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Un statut spécial pour Touba: Un Vatican du Sénégal? – Par Chérif Ben Amar Ndiaye

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Avec la publication du communiqué de la Commission technique sur le statut spécial de Touba, le masque vient de tomber sur les intentions et motivations réelles qui ont fondées la confection non paritaire de la liste électorale de Touba. En effet, les réactions sur l’illégalité ou non et la recevabilité ou non de cette fameuse liste ont rapidement évolué sur la revendication d’un statut spécial pour Touba. Une vielle revendication de la communauté mouride qui n’a pas trouvé une oreille attentive et décisive chez aucun des trois prédécesseurs de MackySall. Et pour cause, il s’agit là d’un acte anticonstitutionnel qui risque non seulement d’emporter son promoteur mais surtout d’ouvrir la boite de Pandore et de lancer une étincelle de feu sur la poudrière de l’unité nationale et l’intangibilité du territoire nationale. Même Abdoulaye Wade le 1er Président mouride n’a osé franchir le pas.

Il ne s’agit pas ici d’ouvrir le débat sur la constitutionalité d’un statut spécial de Touba,de prochaines contributions juridiques en apporteront la démonstration, mais il est simplement question d’attirer l’attention de l’opinion sur les risques et dangers d’une telle mesure qui ne peut être légitimée et fondée que sur les spécificités religieuses de Touba.

Nous affirmons d’emblée que nous considérons le saint et vénérable Cheikh Ahmadou Bamba, le « Grand Serigne Touba » à qui il est reconnu unanimement une perfection spirituelle telle qu’elle ne pouvait que résulter de la lumière divine,comme un Grand Homme de DIEU. Il fait partie des plus grands vivificateurs de l’Islam. A ce titre hautement distingué, il mérite plus que notre respect. Dès lors, que l’on nous épargne la critique trop facile, simpliste et expiatoire qui consiste à crier »il est contre Serigne Touba ».

Les enseignements du « Grand Serigne Touba » convoqués par ses écrits sur entre autres :La glorification de la venue du prophète au monde, l’exaltation de l’unicité de Dieu dans le service du meilleur des envoyés, la victoire de la soumission(Islam) sur l’idolâtrie et la réhabilitation de l’Islam non seulement en Afrique mais dans le monde, sont aujourd’hui quelquefois brouillés par des exercices de lobbying permanents et intempestifs de ce que l’on pourrait qualifier de Mouridisme. L’objectif des mouridistes-lobbyistes , loin de répandre les immenses vertus de la religion islamique, est de verser dans les surenchères pour toujours plus de privilèges et de faveurs de l’Etat et des talibés,amassant au passage des fortunes visibles et connues de tous. L’exaltation au travail, vertu cardinale prônée par le Vénéré Bamba est détournée de son essence pour servir l’accumulation de richesses de ce bas monde. Certains comportements et pratiques socio-culturelles d’une certaine élite Mouridiste sont aux antipodes de la vie ascète et de dévotion à Dieu de leur référence spirituelle. Le « Grand Serigne Touba » a passé toute sa vie à montrer du doigt l’exemple et la sunna du Saint prophète Muhamad(SAW),alors que les mouridistes se contentent de regarder son doigt et s’en glorifient. C’est dans cette perspective d’escalade dans la surenchère revendicative et dans les multiplications des Magals, célébrations et commémorations religieuses, ainsi que les sollicitations d’appui financier pour le développement hypertrophique de la ville de Touba, que s’inscrit la revendication de son statut spécial. Selon la commission technique, « Le titre foncier de Touba comme tous les autres, relève du droit de propriété et est à l’origine de la reconnaissance par l’Etat d’un statut particulier de facto de Touba ».Les spécificités religieuses, culturelles, sociologiques, démographiques, économiques… confèrent à la ville sainte un régime spécial, parce que d’un côté » les éléments de particularités » que l’on rencontre à Touba et pas nécessairement ailleurs et de l’autre » le statut spécial de fait « concédé successivement par l’Etat par des dérogations à la règle républicaine, justifient la nécessité d’une loi sur le statut spécial de Touba. Tout est dit dans l’idée logique qu’après le statut particulier et le statut spécial voté, l’on en viendra au statut indépendant comme le Vatican et son Saint-siège.

