Un jeune écrivain de la diaspora décrit les difficultés des étudiants Sénégalais en France et accuse les Intellectuels, les Hommes politiques et les Religieux d’être « responsables à moitié de notre retard » à travers son livre « les fagots de souvenirs d’un étudiant sénégalais »
Les Fagots de souvenirs d’un étudiant sénégalais en France est le titre qu’a choisi l’écrivain Joseph CORREA pour son premier livre, un récit qui mêle autobiographie et essaie. Le Sénégal peut compter sur sa jeunesse. Certes jeune, mais Joseph a déjà l’étoffe d’un grand : ses mots bercent, réveillent les Sénégalais sur les difficultés rencontrées par les étudiants en France et conscientisent. Xalima est allé à la rencontre de ce dernier. Etudiant à l’Université de Strasbourg, Joseph CORREA est auteur du livre intitulé « Les Fagots de souvenirs d’un étudiant sénégalais en France ». Dans cet opus, il jette un regard sur le vécu des étudiants en France et pose un regard critique sur notre pays. Très jeune, il fait la fierté de la diaspora. Dans l’entretien accordée, Joseph « marquer ses positions ». Il critique les Intellectuels, les Hommes politiques et les Religieux qu’il accuse « responsables à moitié de notre retard »
Qui est Joseph CORREA ?
Je m’appelle Joseph CORREA, je suis un étudiant sénégalais à L’Université de Strasbourg. Passionné de la lecture, j’entretiens un blog « Le Pouvoir des mots ». Je suis chef de chœur d’une chorale catholique et compositeur de chants religieux. J’ai grandi à Thiarroye, mais, j’ai fait mes études à l’internat des prêtres Missionnaires du Sacré-Cœur à Gossas jusqu’en classe de Terminale série L’1. Après le baccalauréat, je me suis inscrit en Lettres Modernes à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar jusqu’en Licence 3 spécialité Littérature française puis je suis partie en France (Je n’ai pas terminé mon année de Licence).
Dès mon arrivée en France, j’ai poursuivi les études de Littérature qui me passionnaient à Clermont-Ferrand, en Auvergne, puis à Strasbourg.
La rédaction de votre œuvre est une suite logique de votre cursus. Cependant qu’est-ce ce qui a motivé l’œuvre « Les Fagots de souvenirs d’un étudiant sénégalais » ?
L’auteur d’Une si longue lettre, Mariama Ba écrivait » Les rêves meurent au cours des ans, mais les souvenirs demeurent, sels de ma mémoire ». J’ai écrit ce livre pour partager mon expérience d’étudiant sénégalais en France. Pour éclairer la lanterne aux futurs candidats à l’émigration, à tous ces jeunes africains qui veulent emprunter le chemin d’Europe pour leur formation intellectuelle. Ce livre pour poser un débat de fond sur certains aspects, certaines personnalités sénégalaises. C’est pour cela, j’ai fait un long réquisitoire contre trois couches de la population sénégalaise qui sont, de mon point de vue, responsables à moitié de notre retard : les Intellectuels, les Hommes Politiques et les Religieux. Enfin, ce livre pour poser un regard d’adulte sur l’enfant et l’adolescent que j’étais. Ce qui justifie, par ailleurs, le sous-titre du livre « L’adolescent tient la lampe allumée à l’adulte ».
Vous avez parlé des guides religieux dans votre livre. Vous dénoncez le rôle « travesti » de certains marabouts ainsi que la corruption de nos politiques. Vous semblez très engagé ?
Très engagé, je ne saurai le dire. Il me semble que le rôle d’un écrivain est de marquer ses positions qui lui tiennent à cœur. Au Sénégal, la religion est très présente, ce qui est, somme toute, très importante. En revanche, cette façon de la travestir au fil des âges pour des besoins d’un clan, d’une famille ou pour des intérêts personnels, est à critiquer. L’héritage de nos valeureux anciens est méconnu, l’islam très peu connu à cause de cette délégation de la foi par la plupart des sénégalais à un tiers. Pour les hommes politiques, ils ont assez démontré leur incapacité et souffrent du syndrome de Peter. Les idées politiques socle de développement sont mortes au profit d’insultes, de bagarres, d’exposition de vie privée… Cela explique, de nos jours, le dégoût qu’inspire les hommes politiques. C’est un phénomène international.
L’œuvre est bien d’un étudiant en France. Vous avez retracé les difficultés des étudiants sénégalais en France. Quelles sont les difficultés personnelles rencontrées ?
Les difficultés rencontrées sont nombreuses. Je tâcherai d’en énumérer quelques-unes. D’abord, le choc culturel occupe une grande part. Les réalités culturelles des deux pays sont différentes. En France, le nouvel arrivant se doit de s’intégrer, ce qui n’est pas évident. Ensuite, les difficultés financières occupent une place importante (si l’on n’est pas boursier). Il va falloir compter sur les parents. D’ailleurs, dans mon livre, je parle de ces nombreuses nuits sans avoir de quoi souper. Elles sont à l’origine de résultats scolaires décevants. En France, tout est lié aux finances (Le loyer, la carte de transports, la nourriture…). Enfin, les difficultés de trouver un stage d’étude fait que beaucoup d’étudiants ont repris des classes.
Parlant des difficultés, vous en avez rencontré pour l’édition de votre livre ?
Naturellement. L’édition du livre est l’étape la plus difficile. D’abord, parce que les grandes éditions reçoivent beaucoup de manuscrits. Ensuite, quand on publie pour la première fois, c’est difficile de trouver le bon éditeur. J’avais reçu plusieurs propositions que j’ai déclinées par la suite, parce que je ne me retrouvais pas dans le contrat envoyé. Enfin, j’ai choisi Edilivre. Certes, elle n’est pas une grande maison d’édition, mais, elle m’a facilité la tâche. Pour mon deuxième livre, je verrai un autre éditeur.
Vous avez choisi le titre de votre deuxième livre ? Vous nous donnez l’exclusivité ?
Il s’intitulera : Notes et Soupirs. C’est un livre qui s’appuie sur des correspondances entretenues avec de jeunes écrivains sénégalais : Mohamed Mbougar Sarr, Papa Moussa Sy, Hamidou Ba…
C’est une manière de faire ressusciter l’art de la conversation courtoise comme il se faisait dans les siècles précédents, dans les salons littéraires Il est déjà prêt et j’aimerais qu’il soit publié au Sénégal. Les fonds récoltés serviront à appuyer l’espace « Les Pyramides » de Louga que gère un ami, Professeur de Lettres et rédacteur de la revue « Calames ».
Xalima vous souhaite une bonne continuation
Je voudrais remercier Xalima pour m’avoir donné la possibilité de parler de mon livre sorti il y a deux mois. Je demande aux inconditionnels du livre de préparer la sortie de notre revue numérique « Calames » composée de jeunes écrivains sénégalais de la diaspora et du Sénégal. J’aimerais que les librairies basées au Sénégal achètent des exemplaires du livre. Je rappelle qu’il n’est pas encore disponible au pays. Beaucoup de concitoyens ont manifesté l’envie de le lire.
Merci Beaucoup
Oumar Bâ
Correspondant Xalima Paris