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Une discipline budgétaire des républicains sauve le sénégal…pour l’instant (Par Mohamed Dia)

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À peine avons-nous commencé à nous relever de la crise sanitaire que le problème entre la Russie et l’Ukraine vient encore chambouler les choses. À la date du 14 mars 2022, le prix du baril Brent s’élève à $105.96 tandis que celui du pétrole est à $102.48; le monde n’a pas vu ces prix depuis 2014. À chaque fois que le pétrole augmente, cela affecte directement le prix de l’essence, qui à son tour affecte le prix du transport. Peu importe le moyen de transport utilisé pour acheminer les produits alimentaires, l’augmentation du prix à la pompe impacte directement le prix des produits et notamment des denrées de première nécessité. Cette hausse des prix alimentaires se fera sentir partout dans le monde, et les pays pauvres en souffriront les plus. Ces augmentations des prix alimentaires peuvent susciter des inquiétudes quant à la capacité des pays pauvres à satisfaire leurs besoins alimentaires. Cela se fera sentir partout dans le monde, mais les pays pauvres seront les plus durement touchés, car la part des dépenses attribuables à l’alimentation est plus élevée dans les pays pauvres. Selon la FAO, la nourriture représente presque 3/4 des dépenses dans les pays pauvres contre 1?4 dans les pays développés. Malgré la crise sanitaire et cette invasion de la Russie, le gouvernement du Sénégal arrive toujours à gérer la situation et a même pu réduire les prix des denrées de première nécessité durant ces moments d’incertitude.

La crise des Libéraux

Durant l’ère du président Wade, on avait traversé une crise budgétaire, principalement due aux engagements extrabudgétaires massifs. Le Sénégal était dans l’obligation de réduire les dépenses de 100 milliards de FCFA et injecter plus de 150 milliards de FCFA à cause des dépenses fictives. Le gouvernement s’était lancé dans des paiements budgétaires irréguliers et dans des factures impayées. En 2008, pendant que le prix du baril de pétrole coûtait jusqu’à $140, les indicateurs macroéconomiques montrent que l’économie sénégalaise a ralenti en 2008 avec une croissance annuelle du PIB à 3,9 % contre les projections de 6 %. L’inflation dans la même année avait atteint 6 % contre un objectif de 3 % et notre déficit était de 12,5 % du PIB contre 10, 5 % en 2007. Les banques souffraient, elles n’avaient plus de liquidité, car aidant les entreprises durant ces moments difficiles où le gouvernement ne payait pas les entreprises. Le gouvernement, qui n’était plus crédible, passait par les banques pour que ces dernières fassent des prêts au profit du gouvernement.

Comme le gouvernement n’avait pas assez de manœuvres budgétaires, il était incapable de maintenir les prix en les subventionnant, car le déficit était déjà ingérable. Le kilogramme de riz qui coûtait 140 Francs CFA est monté à 240 Francs CFA en 2008. Le kilogramme de viande de mouton qui coûtait 1200 Francs CFA en 2000 coûtait 2580 Francs CFA en 2007. La bouteille de gaz de 6 kilogrammes qui coûtait 1495 Francs CFA en 2004 coûtait 3109 en 2007 et celle de 12 kilogrammes qui coûtait 3615 Francs CFA en 2004 est passée à 7165 Francs CFA en 2007. Le prix du sac de riz de 50 kilogrammes est passé de 9 500 Francs CFA à 17.000 Francs CFA à Dakar et 20.000 Francs CFA dans les autres régions du pays.

Le gouvernement en place avait promis de baisser les prix des denrées de première nécessité, mais le gouvernement n’a pas le budget, le soutien des donateurs ou un crédit abordable pour mener à bien ces programmes. Il n’y avait pas non plus de plan en place pour soutenir le secteur bancaire. Ce ne sera que durant la deuxième revue du Sénégal dans le cadre de sa politique du FMI Instrument de soutien que le pays va enfin souffler. Le conseil d’administration du FMI avait approuvé 75,6 millions de dollars contre les chocs exogènes. L’Agence française de développement a accordé un prêt non concessionnel d’environ 182 millions de dollars. Avec une troisième revue réussie, la Banque africaine de développement (BAD) et les Pays-Bas ont convenu de décaisser 23 millions de dollars et 14,5 millions de dollars respectivement en appui budgétaire direct.

