L’accuser de ‘’corruption’’, c’est la pire gifle que l’on peut porter à Cheikh Tidiane Gadio. Ce fils fier de ‘’Pa Gadio’’, du nom de l’ancien combattant de la seconde guerre mondiale El Hadji Ousmane Alioune Gadio, l’ancien Ministre des Affaires étrangères avait échappé à la traque des biens mal acquis enclenchée dans son pays par le nouveau régime de Macky Sall.
Cela n’a jamais traversé l’esprit de quelqu’un de penser qu’il pouvait être acteur de prévarication. Gadio n’a manifestement pas le profil d’un délinquant à col banc.
C’est pourtant, cela que la Justice américaine veut démontrer aujourd’hui avec l’ouverture de son procès, probablement à New-York où la police fédérale, le FBI, pense avoir rassemblé assez de preuves contre lui à propos de son implication dans un contrat de pétrole liant le Chinois, Chi Ping Patrick Ho et le président tchadien Idriss Déby. Gadio aurait été un intermédiaire. Il aurait pris une certaine somme d’argent en guise de commission. 400 mille dollars, en tout contre 2 millions de dollars qu’aurait reçus Déby pour faire main basse sur un appel d’offre international.
En même temps, on lui reproche également ces mêmes activités de lobbying ou de ‘’corruption’’, selon les Américains, impliquant de hauts responsables ougandais, notamment le ministre ougandais des Affaires étrangères, Sam Kutesa.
Dans le rapport du Département de la Justice, on parle de corruption, mais aussi de blanchiment d’argent.
A coup sûr, l’ancien journaliste, enseignant au Cesti, chroniqueur au Sénégal puis aux Etats-Unis, le panafricaniste infatigable aurait supporté toute autre charge que celles-ci. Il a mal, ses proches ont mal, le Sénégal a mal, ainsi que l’Afrique.
Après Lamine Diack dont le procès tarde en France, après l’ancien Ministre guinéen de l’énergie Mahmoud Thiam condamné à 7 ans de prison aux Etats-Unis pour des motifs similaires, voilà celui en qui une bonne partie de notre jeunesse fondait de l’espoir, porter un bracelet électronique et soumis au risque d’une peine cumulée de 20 ans de prison.
C’est moins la personne de Gadio qui importe que toutes les valeurs qu’il a incarnées dans son cursus d’étudiant en France, puis de doctorant aux Etats-Unis, puis de politique ; un homme qui avait fait de l’intégration africaine son cheval de bataille. Il croyait en nos valeurs et notre propre capacité à asseoir un modèle de développement et d’épanouissement social.
Malheureusement, il a oublié le destin tragique de tant d’autres comme Nkrumah, Sankara et bien d’autres, y compris les précurseurs du panafricanisme, notamment noirs américains. Beaucoup finirent mal. Et l’Afrique ne se porte pas mieux, elle qui, aujourd’hui, voient ses enfants livrés à l’esclavage en Libye parce qu’ils voulaient fuir la misère dans leurs pays.
Alors, si Gadio tombe, ce sera le combat panafricaniste qui va en pâtir car il émerge peu de leaders comme Kémy Séba qui y croient encore.
Tout récemment, l’ancien Ministre togolais Kako Nubukpo a été suspendu de ses fonctions à l’OIF, et de quelle manière, parce que simplement il ne cessait de dénoncer des Chefs d’Etats africains « complice de la néo colonisation ».
C’est dire que si Gadio n’est pas victime de ses idées, il sera victime avec ses idées. Car, tous les panafricanistes sont aussi partisans de la diversification de la coopération, notamment vers la Chine et les Etats émergents. Et c’est un secret de polichinelle que cela dérange. La concurrence féroce entre l’Occident, dont les Etats-Unis, et la Chine pour le contrôle des matières premières en Afrique, ne fera pas de cadeaux à ceux qui seraient tentés de « violer les lois de la concurrence ». C’est le message clair que Washington veut faire passer. C’est dire que nombre de cadres africains sont dans le collimateur de la Justice américaine, qu’ils le sachent ou pas.
Alors de deux choses l’une : Ou vous restez chez vous avec le risque d’être moins riche, ou vous vous mêlez des relations internationales en vous établissant chez eux et vous vous exposez à la rigueur de leurs législations.
Assane Samb
Rewmi.com
Sénégalais arrêtons d’être les pires nafékhe de la terre ! Nous devons exiger de nos actuels et futurs dirigeants la sincérité, la droiture, la transparence et l’équité. Tous nos politiciens actuels, du pouvoir comme de l’opposition, doivent nous dire d’ou ils tirent leurs revenus et leurs immenses richesses. Gadio doit au peuple sénégalais des explications sur sa fortune et ses activités car il compte diriger un jour le Sénégal. Avant l’éclatement de cette affaire, aucun Sénégalais ne savait jusqu’ici que Gadio faisait dans le lobbying international des gros contrats. Cela dépasse de loin une simple activité de consulting. Il devait être honnête avec son pays et le déclarer publiquement. Son estime et son mérite n’en seraient que plus grands. Mais non, ils sont tous dans des deals cachés et des activités parallèles. D’où viennent les richesses de Decroix, Idrissa Seck, Khalifa Sall, Sonko, Karim Wade, Macky Sall, Madické Niang, Tanor et consorts ? Ce n’est pas parce que Gadio est un Sénégalais connu et poursuivi aux USA que nous devons être automatiquement solidaires avec lui dans l’impunité et la corruption. Nous ne devons le soutenir que s’il est juste et transparent, et pour le bien de notre pays, exiger la même chose de tous nos politiciens.