Mais attention danger ! Les mêmes raisons, spécificités et particularités légèrement différentes peuvent conduire aux mêmes revendications autonomistes ou indépendantistes dans d’autres contrées et lieux saints.La brèche sera béante pour les séparatistes casamançais qui trouveraient là la grande porte de sortie de crise en invoquant la » jurisprudence Touba ».Pourquoi pas Tivaouane, MadinaGounass, Yoff Layène, Popenguine ou autres localités confrériques. On nous cite quelques exemples tels que l’Alsace-Moselle en France ou le Val d’Aoste en Italie pour établir un certain parallélisme avec certaines spécificités régionales dans ces pays européens sans en expliquer les fondements qui en révéleraient toutes les incohérences dans la comparaison.L’exemple du Vatican qui se rapprocherait plus du cas de Touba sans esprit blasphématoire a été sciemment occulté et à dessein. Ne dit-on pas que »celui qui guette ne tousse pas ».On affirme que Touba ne veux pas d’autonomie par rapport au reste du Sénégal et que le contenu du statut spécial n’entrave en rien l’unité nationale. Mais cette unité nationale dans la république n’est pas fondée sur la base du » Ndiguel » mais sur la base du consensus démocratique agrégé dans la constitution du Sénégal. La confusion savamment entretenue entre le talibé mouride et le citoyen par l’élite mouridiste ne peut prospérer longtemps car les contradictions entre la loi du « Ndiguel » et la loi de la république démocratique déboucheraient nécessairement sur des conflits de compétence et d’intérêt. C’estcet amalgamequi fait croire que Touba dispose d’une force populaire indiscutable. Les mourides sont puissants dans l’économie mais ne sont pas majoritaires dans le pays. Il ne faut pas l’oublier.Le peuple sénégalais a d’une certaine manière tranché la question dichotomique talibé/citoyen à plusieurs reprises électorales, notamment en 2012 avec le rejet de la succession dynastique voulue par Wade » Président-talibé » mouride inspiré par le modèle successoral du Khalifa à Touba. Nous souscrivons sans réserve à la réflexion du professeur Nfally Camara : »Une commune ou communauté rurale à statut spécial peut à un moment ou un autre se démarquer de l’Etat. Demain, elle peut même demander son indépendance et c’est la République qui va en pâtir, parce que la loi républicaine va perdre son caractère général et impersonnel. Elle va s’appliquer dans une partie du territoire et dans l’autre c’est la loi islamique qui sera appliquée ».L’illustration en est souvent donnée par des faits criminels relatés dans la presse où les incriminés s’enfuient à Touba trouver refuge dans une zone de « non droit » croyant ainsi échapper aux magistrats et bénéficier de la mansuétude des autorités de Touba.

L’affirmation selon laquelle : »Touba dispose d’une force considérable mais nous préférons la stabilité du pays et le respect des institutions, raison pour laquelle nous avons mis en place un statut spécial avec l’expertise requise pour éviter un conflit avec l’Etat. Maintenant la balle est dans son camp ». Si ce n’est pas un défi cela y ressemble beaucoup. On reconnait bien là la méthode du lobbying mouridiste qui consiste à exercer constamment et puissamment la pression sur les chefs d’Etat pour leur arracher des priviléges. Tous les moyens médiatiques modernes sont très souvent utilisés et avec efficacité. Ils sont pourtant très réfractaires à l’occidentalisation des choses mais très ouverts à leur modernité. Le bras de fer avec A. Dangote a démontré l’ efficacité de ce lobbying.Il est à craindre que le Président Macky ne relèvera pas ce défi car on apprend que le Conseil des Ministres décentralisé tenu à Kaolack en juin 2012 a mentionné ces termes : »Le Président de la république a demandé de renforcer la décentralisation. La communauté rurale de Touba a une taille bien particulière et, eu égard aux activités économiques de cette communauté, une étude est en cours pour conférer un statut particulier à cette cité religieuse ».Le paradoxe de ce texte est qu’il est tenu compte uniquement des activités économiques de la communauté mouride qui sont exercées essentiellement en dehors de Touba. Autre paradoxe et non des moindres, c’est que la revendication d’un statut spécial se fait de concert avec tout un ensemble de sollicitations budgétaires pour financer et accompagner aux frais de l’Etat le développement de Touba. Mais nous n’en sommes pas à une contradiction près dans ce dilemme politico-religieux entre l’Etat et Touba.

