Une Primature de délations et coups tordus par Madiambal Diagne

Prénom : Sénégal ; nom : Mbaye ; date de naissance : 3 avril 2012 ; nationalités : française et sénégalaise. Tout le monde a pu constater que, depuis le mois de juin 2012, le journal Le Quotidien n’a plus droit aux annonces et insertions provenant de la Sonatel. Hé oui ! On a voulu punir notre journal pour des écrits qui froisseraient la famille Mbaye et dont l’un des dignes héritiers, Cheikh Tidiane, ne pouvait voir l’entreprise qu’il dirigeait donner de la publicité à ce journal. Le Quotidien n’avait jamais évoqué un quelconque travers de l’un d’eux, aussi longtemps qu’il n’était pas en charge d’affaires publiques.
Nous croyions que la Sonatel était un patrimoine de l’Etat du Sénégal, qu’il partage avec des actionnaires de divers horizons comme France-Télécoms et d’autres privés qui ne sont pas exclusivement de la famille Mbaye. Nous avons stoïquement accepté ce sort injuste, conscients que puissants que puissent être les hommes, ils finiront par passer et que Le Quotidien leur survivra. Il y a eu dans ce pays, plus puissants qu’un directeur général de la Sonatel, plus puissants qu’un Premier ministre, qui on eu pour objectif de couler notre journal et ne ménageaient aucun procédé. Certes ils nous ont fait mal et nous continuons de ressentir les effets de leurs coups tordus, mais nous continuons à paraître régulièrement. Nous osons espérer que la nouvelle direction de la Sonatel se montrera plus juste à l’endroit du Quotidien. L’opinion est prise à témoin.
Ce sort ne nous est pas exclusivement réservé. Des procédés de règlement de comptes personnels ont grand cours au sommet de l’Etat du Sénégal et en instrumentalisant l’appareil de l’Etat. Comme si ce pays s’appelait «Sénégal Mbaye». La semaine dernière, le Président Macky Sall a refusé de signer un décret initié pour débarquer Arfang Daffé de la tête de la Caisse nationale du Crédit agricole du Sénégal (Cncas). La procédure était aussi illégale car la Cncas étant une société anonyme, ses organes dirigeants ne pourraient être changés qu’après délibération du Conseil d’administration. Sur ce coup, le Conseil d’administration était court-circuité ainsi que la direction de la Monnaie et du crédit du ministère de l’Economie et des Finances. Certains grands banquiers du gouvernement voudraient le poste de M. Daffé pour un de leurs amis. Ils n’auront pas à attendre trop longtemps car Arfang Daffé devra aller à la retraite dans dix mois.
Dans son édition du week-end dernier, le journal Le Quotidien a révélé la machination orchestrée par le Premier ministre pour s’en prendre au ministre de l’Energie Aly Ngouille Ndiaye et au directeur général de la Senelec Pape Dieng. Abdoul Mbaye qui, en bloquant le processus de contractualisation entre la Senelec et un de ses principaux fournisseurs, Apr energy, a mis en péril la fourniture en électricité du dernier Magal de Touba et provoqué le retour des délestages dans le reste du pays. La manœuvre est claire comme de l’eau de roche. De graves dysfonctionnements dans le secteur aussi névralgique que l’énergie lui donneraient raison a posteriori. Le Premier ministre Abdoul Mbaye n’a pas encore digéré le camouflet que lui avait fait subir le Président Macky Sall, suite aux péripéties de la nomination de Pape Dieng à la tête de la Senelec. Il voulait le poste pour son jeune frère Cheikh Tidiane, qui se savait en instance de quitter la direction générale de la Sonatel. Le poste de Président directeur général de la Senelec, que Wade avait déjà promis à Cheikh Tidiane Mbaye, qu’il avait fini de nommer président du Conseil d’administration, devenait encore plus intéressant pour lui avec un projet de positionner la Senelec comme opérateur dans le secteur de la téléphonie.
C’est cette même logique de règlement de comptes personnels qui semble guider Abdoul Banna Mbaye, dans son combat contre les meuniers, qui est pour lui un moyen de s’en prendre aux intérêts du Groupe Mimran, son ancien employeur. Il n’en garde pas moins une dent contre le ministre du Commerce et de l’Industrie Elhadji Malick Gackou ainsi que le ministre du Budget Abdoulaye Daouda Diallo qui, en réunion de Conseil des ministres, ont clairement indiqué que l’approche du Premier ministre dans ce dossier est mauvaise. Abdoulaye Daouda Diallo ? Il ne perdrait rien pour attendre celui-là. Déjà que le Premier ministre, le plus officiellement du monde, avait eu à saisir le Président Macky Sall pour lui signaler que le ministre du Budget avait cherché à faire chanter l’homme d’affaires Yérim Sow. Vérification faite par Macky Sall, la délation s’avéra fausse. Depuis cet incident, les membres du gouvernement ont un code. Quand ils veulent casser du sucre sur le dos de quelqu’un ils se disent : «On va Abdoul mbayiser».
Si le Président Macky Sall laisse faire, les directeurs généraux des Douanes (Makhtar Cissé) et des Impôts (Ahmadou Ba) seront changés au profit de personnalités proches du Premier ministre, comme son directeur de Cabinet Cheikh Bèye. Le Premier ministre avait pensé faire une révélation au Président Macky Sall au sujet de Ahmadou Ba que le Président Wade aurait voulu nommer ministre. Macky Sall écouta religieusement sans dire un mot. Une fois seul dans son bureau, le chef de l’Etat en a ri. Peut-être moins que Abdoul Mbaye ne rit aujourd’hui de l’infirmité de son ancien ami Abdoul Aziz Mbaye, ministre de la Culture. Les ponts sont coupés avec celui-là, depuis que l’ancien directeur de Cabinet du chef de l’Etat avait déclaré, à qui voulait l’entendre, qu’il n’écoutait que le Président Macky Sall. Suffisant pour que Cheikh Tidiane Mbaye lui envoyât la facture des boubous qu’il lui aurait faits coudre, quand son pote de jeunesse venait de rentrer au pays pour occuper les fonctions de directeur de Cabinet du président de la République. C’est dire que les propos attribués à l’ancienne directrice générale du Fonds de promotion économique (Fpe), Ndèye Khady Guèye, par le journal L’As dans son édition de samedi dernier, selon lesquels le Premier ministre Abdoul Mbaye voudrait sa perte, ne devraient pas être pris que pour des élucubrations.
par Madiambal Diagne
lequotidien.sn