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Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) – Les péripéties d’une crise

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La mort de l’étudiant de la faculté des Sciences et Techniques (Fst), Bassirou Faye, tué par balle lors des affrontements entre étudiants et forces de l’ordre, a été le point culminant d’une crise universitaire récurrente émaillée par plusieurs perturbations depuis le début de l’année académique 2013-2014. Force est de constater que tous les ingrédients étaient réunis pour que l’université publique sénégalaise continue de se mouvoir dans une crise profonde. Il s’agit, entre autres, de l’augmentation des droits d’inscription, la mauvaise situation financière des universités, le déficit criard de professeurs, le paiement des bourses, la question des orientations, la présence des forces de l’ordre. Et ce malgré la première année d’application des directives du Conseil présidentiel sur les Concertations nationales sur l’avenir de l’Enseignement supérieur (Cnaes) dont l’unique objectif est de remettre l’université publique sur les rails de l’excellence.

La crise universitaire a atteint son paroxysme avec la mort de l’étudiant de la faculté des Sciences et Techniques (Fst), Bassirou Faye, tué par balle lors des affrontements entre étudiants et forces de l’ordre. L’année académique 2013-2014 a été ponctuée par des perturbations qui ont conduit à une mort d’homme. Et ce malgré la tenue des Concertations nationales sur l’avenir de l’Enseignement supérieur (Cnaes) au terme desquelles 78 recommandations ont été formulées et traduites en 11 directives lors du conseil présidentiel. A sa première année d’application, les mesures prises par les acteurs universitaires ont fait l’objet de contestations.

Saccage du rectorat

Pour jeter les bases d’une politique d’un Enseignement supérieur de qualité, il a été question pour les autorités académiques de procéder à l’augmentation des frais d’inscription pour lesquels les étudiants étaient appelés à payer 25 000, 30 000 et 35 000 FCfa respectivement en première, deuxième et troisième année de Licence. Les étudiants en première et deuxième année de Master auront à payer 50 000 et 60 000F Cfa et les Doctorants 75 000F Cfa. Une mesure contre laquelle les étudiants n’ont pas tardé à exprimer leur désaccord. C’est le début d’une série de manifestations organisées par les étudiants dont les conséquences étaient visibles. Ils ont saccagé le Rectorat de l’Ucad et l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) pour empêcher le retrait des formulaires d’inscription. Un acte « scandaleux » qui a amené l’Assemblée de l’université de Dakar à porter plainte et à traduire les « vandales » devant le conseil de discipline. Dans une dynamique de pacifier l’espace universitaire, le gouvernement a revu sa copie en harmonisant les frais de scolarité. Désormais les étudiants en licence sont appelés à payer 25 OOO F Cfa. Pour s’inscrire au second cycle, de master, l’étudiant doit casquer 50 000 F Cfa et les doctorants 75 000 F Cfa. Cette hausse des frais d’inscription, selon le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) ne comblera pas le déficit. Le Plan de développement de l’Enseignement supérieur et de la Recherche au Sénégal (Pdesr) étalé sur la période 2013-2017 indique que la mauvaise situation financière des universités qui persiste en 2013, et les risques d’accumulation de nouveaux arriérés, sont évalués à plus de 12 milliards FCfa.

Master pour tous

Le problème des bourses réglé, plusieurs étudiants de la faculté des Lettres et Sciences humaines (Flsh) se sont constitués en collectif pour exiger leur orientation au second cycle de master. Réunis en collectif dénommé « Master pour tous », les étudiants ont fait observer à leurs camarades un arrêt total des cours pendant plusieurs semaines dans ladite faculté en dépit des rencontres avec les autorités rectorales. Le face-à-face entre étudiants et forces de l’ordre était inévitable. Pendant ce temps-là, les responsables de la Flsh ont soutenu mordicus que ces étudiants sont loin de remplir les critères d’éligibilité retenus par les chefs de département, de concert avec les responsables de master. Il faut retenir que le passage de la Licence au Master réside dans la durée normale d’études de l’étudiant qui est de 3 ans, 4 ans pour un seul redoublement et 5 ans pour deux redoublements, pour être éligible au maximum. Le deuxième critère concerne les mentions obtenues dans le parcours de la Licence, notamment pour l’étudiant qui a fait 5 ans. Il peut présenter des mentions pour être éligible. L’autre critère est la capacité d’encadrement dans les filières. Pour Chaque département, ce sont les professeurs de rang A qui doivent encadrer les mémoires de master. Les professeurs de rang B peuvent aussi encadrer sous la supervision des professeurs de hiérarchie supérieure. Le dernier critère est la spécialité concernée pour chaque département.