Le Sénégal a toujours été à l’abri du « Fait religieux » et du « Fait islamique ».La coexistence des confréries a toujours été pacifique et pacifiée par nos leurs fondateurs. Les forces démocratiques et les forces religieuses ont toujours composé en bonne intelligence pour occuper l’espace territorial patriotique. Les différentes ethnies qui composent la société civile ont été intégrées et interpénétrées socialement et culturellement sans conflits majeurs. Le Sénégal qui a accepté et toléré pendant 20 ans un Président chrétien au nom de la fraternité et de la démocratie, ne saurait tomber dans la division, le particularisme et le « woloffisme ».Prenons garde ! Président vous êtes le garant de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale.A bon entendeur salut ! Qu’Allah garde le Sénégal !

Chérif Ben Amar Ndiaye
Kaadoubitimrew.com

8 Commentaires

  1. Pourquoi nit bou gnoul boone ci morom mam?
    Vs avez tjrs accorde un statut special a la France. Mais quand il s’ agit de ce qui concerne des noirs comme vs, la jalousie rugit comme pas possible. Quand ls mourides travaillaient, vs riez en disant qu’ ils n’ iront nulle part, assis sous l’ arbre a palabres. Macky a ramene les francais, auteurs de la traite des noirs et cela ne vs a pas semble necesssaire de prendre la plume car vs n’ y pouvez rien et tant qe cela ne profite pas aux mourides, c’ est bon. Acceptez la volonte divine et vaquez a resoudre vs soucis de depenses quotidiennes. Priez pour la paix ds ce pays car les mourides gno lene gueune motives. Mourides yi sene mbeuguel ci moom yalla mo ko deef d’ ou sa puissance. Que la casamance soit independante, on s’ en fout puisque cette armee est inapte car mal equippee. Touba ak unite mourides yi mo lene jomal ndakh pauvrete ak aam jot. Si tout le monde avait travaille, vs n’ auriez pas cette haine simplement par jalousie. Bayilene mourides yi ndakh yene ay niitou kesse nguene. Kou bagne mouridisme mi ngui ba sa biir famille. Seuls les mecreants detestent quelqu’ un qui a dit NON. Sakhar rekk dolene mossa taak.
    Laissez nous tranquilles nous ne sommes pas du petrole, diamant pour que vs veuilliez nous manger crus.

  2. Texte bien argumenté mais je ne suis pas d’accord avec vous surtout LORSQUE voUs comparez Touba avec les autres cités qui ne sont pas des titre fonciers.A mon avis accorder un statut special à Touba ne ferait pas de mal puisque qu’il est deja un titre foncier, une propriété privée donc.
    Je nai pas compris non plus le rapport que vous évoquez avec laffaire Dangite.
    Les mourides sont nombreux et variée loin detre un groupe homogene. Il faut tenir compte de tout cela. Mettre tout le monde dans le meme sac serait injuste. cest les mediats europééns ki parlent de l’islam à tort et à travers. Vous etes scientifique vous ecrivez pour eclairer lopinion, il faut donc bien analyser avant d’écrire.
    Les termes comme « lobbiying » , « mouridiste » n’ont pas leur place ici.
    Baalma haqq

  3. si ce statut est accordé à Touba, le département d’oussouye y aura droit par force car il est à plus de 70% de religion fétichiste et les rois et les grands prêtres y jouent un rôle central. Cette religion est assiégée par l’Islam et le christianisme et les gens qui y vivent ont droit à un statut spécial car eux ne reçoivent rien de l’Etat mais nourrissent une grande partie des sénégalais. Si on l’accorde à Touba, tout le monde le demandera car il n’est pas question que Touba qui ne produit rien draine toutes les ressources du pays vers elle, influence la marche du pays et se considère comme une zone où la citoyenneté n’existe pas, seule la servilité et l’obéissance aux « ndigeul » du marabout seront la charte de gouvernement. la seule solution est de leur accorder leur indépendance dans leur terroir.

