Le mécanisme de financement public des soins pour les personnes âgées, appelé Plan Sésame, doit redéfinir sa démarche et ses objectifs, pour que soient levés les facteurs d’exclusion qui entravent sa bonne mise en oeuvre, soutient une étude du Centre de recherche sur les politiques sociales (CREPOS), dont les résults ont été rendus publics mercredi à Dakar.
Intitulée « L’exclusion sociale et les mécanismes d’exemption des soins de santé : le cas du Plan Sésame des personnes âgées au Sénégal », cette étude réalisée en mai 2011 dans quatre régions du Sénégal (Dakar, Diourbel, Matam et Tambacounda), pointe les dysfonctionnements du Plan Sésame qui n’a encore enregistré qu’un « succès très limité ».
Elle fait état de « très faibles performances » réalisées par le Plan Sésame, en raison d’une absence de cible précise, de problèmes de gestion et d’une absence de communication.
« Près de 3000 ménages ont été interrogés avec près de 100 questions, mais ce qui est ressorti de l’étude, c’est que le Plan Sésame a été marqué par une absence de cible, des problèmes de gestion, un défaut de politique de communication entre autres facteurs bloquants », a déclaré Maïmouna Ba, un membre de CREPOS qui a participé à cette enquête.
S’exprimant au cours d’un atelier de restitution, Mme Ba a relevé que près de trois milliards de francs CFA avaient été investis dans la mise en oeuvre du Plan Sésame entre 2006 et 2009.
Ces fonds ont été toutefois vite épuisés, « entraînant des inégalités et des irrégularités dans les remboursements et un arrêt de prestations », a-t-elle fait observer devant un panel d’experts et de chercheurs dont le professeur Ibrahima Thioub, recteur de l’UCAD et président du CREPOS.
Selon cette enquête, 50, 7% des personnes âgées ne sont « pas bien informées sur le Plan Sésame et 66, 8% des personnes âgées qui sont informées, ne connaissent pas les services offerts » par ce programme.
« Il y a une absence de politique de communication. Les informations sont passées par le canal des médiats (…), alors qu’il y a une faible exposition de ces médiats en milieu rural », a insisté Maïmouna Ba, sociologue de formation.
Soulignant les inégalités d’accès au Plan Sésame, la chercheuse a présenté un profil sociologique des bénéficiaires, en relevant que les personnes vivant en milieu urbain, instruites ou ayant un engagement social, de même que les retraités du secteur formel, bénéficient plus du Plan Sésame que les personnes vivant en milieu rural notamment.
Elle a relevé « le coût élevé » dudit Plan, pourtant « censé lever la barrière financière » des services de soins pour les personnes âgées. « Cette situation pousse les personnes âgées à avoir recours à d’autres alternatives comme l’automédication ou les remèdes traditionnels », a déploré Maïmouna Ba.
Dans ses recommandations, l’étude a insisté sur la nécessité d’améliorer la gouvernance du Plan Sésame, d’assurer la pérennité du financement et de mette en place des stratégies explicites d’informations adaptées à la population-cible.
Le document préconise aussi l’intégration du niveau périphérique dans le Plan Sésame et la mise en place de stratégies de soins mobiles et à domicile pour mieux assister les personnes âgées incapables de supporter les difficultés d’accès aux services publics de santé.