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Un mois de prison pour avoir fumé pendant le ramadan en Tunisie

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En Tunisie, quatre hommes ont été arrêtés pour avoir fumé dans un lieu public à Bizerte, dans le nord du pays, pendant le ramadan. Pourtant, aucune loi n’impose d’observer le jeûne. France24 a recueilli leur témoignage.

Les quatre hommes étaient, comme d’habitude, installés à l’abri des regards, à l’écart des jeûneurs qui se reposent à l’ombre dans le jardin de Bizerte, dans le nord de la Tunisie. Mais, samedi 1er juin, en plein mois de ramadan, ils sont interpellés par la police. L’un d’entre eux, Abdel Habib. raconte : « On était en train de fumer des cigarettes quand la police est arrivée, se souvient-il. Elle nous a emmenés au commissariat. Puis, le tribunal nous a condamnés à un mois de prison ».

Sans avocat, faute de moyens, Abdel Habib est dans l’attente de son procès en appel. Aucune loi tunisienne interdit formellement de boire ou manger en public pendant la période de jeûne.

Mais les quatre hommes sont accusés d’atteinte aux bonnes mœurs, une notion légale soumise à interprétation. « La pudeur sera déterminée à l’appréciation des juges. C’est un pouvoir discrétionnaire qui lui est donné », a expliqué Maître Ghazi Mrabet, avocat et militant des droits de l’Homme. « Les juges peuvent donc considérer que fumer une cigarette est une atteinte aux bonnes mœurs alors que l’article 6 de la Constitution protège les citoyens pour la liberté de conscience ».

Une première en Tunisie

Des dizaines de personnes ont manifesté, dimanche 11 juin, à Tunis, pour réclamer le droit de manger et de boire en public durant le ramadan, et pour protester contre l’arrestation des non-jeûneurs, une première en Tunisie.

Pendant le ramadan, les « fattara », les laïcs qui ne jeûnent pas, sont implicitement priés de le faire loin des regards des pratiquants. Pour les accueillir, quelques cafés restent ouverts discrètement.

En 2013, un informaticien a crée un site participatif, #Fater, pour répertorier ces établissements. « Je recense les endroits ouverts en indiquant les prix, précise Badelkarim Ben Abdallah. Ainsi ceux qui ne veulent pas faire le ramadan peuvent trouver des endroits tranquilles. C’est un mouvement qui permet de montrer que notre Tunisie est plurielle, entre ceux qui pratiquent et ceux qui ne le font pas ».

Aujourd’hui, 9 000 personnes sont déjà abonnés au hashtag Fater. À l’extérieur, boire ou manger reste une prise de risque. Depuis le début du ramadan, cinq personnes ont été condamnées pour atteinte aux bonnes mœurs.

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