La crise des Républicains

Une augmentation du prix du baril de pétrole entraîne une perte de croissance dans les pays en développement importateurs de pétrole. En outre, on note, en général, que l’augmentation des prix du pétrole a un impact direct sur la croissance économique. L’Etat peut répercuter l’intégralité de l’augmentation des prix sur un produit aux consommateurs. Mais avec la crise sanitaire qui a sévi pendant ces deux dernières années, une telle stratégie sera une option hasardeuse qui risquerait de mener vers des manifestations.

Alors que nous disions toujours que l’actuel gouvernement n’avait pas encore traversé une crise où le prix du baril de pétrole a atteint le record de 2008, on voit que le gouvernement tire son épingle du jeu pour l’instant. Quand le baril a dépassé $75 pour la première fois en près de six mois- avec les problèmes de qualité mettant fin aux exportations du pétrole brut russe vers l’Europe et les Etats-Unis qui ont renforcé les sanctions contre l’Iran et le Venezuela le Sénégal n’a pas touché au prix de l’énergie, même si les subventions énergétiques posent un problème majeur, car l’impact sur les populations les plus vulnérables est très faible. Aussi, dans le contexte pré-électoral de 2019, les prix du pétrole avaient augmenté, de presque 5 % entre décembre 2018 et janvier 2019 et de 8 % entre janvier 2019 et février 2019, le président Sall, avait lui aussi refusé de toucher au prix des denrées de première nécessité.

À la date du 24 février, alors que l’incertitude planait au-dessus de nos têtes avec les tensions géopolitiques, tout le monde avait peur de l’augmentation du prix du pétrole qui serait répercuté sur les consommateurs, on a vu un scénario différent au Sénégal. “Le président de la République, a décidé de baisser les prix respectifs du riz, de l’huile et du sucre. L’huile passe de 1200 FCFA à 1100 FCFA le litre, soit une baisse de 100 Francs. Le sac de 50 kg de riz brisé non parfumé est fixé à 13.750 au lieu de 15.000 FCFA auparavant. Une baisse de 25 FCFA par Kg a été décidée. Le Kg de sucre devra être désormais cédé à 600 FCFA et non 625 FCFA, soit 25 FCFA/Kg. Pour encourager et soutenir la production locale de riz, le Chef de l’État a décidé d’allouer une subvention de 32 F sur le kilogramme de riz paddy.

Enfin

Le Sénégal a une économie de marché où le gouvernement est juste arbitre et les consommateurs ont le choix face à la concurrence qui y règne. Pour le comprendre, il faut faire appel à la loi N° 94-63 sur les prix, la concurrence et le contentieux économique. Pour le riz local, le prix est fixé de manière consensuelle par les acteurs de ce secteur. Son prix varie selon la production, le stockage et le transport. Pour le riz brisé importé, il bénéficie du régime de fixation autoritaire, à cause de son importance dans notre diète. Un arrêté détermine le prix maximal et il change souvent selon les cours mondiaux pour aider les ménages. L’importation de l’huile est libre, cependant les prix sont fixés par arrêté selon les niveaux de la chaîne de distribution. L’importation du sucre est libre avec la libéralisation du marché, il est assujetti aussi au régime de l’homologation.

Quand il y a une augmentation régulière du prix du baril du pétrole, il faut généralement le conjuguer avec une augmentation des prix des autres produits. À défaut, cela se traduira par une mobilisation insatisfaisante des recettes dérivées du pétrole et cela accroîtra les subventions énergétiques et autres et creusera notre déficit budgétaire. Si un pays est en mesure de maintenir les prix ou de les réduire durant ces périodes de crise, cela révèle une discipline budgétaire. Les pays du monde ont traversé la crise sanitaire et cela s’est manifesté par un bouleversement des économies. Le Sénégal pourra-t-il maintenir ces prix si la guerre perdure ?

Mohamed Dia

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