Un troisième mandat ou troisième candidature de Macky Sall en 2024 : Une « comorbidité » pour le Sénégal ? (Par Seynabou Diop, USA)

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Eclairer les sénégalais sur un troisième mandat ou troisième candidature en 2024, et mieux, y renoncer clairement et définitivement, ne doit pas être attendu du Président Macky Sall. Il ne nous a pas habitué à tenir sa parole, même s’il réclame le contraire : « Sama Wahu Daaw Moy Sama Wahu Teey Rek» (Ma parole d’hier, c’est simplement ma parole d’aujourd’hui), a-t-il dit lors du Grand Débat du 31 Décembre 2020. Rappelons-nous qu’il s’est dédit plusieurs fois devant les Sénégalais et à des moments cruciaux. La concrétisation des Conclusions des Assisses Nationales qu’il avait signées, la réduction de son mandat de 7 à 5 ans, la traque des biens mal acquis, la Patrie avant le parti, n’en sont que des exemples.
Mais pire, le président semble faire totalement un aveu d’échec de sa propre parole, dans un pays où plus de 50% ne savent ni lire, ni écrire et où la parole est un puissant moyen d’impliquer les populations dans une démocratie participative. Macky Sall n’avait-il pas avoué lors du Grand Débat du 31 Décembre que « Seul Dieu peut dire des choses qui ne changent pas » ? Rappelons au passage, surtout à nos enfants et à ceux qui prétendent au fauteuil présidentiel, que tenir un langage clair, sincère, et opportun, reste fondamental et un salut à respecter. N’est-ce pas une sorte de manque de considération à son peuple lorsque le président affirme lors de ce même Grand Débat que « Beus Buu Diotee Louthie Wara Am Dineu Am » (Le moment venu, ce qui doit arriver va arriver) ? En revanche, pour l’opposition, il reste primordial de réfléchir sur les stratégies à mettre en œuvre pour contrecarrer une éventuelle troisième candidature de Macky Sall, tout en conscientisant les populations sur l’illégalité et le danger d’une telle forfaiture.
Un éventuel troisième candidat de Macky Sall serait une « comorbidité » pour le Sénégal. Comme le coronavirus, ce troisième mandat dans un contexte de mal gouvernance engendrait forcément une pauvreté galopante de millions de sénégalais. Nous savons tous que la mal gouvernance cache tout un système de prédation et de dilapidation de nos maigres ressources et impacte négativement le développement. Cette mal gouvernance reste monnaie courante, couteuse, et démoralisante pour beaucoup de sénégalais. Des rapports sans suite des corps de contrôle au recyclage à travers la transhumance d’individus épinglés, en passant par les scandales de « 94 Milliards », aux affaires « Pétro-Tim et Total », aux grands dossiers de la CREI, les sénégalais ont beaucoup vu, entendu, et attendu en vain !
Pendant ce temps, la pauvreté sévit aux quatre coins du pays. Selon Transparency International, en 2018, le Sénégal occupe le rang de 164 sur 189 pays de l’Indice du Développement Humain (IDH) du Programme de Développement des Nations Unies. L’ancien secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, caractérisait bien le lien entre mal gouvernance et pauvreté quand il disait que « la bonne gouvernance est le chemin le plus sûr pour en finir avec la pauvreté et soutenir le développement », (UNU-WIDER Angle Newsletter, 2012).
Au même moment, la Corruption reste importante au Sénégal. Selon les indicateurs mondiaux de la Banque Mondiale sur la gouvernance, entre 2016 et 2018, 44% des 1,200 sénégalais sondés croyaient que la Corruption avait augmenté. Le rapport 2016 de l’Office Nationale de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) estimait qu’entre Mai 2015 et Mai 2016, le paiement de pots-de-vin au Sénégal avait atteint 118, 44 Milliard CFA et que 1 sur 4 sénégalais était exposé à la Corruption. 
Finalement, dans ce contexte de mal gouvernance, Corruption, pauvreté, et de seconde vague de la COVID-19, le peuple sénégalais doit, dès à présent, penser à la meilleure solution pour contrecarrer une éventuelle troisième candidature de sorte qu’un troisième mandat ne soit pas une « comorbidité » pour le Sénégal.

2 Commentaires

  1. Hello,
    Je pense que votre anayse estvraiment a point. Vous supportez vos assertions avec assez de preuves assez fiables. Que rien ne vous detourne de votre objectivite.
    God job

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