  4. Je vous plains encore une fois pseudo intéllectuels complexés du Sénégal. Vos plumes sont toujours muettes quand on fait l’apologie de l’homosexualité et autres dérives du même ordre. Cependant, chaque fois qu’il s’agit de se démarquer du projet d’assimilation globalisé de l’occident, vous rivalisez de pendanterie par une gymnastique intellectuelle stérile qui cache mal votre complexe d’anciens colonisés. La parité est contraire à nos valeurs et heureusement qu’il ya des sentinelles qui posent le débat sur la table. La vrai question que Touba pose à tout le Sénégal est simple: nous préférons quitter ce Sénégal là !!! s’il ne nous offre plus un cadre juridique conforme avec nos réalités culturelles et spirituelles!!!

  5. Ce Sénégal, nous le devons à de « Grands-Hommes » et non à des confréries! Et ces « Grands-Hommes » que nous connaissons tous, parcequ’ il n’ y en a pas qu’ un, sont un patrimoine national. C’ est la somme de leur travail qui a fait le Sénégal que l’ on connait. Et c’ est la grandeur de nos contemporains qui assurera la continuité de cette stabilité. Je demanderai à tous les sénégalais qui auront leur mot à dire de d’ abord se poser cette question-ci: « Est-ce que Serigne Touba aurait dit ou fait ce que je suis entrain de dire ou de faire au sujet de ce problème du statut de Touba »? Nous voulons tous la stabilité au Sénégal, mais à quel prix? Notre dénominateur commun est le Sénégal! S’ il va mal, il le sera pour nous tous!

