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Un crime économique, la vente des terres de l’aéroport international L.S.S

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Parmi les nombreux dégâts causés par le régime libéral de Abdoulaye Wade, au cours des ces dix années de gestion gabegique, la vente illicite et illégale des terres de l’aéroport, international Léopold Sédar Senghor (L.S.S) pour enrichir des individus, aura été l’un des plus gros scandales. C’est un crime économique qui ne peut se passer que dans un pays où sévit la corruption comme le  Sénégal des années 2000, vivant dans un  régime présidentiel qui écrase tous les autres pouvoirs, législatif et judiciaire. Le dernier prétexte du président Abdoulaye Wade pour cette scandaleuse vente est la construction d’un affreux, monument qui  détruit un beau site naturel et unique au monde : les mamelles de Ouakam ; Le premier étant la construction de villas  VIP  pour chefs d’Etat à l’occasion de l’Organisation de la Conférence Islamique.  Des villas qui ne sortiront jamais de terre, bien que budgétisées. Les scandales se suivent et s’entremêlent au Sénégal. Ils sont à l’image des remaniements ministériels, qui sont devenus  des faits banals pour les populations. Les difficultés de la vie quotidienne sont aujourd’hui la cause de la révolte qui se manifeste par des violences de toutes sortes, depuis quelques temps, dans toutes les régions du pays.

En vendant ainsi la partie de l’aéroport international L.S.S réservée pour son agrandissement futur, Wade a engagé  le processus de sa liquidation définitive alors qu’il est situé dans une zone idéale pour la  navigation aérienne. Il réalise, évidemment, un vieux rêve qui ne date pas de l’alternance et consistant à transformer cet aéroport en un Centre d’affaires ou plutôt d’affairistes. En effet ce sont des affairistes qui n’ont aucune fibre patriotique, qui n’ont rien fait pour ce pays sinon s’en servir, qui  ont bénéficié de ces terres, cédées à un vil prix : quatre mille quatre cent dix francs CFA le mètre carré  (4410). Ces prédateurs vont à leur tour les vendre à un prix d’or, après quelques aménagements sommaires qui ne peuvent dépasser la moitie du prix auquel ils les ont acquises. Dans cette zone le mètre carré de terre se négocie présentement entre 150000 et 250000 FCFA. Ainsi le trésor  public sénégalais, vache laitière des libéraux et leurs alliés depuis leur arrivée au pouvoir, va perdre encore des dizaines de milliards dans cette opération frauduleuse. Cette perte s’évalue pour le moment à 75 milliards de francs CFA selon le journal. La gazette[1]

Le député  imam Mbaye Niang qui  a fait toute sa carrière à l’Asecna, un spécialiste des questions aéroportuaires a montré le caractère illégal de cette spéculation foncière, sur le plan du droit, dans le journal Walfadjri[2] . « L’Asecna est propriétaire  du terrain en vertu des conventions que le Sénégal a signées avec la France et les autres pays membres. Son avis technique était indispensable. Elle a reçu une lettre de la présidence de la République lui demandant de libérer le terrain. Par la suite une commission de servitude s’est réunie sans la participation de l’Asecna pourtant détentrice du titre foncier et a statué de façon irrégulière sur la cession de son patrimoine. » On est là devant un véritable banditisme d’Etat.

C’est l’argent des pauvres retraités qui a été utilisé avec la complicité du conseil d’administration de L’IPRES (Institut de Prévoyance Retraites du Sénégal), présidé par Mamadou Racine Sy, au moment du marchandage. Monsieur Sy est aujourd’hui encore président du CA de la Caisse de Sécurité Sociale (CSS) dont le journal Kotch[3] a révélé le festin des administrateurs, de la direction et des employés qui se partagent 200 millions de FCFA (les indemnités du PCA passant de 400000 FCFA à 1 million et le salaire du nouveau directeur général, Monsieur Iba Gueye de 2,5 à 5 millions.) Quel pays de cocagne ! Mbackiyou  Faye, l’un des bénéficiaires de ces terres de l’aéroport et qui aurait obtenu 30 ha à lui seul, narguant le peuple sénégalais, a déclaré, dans les journaux après la vente « Il fallait voir l’état dans lequel, j’ai pris ces terrains. C’était une forêt. Il y a des endroits  à l’aéroport où vous n’osez pas rentrer en plein jour. Vous trouverez des singes, des serpents, des boas, des chacals. C’était un milieu infect qu’il fallait nettoyer et donner aux gens. Il n’y a pas eu d’appel d’offres. On ne m’a pas donné tout ce que j’avais demandé. Il m’appartient de les  brûler, de les détruire ou de les offrir à qui je veux, les viabiliser, les vendre ». Quelle arrogance ! A propos d’un  bien qui appartient à tout un peuple. Les habitants des cités Amadou Cissé Dia (Assemblée nationale) et Asecna subissent les conséquences de cette vente et vivent depuis quelques temps un véritable calvaire à cause des odeurs nauséabondes suite à la destruction des tuyaux d’évacuation des déchets et eaux usées par les engins d’un des promoteurs. Ses ouvriers trouvés sur les lieux, de même que les agents de l’urbanisme, ont refusé de décliner son nom aux responsables des cités. Même la partie de la tuyauterie d’évacuation qui se trouve à l’intérieur du terrain vendu a été remblayée depuis quelques jours. C’est maintenant le canal  ouvert des eaux pluviales qui sert de déversoir des eaux usées. Le risque d’inondation de ces quartiers est donc réel. Nous reviendrons prochainement en détail sur cette grave situation.

