiants qui ont déjà payé toute leur scolarisation et préfèrent finir l’année», précise Ibrahima Ngom.

Le Quotidien 

1 COMMENTAIRE

  1. « Depuis 3 ans maintenant, avec une nouvelle loi, quelle que soit la durée passée sur le territoire, le migrant sans papiers doit payer la somme de 3000 dinars, soit près 600 000f Cfa, s’il souhaite quitter le pays. »

    Je pense que ceci n’est pas totalement correct. Voir ci dessous:

    Dispositions pénales et amendes sanctionnant les infractions

    En cas de dépassement du séjour autorisé, la personne risque l’expulsion, un mois à un an d’emprisonnement et une amende de 6 à 120 TND.
    Des pénalités de retard de 20 TND par semaine de dépassement. Un plafond de 3000 TND a été fixé en 2017. Une récente modification supprime ces pénalités à condition de quitter définitivement le territoire tunisien.

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