  6. LE TEMOIGNAGE DU RESIDENT DU BAOL SUR SERIGNE TOUBA
    En 1895, les français, en exilant au Gabon le fondateur du Mouridisme, s’étaient certes situés dans les conjonctures d’une époque de colonisation au cours de laquelle diverses résistances leur avaient été opposées par la royauté, l’aristocratie locale et les marabouts conquérants au service de l’Islam, etc… Mais vingt ans après le retour d’exil de Ahmadou Bamba, relativement fait accepté leur autorité sur le pays, les colonisateurs devaient reconnaitre le mal-fondé de leur jugement sur le vénéré Saint et tenter ainsi sa réhabilitation.
    En 1915, après deux années et demie de séjour dans le Baol où s’était retiré Ahmadou Bamba, le Résident de l’époque Antoine de Lasselves devait, dans un dernier rapport, sans doute le seul objectif depuis 1895 sur le fondateur du mouridisme, s’adresser en ces termes aux instances supérieurs de l’AOF :
    « Après deux ans d’observation et avant de quitter le commandement du cercle du Baol, j’ai l’honneur de vous exposer les remarques que j’ai pu faire sur Ahmadou Bamba et les mourides.
    Dans sa remarquable étude sur Ahmadou Bamba et les mourides, M. l’officier interprète Marty lui prête dans sa jeunesse les intentions de réunir entre ses mains la puissance temporelle à la puissance spirituelle. Dans plusieurs de nos conversations, j’ai parlé au Serigne des projets qui lui étaient attribués. Il s’en est défendu, m’a dit que ses rapports avec les chefs du pays avant notre arrivée avaient été les mêmes que ceux qu’il avait eus avec nous.
    Au début Alboury, le Bourba Djoloff,Lat Dior le Damel, le Teigne Tanor, s’était méfiés de lui, l’avaient surveillé et tenu à distance puis dès qu’il l’avait connu, avait recommandé qu’on le laisse en paix et qu’on lui laisse la tranquillité. Il aime rappeler cela et il n’a pas manqué de le faire dans une lettre à M. le lieutenant-Gouverneur du Sénégal par laquelle il le remerciait d’un cadeau de livres arabes.
    Nous ne pouvons affirmer, malgré ses dénégations, que dans les débuts de sa carrière de Serigne, Ahmadou Bamba n’ait pas espérer se créer un royaume dans le Baol et le Cayor, mais nous sommes certains qu’actuellement il n’aspire qu’à la tranquillité, à la liberté de se livrer sans entrave à ses études théologiques, juridiques et littéraires. Chacun s’accorde à reconnaitre que pour un noir il est remarquablement instruit en arabe (langue et littérature) et a des connaissances surprenantes sur les œuvres des auteurs arabes, pour un noir du Sénégal qui n’est pour ainsi dire pas sorti de son pays
    Les petites baraques en planches que contient en si grand nombre la grande enceinte de tôle ondulée dont l’existence effraye pas mal de personnes qui y voient une puissante fortification, ces petites baraques, dis-je, renferment surtout des livres. Une quarantaine de cases indigènes réunies dans une enceinte du village de Touba sont aussi pleines de livres arabes, renfermés dans des malles de toutes formes et de toutes dimensions ; des copistes maures sont toujours occupés à lui copier des manuscrits en les enjolivant d’arabesques coloriés.
    Il partage son temps entre la lecture, l’enseignement qu’il donne le plus souvent en plein air, se servant du sol sablonneux comme d’un tableau sur lequel il trace avec son doigt de petits schémas destinés à appuyer des démonstrations et à aider les mémoires de ses auditeurs. Il fait de longues promenades dans les allées ménagées entre les tapades de taule de l’entourage de son campement, se livrant à la méditation et cherchant surtout à se soustraire à la vue de ses fidèles et des nombreux quémandeurs qui l’assaille. C’est surtout dans ce but qu’il a fait de si hermétiques clôtures.
    Tout l’argent dont il peut disposer est employé en aumône, en cadeau à ses cheikhs, à l’entretient de certains de ses parents et fidèles, en achats de matériaux pour l’embellissement ou l’agrandissement de son campement, en achat de livres, divers objets tels que lits, lampes malle, etc.
    Son influence sur les indigènes est considérable non seulement sur ses adeptes qui le considèrent comme incarnation de Dieu, mais aussi sur tous les autres musulmans qui le déclarent un saint marabout, le plus pieux et le meilleur serviteur de Dieux, qui a obtenu des grâces spéciales.
    Chaque fois que j’avais à reprocher à des mourides et j’avais l’occasion d’en parler au Serigne je lui disait : « je sais bien que tu es pour rien dans cette affaire que si les coupables avaient suivi tes conseils ils n’auraient pas fait cela, mais n’empêche que les gens qui ne sont pas au courant te rendent responsable de cela, si nous n’étions pas mieux renseigné aujourd’hui tu supporterais les conséquences des fautes de tes talibés comme cela t’est malheureusement arrivé plusieurs fois.
    Ahmadou Bamba s’empressait de me montrer les instructions qu’il composait pour régler la conduite de ses talibés et dois-je reconnaitre que si ces dernier s’y étaient conformés nous n’aurions jamais eu aucune observation ni aucune poursuite à exercer.
    Cette manière de traiter le Serigne nous a pleinement réussi, elle lui a assuré sa tranquillité, ce dont il nous a été très reconnaissant ; en ne le mêlant pas aux infractions dont se rendent coupables ses talibés nous nous trouvions être dans la vérité car il n’avait aucune responsabilité dans ces actes et le plus souvent c’est par nous qu’il les apprenait, lorsque nous avions occasion de lui parler.
