Dansokho, le tribun qui défie les âges
S’aidant toujours d’une canne pour marcher, Amath Danskho est inlassablement aux côtés de Macky Sall dans sa campagne pour le second tour de l’élection présidentielle, menée à un rythme d’enfer aux quatre coins du Sénégal.
Accompagné de sa fille, »Big Dansk » comme se plaisait à l’appeler le »Cafard libéré » suscite admiration chez les uns et interrogations chez les autres. »Mais pourquoi ne reste-t-il pas à Dakar ? C’est difficile pour lui », chuchote-t-on ici et là.
Il est hors de question pour lui, qui a des »comptes à régler » avec Me Abdoulaye Wade, de ne pas s’impliquer activement dans la campagne électorale du candidat de l’opposition qualifié au second tour. Ainsi, il participe à la mobilisation des électeurs, en perspective du duel Macky Sall-Abdoulaye Wade du 25 mars.
Dans les meetings, le président d’honneur du Parti de l’indépendance et du travail (PIT) est affublé de tous les qualificatifs : »le Nelson Mandela sénégalais », »le Doyen », »l’Infatigable », »le Combattant », »le Fer de lance », etc.
En dépit de sa fragile santé, il est toujours en verve. Le tribun, le harangueur des foules ne perd aucune occasion pour tirer à boulets rouges sur Me Wade, son compagnon d’antan dans l’opposition.
Lundi à Louga (nord), Amath Danskho salue l’unité autour de Macky Sall. Il estime que c’est la ‘’première fois’’ que l’ensemble de l’opposition fait bloc contre le président de la République. Lors d’un meeting à Saint-Louis (nord), le militant du communisme ressasse de vieux souvenirs qui, selon lui, expliquent »le tempérament qu’on [lui] connaît toujours ».
A Saint-Louis, il a révélé que sa foi de combattant de la liberté s’est forgée dans l’ancienne capitale du Sénégal et pour cela il a rendu hommage à ses habitants. »Il y a quelque chose qui m’unit à cette ville’’, dit Dansokho, qui rappelle que ses liens avec Saint-Louis datent des années 1950, lorsqu’il a été arrêté pour avoir publiquement protesté contre l’arrestation du marabout Cheikh Tidiane Sy. »Les Saint-Louisiens m’ont soutenu’’, se rappelle Amath Danskho, âgé aujourd’hui de 74 ans.
Chacune des sorties de l’ancien ministre de l’Urbanisme est un chapelet de critiques contre l’actuel président de la République dont il déplore notamment la politique économique, éducative et sanitaire.
»Le peuple tout entier lui a dit que nous ne voulons pas de ça! », a-t-il martelé, accusant le président-candidat d’avoir »mis à genoux’’ l’économie du pays en dilapidant l’argent du contribuable.
De la même manière, le tourisme est dévoyé par Wade, accuse Amath Danskho qui estime que sa place revient maintenant à Macky Sall
»Monsieur le président est là », décrète-t-il, en désignant le candidat de la Coalition »Bennoo Bokk Yaakaar ».