Il est concevable qu’une ville moderne, de surcroit la capitale d’un pays ait plus d’un aéroport, en raison de l’augmentation de la population et du trafic international qui ne cesse de croître. Un peu partout,  dans le monde, c’est cela la tendance. Il en est ainsi en France, aux Etats Unis et dans d’autres pays. Dans ce cas le dimensionnement de l’aéroport repose sur la  ou les pistes d’atterrissage qui indiquent le type d’aéronef qu’il peut recevoir, le parking stationnement qui détermine le nombre d’avions à traiter et le bâtiment d’accueil pour le traitement des passagers. Ces conditions appliquées à l’aéroport international L.S.S, il est à remarquer que la piste 36-18 au vu de ses caractéristiques géométriques est prévue pour recevoir même, l’Airbus A380XX qui vient d’être construit. Elle peut donc traiter tous les aéronefs civils et commerciaux. Les Etats-Unis avaient même envisagé, il y a quelques années de l’utiliser pour leurs navettes spatiales, en cas de difficultés rencontrées au Cap Kennedy ainsi que Gandoul, la seule station d’alors sur le continent africain qui avait été conçue et dirigée par notre compatriote, l’ingénieur en télécommunications Alassane Dialy Ndiaye premier directeur général de la Sonatel, qui est aujourd’hui l’une des rares grandes entreprises sénégalaises performantes et bien gérées. Les deux autres stations se trouvent aux Etats Unis et en Australie. Cela montre toute l’importance de l’aéroport international L.S.S qu’on veut liquider pour des intérêts personnels. Cette mission serait dévolue aujourd’hui à l’aéroport de Banjul (Gambie).

Les fonctions de stationnement de L.S.S ne nécessitent pas d’entretien pour recevoir simultanément de gros porteurs. Il apparait donc selon les techniciens, que seul le hall d’accueil devait faire l’objet d’un lifting. Ce qui a été fait, malheureusement, dans des conditions plus que douteuses par une entreprise de la place. L’ancienne piste 12-30 est refaite à coup de milliards ces dernières années pour recevoir toutes sortes d’aéronefs. Il suffit d’installer des fingers (passerelles collant sur l’avion) pour en faire l’un des aéroports les plus modernes d’Afrique.

La construction d’un second aéroport ne pourrait donc se justifier que par la congestion actuelle ou prévisible de L.S.S. Or en ce qui concerne le nombre de passagers à traiter, les statistiques aéroportuaires font apparaitre une stagnation de la fréquentation de l’aéroport L.S.S. Ce qui, au demeurant, est tout à fait normal, car rien dans l’activité économique actuelle du Sénégal ne justifie une évolution de cette statistique. Et aucune prévision économique n’est venue menacer l’engorgement pour justifier la construction d’un nouvel aéroport. Cet argent comme celui injecté dans la corniche de Dakar qu’utilise chaque jour moins de 1% de la population, aurait pu régler des problèmes plus urgents, comme les inondations qui ne sont plus l’apanage de la banlieue de Dakar ou la route Kolda-ziguinchor passant par Tanaf-Goudomp très dégradée.  Dans tous les cas, il faudra garder au moins l’aéroport L.S.S comme lieu de dégagement pour les avions ne pouvant pas se poser à l’AIBD pour une raison ou une autre. Sinon en cas de difficultés ce sont les aéroports de Gambie ou de Nouakchott qui seront sollicités. Les aéroports régionaux comme Saint Louis ou Ziguinchor qui auraient dû être utilisés ne sont pas  modernisés pour recevoir de gros porteurs en cas de besoin.