    En le traitant avec la déférence que l’on doit avoir à l’égard d’un homme âgé, instruit et bien supérieur comme moralité à ses semblables et respecté par eux, qui a conscience de tout cela, nous avons rapidement acquis sa confiance et une influence indiscutable sur lui.
    Nous pouvons dire qu’Ahmadou Bamba n’est pas un ingrat car il a conservé une réelle reconnaissance à ceux qu’à tort ou à raison, il considère comme ayant agi pour le faire revenir du Gabon et de Mauritanie.
    Ahmadou Bamba vit dans son campement de Diourbel de la façon que nous avons dite. Mon prédécesseur lui demanda lorsqu’il fut autorisé à s’établir sur le plateau de Diourbel de faire construire une maison en pierre pour bien marquer son consentement de s’établir là définitivement, une belle maison fut construite comme par enchantement, mais elle est resté en dehors du campement du Serigne ; n’y habite que des passagers, Ahmadou Bamba ne se trouve bien que dans ses baraques en planches.
    Au point de vu physique Ahmadou Bamba paraît être un homme de 55 ans, sec, très bien portant, il paraît ne pas avoir une très bonne vue. Il est d’une sobriété remarquable ne prenant qu’une petite quantité de nourriture. Il fait usage de café et de thé, surtout de café. Un jour que nous lui avons fait venir pour converser avec lui, nous fîmes devant lui du café avec une cafetière russe. Il fut émerveillé mais fit quelques difficultés pour accepter de goûter à l’infusion qu’il avait vu fabriquer devant lui.
    Finalement il accepta une demi-tasse de café qu’il voulut boire sans sucre, le sucre que j’avais en ma disposition n’étant pas du sucre « talgi » à l’usage exclusif duquel il s’était astreint. Je lui fis cadeau de la cafetière qu’il acceptaavec plaisir. Le surlendemain je vis arrivé son envoyé qui venait de sa part me rendre compte que la cafetière marchait très bien et que le café était excellent mais que le Serigne ne pouvait pas accepté ce cadeau sans me donner quelque chose en échange et joignant le geste à la parole il posa sur ma table 60 francs en espèce, en pièces de 5francs.
    J’eus toute les peines du monde à faire reprendre cet argent et je dus envoyé un émissaire spécial pour faire comprendre au Serigne que je lui avait fait ce cadeau gratuit et le peu de valeur de cette cafetière ayant été déjà acheté depuis longtemps et valant à peine huit francs.
    A propos de cette tasse de café offerte au Serigne je dois citer un détail qui montre qu’il a conscience de sa situation. Lorsqu’il finit de boire il me dit que cette tasse devait être conservée sans que personne n’y boive plus désormais.
    Sa puissance sur ses talibés est immense et nous avons aussi remarqué que les autres musulmans le considèrent comme un homme ayant reçu des grâces spéciales, en tous les cas comme un saint homme.
    Je viens de parler de toutes les personnalités mourides avec lesquelles j’ai été en contact. Je n’en vois aucune capable de prendre la suite d’Ahmadou Bamba s’il venait à disparaitre. Aucune n’aurait son autorité, la grâce divine que l’on attribue à sa personne. Ils sont d’ailleurs tous jaloux les uns des autres et aucun ne consentirait à reconnaitre la supériorité de l’un d’eux. Leurs rivalités pour obtenir une place de choix auprès du chef de la secte sont continuelles ; que serait ce s’il disparaissait ? Ce serait probablement la dislocation du mouridisme d’Ahmadou Bamba et la formation de plusieurs églises avec un de ses frères ou de ses cheikhs à la tête de chacune.
    Nous regrettons vivement de ne pas avoir suffisamment de temps pour pénétrer à fond les secrets de cette organisation et de ne pouvoir un exposé précis et complet »
    1913 et 1915, était la période à laquelle Antoine de Lasselves était administrateur du cercle de Diourbel. Ce dernier qui fut à ses débuts très arrogant envers le cheikh, finit par consigner, dans un de ses rapports au gouverneur de Saint Louis ce qui suit :
    « Ce Cheikh Bamba détient certes une puissance inné dont la raison ne parvient pas à saisir la source et expliquer la capacité de forcer la sympathie. La soumission des hommes envers lui est extraordinaire, et leur amour pour lui les rend inconditionnels.
    Il semble qu’il détienne une lumière prophétique et un secret divin semblable à ce que nous lisons dans l’histoire des prophètes et de leurs peuples. Celui-là se distingue toutefois par une pureté de cœur, par une bonté, une grandeur d’âme et un amour du bien aussi bien pour l’ami que pour l’ennemi ; qualités pour lesquelles ses prédécesseurs l’auraient envié quelque grand que fussent leurs vertus, leur piété, leur prestige. Les plus injustes des hommes et les plus ignorants des réalités humaines sont ceux qui avaient porté contre lui de fausses accusations, consistant à lui prêter l’ambition du pouvoir temporel.
    Je sais que les prophètes et les saints qui ont mené une guerre sainte, l’ont faite sans disposer de la moitié de la force dont dispose ce cheikh »

  7. Si seulement on accorde a Touba un statut spécial nous petits fils des HEBIYABES ET YIRLABES. réclamons un saut spécial. Nous sommes maître de nos terres et Roi des provinces du Fouta nous existons bien avant touba et islamisé bien avant touba

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