A cela s’ajoute le problème des orientations dont les listes ont été rendues publiques au début du mois de novembre dernier. Pour le Saes, le logiciel oriente de façon aléatoire les nouveaux bacheliers. Par exemple, c’est le cas pour Pape Thiam qui a eu son baccalauréat en Série scientifique et qui se voit orienter à la Faculté de Droit. “Je me demande comment un élève de série scientifique va mémoriser ses leçons qui est une condition sine qua none pour réussir dans cette Faculté », s’est désolé M. Ndiaye. 59 universitaires vont plus loin en invitant Macky Sall à revoir le décret N° 2013-1295 du 23 septembre et les arrêtés relatifs à l’orientation et à l’inscription des bacheliers dans les universités et établissements publics d’enseignement supérieur. Ceci pour un fonctionnement normal des établissements ainsi que pour la crédibilité des formations et la valeur des diplômes délivrés.

Les forces de l’ordre s’installent

Ces deux mouvements ont précipité l’installation des forces de l’ordre sur le campus social. Face à la détermination du collectif de « master pour tous » et au saccage du rectorat, l’Assemblée a jugé nécessaire d’installer la police sur le campus pour la reprise effective des cours jusque-là arrêtés à cause du mouvement entamé par les étudiants.
Ce qui a soulevé l’ire des étudiants et du Syndicat autonome de l’Enseignement supérieur (Saes). Les camarades de Seydi Ababacar Ndiaye, Secrétaire général du Saes, sont montés au créneau pour exiger le retrait des pandores de l’espace universitaire. « On ne va plus faire cours tant que les gendarmes ne se sont pas retirés de la place et du lieu des étudiants. La police n’a pas sa place ici. Ce n’est pas la présence des policiers au campus qui règle le problème des étudiants », a souligné M. Ndiaye.

Le retard des bourses

Face aux réformes universitaires engagées par les autorités académiques avec l’augmentation des frais d’inscription, les étudiants sont outrés par le retard des bourses de l’année en cours. Ils sont restés plus de 7 mois sans percevoir leur dû. Certains n’arrivaient plus à se payer un ticket de restaurant ou à photocopier des cours. Suffisant pour les étudiants des différentes facultés, écoles et autres instituts de procéder à un arrêt total des cours et de barrer l’avenue Cheikh Anta Diop pour se faire entendre. Le temple du savoir s’est transformé en un théâtre d’accrochage entre potaches et forces de l’ordre. A la place des échanges intellectuels et des débats, ce sont des grenades lacrymogènes des policiers contre des pierres lancées par les étudiants. Bassirou Faye, blessé par balle lors des affrontements entre les forces de l’ordre et les étudiants ce 14 août, a finalement rendu l’âme à l’hôpital Principal de Dakar. Celui-ci, étudiant à la Faculté des Sciences en Licence 1 à l’Ucad, a succombé à ses blessures suite à son évacuation d’urgence, plongeant ainsi le monde universitaire dans l’émoi et la consternation. En attendant que la lumière soit faite sur la mort de l’étudiant, les universités publiques sénégalaises, notamment l’Ucad et l’Ugb, reprennent les cours et examens à partir du mois d’Octobre avec en ligne de mire une session unique pour les évaluations.

Sudonline.sn

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