Mais pourquoi le président Wade économiste, pas du tout économe quand il s’agit de l’argent du pays, tient-il à détruire un aéroport fonctionnel pour construire un autre ? C’est d’autant plus inquiétant que la société allemande Fraport future gestionnaire de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass (AIBD) a refusé selon le journal l’A S[4] de participer dans le capital ; ses responsables déclarant aux membres du syndicat démocratique des techniciens du Sénégal que : «  Si nous n’avons pas participé dans le capital de l’AIBD, c’est parce que son financement est à haut risque. ». C’est seulement au Sénégal, selon un spécialiste de l’aviation civile, « qu’on ose confier la gestion d’un aéroport à une société étrangère qui refuse de mettre la main à la poche pour participer dans le capital »

Il y a, à notre avis des raisons subjectives qui sont liées à la personnalité du président Wade qui, à cause d’un égo  démesuré tient à laisser à tout prix son empreinte dans le pays par le biais d’infrastructures: (aéroport, tunnel, autoroute à péage, train à grand écartement, monument, Université du futur….) ; mais surtout pour des raisons objectives permettant d’organiser des marchés de gré à gré très juteux dans le cadre des infrastructures.  Celles-ci nous semblent plus importantes que toute autre considération. En effet, de 2000 à 2007 avant la création de l’ARMP (Agence de Régulation des Marchés Publics) le Sénégal a perdu des centaines de milliards  à cause de ces marchés de gré à gré. Et c’est le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye qui a déclaré selon l’A S et Walfadjr[5],  au cours de l’Assemblée générale constitutive du Réseau africain des régulateurs de marchés publics (22-23 mars à Dakar) : « Les marchés par entente directe sont passés de plus de 50% à 6%, occasionnant une économie de 59 milliards entre 2007 (année d’entrée en vigueur du nouveau code des marchés) et 2009. La commande publique est passée de 700 milliards à 450 milliards de francs CFA. Cette économie de 250 milliards s’est réalisée grâce au simple contrôle à priori. Les marchés par entente directe de l’ordre de 52% au premier trimestre 2008, représentant 6% des passations en 2009 » C’est un aveu, on ne peut plus clair. Ce sont donc des centaines de milliards, entre 2000 et 2008 année où l’ARMP a commencé à fonctionner réellement, qui sont détournés.

Nous pensons que l’opposition sénégalaise regroupée au sein de Benno a eu une attitude particulièrement timide vis-à-vis de ce problème de vente des terres de l’aéroport L.S.S, qui méritait à elle seule plus qu’une marche populaire, car n’oublions pas que ces terres données aujourd’hui à Mbackiyou Faye, Cheikh Amar et autres, avaient été prises aux populations, à un moment de l’histoire, pour des raisons précises d’intérêt général. Il en est de même des terres du (Centre international du Commerce Extérieur du Sénégal) CICES qui ont été elles aussi détournées de leur objectif et  distribuées aux libéraux et à  leurs alliés. Demain il faut s’attendre à ce que le parc de Hann l’un des rares poumons verts de Dakar subisse le même sort. Ils ont déjà commencé la liquidation, avec la construction à l’intérieur du parc d’un bâtiment administratif. Sous prétexte aussi que des bandits se réfugient dans la forêt de Mbao autre poumon vert de la capitale, celle-ci  serait aussi en voie d’être déclassée.

Hélas ! Au départ des libéraux il ne restera plus un mètre carré de terrain pour les générations futures. Le seul espoir pour les populations est que tôt ou tard, tous ces vautours qui sucent le sang du peuple sénégalais en s’appropriant indûment du bien collectif, rendront gorge.

Enfin nous invitons les patriotes sénégalais et les hommes politiques en particulier, à effectuer un petit tour à Ouakam pour se rendre compte du désastre que constitue le démantèlement très avancé de l’aéroport L.S.S. En tant que citoyen de ce pays, nous allons inviter personnellement  les professionnels du droit ou les associations des droits de l’homme à étudier les voies et moyens pour porter ce crime économique perpétré à l’endroit du peuple sénégalais à l’attention de la justice de notre pays. Si cela n’aboutit pas à ce niveau nous saisirons la Cour pénale internationale de justice (CPI).

Abdoul Aziz Diagne

[email protected]

Enseignant-analyste politique

Cité Amadou Cissé Dia (Assemblée nationale)

Dakar


[1] Gazette n° 65 du 1er au 8 Juillet 2010

[2] Walfadjri jeudi 2 juillet 2009 : «

[3] Kotch Vendredi 2 Juillet 2010

[4] L’A S du 23 Mars 2010

[5] L’A S et Walfadjri du 29 juin 2010

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