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VILLES D’AFRIQUE ET D’AILLEURS… Québec – Un vieux port français au cœur de l’Amérique

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De la petite ville fondée par Samuel de Champlain à la grande cité du monde qu’elle est devenue, Québec a gardé ses allures de vieux port qui rythme sa vie au gré des saisons, et des vagues d’un fleuve symbole : Le Saint-Laurent. Autour de ce vaste complexe fluvio-maritime, à travers rails et ponts, gravite une grande partie de l’économie canadienne. Capitale de la province francophone qui porte son nom, Québec est aussi une porte d’entrée au Canada par la mer et le fleuve. Une ville de riches à forte croissance économique. Une métropole d’Amérique et du monde.

A côté de Montréal, on la qualifie souvent de cité administrative et bourgeoise. Plus tranquille, moins frappée par le passé de carrefour de la drogue sud et centraméricaine, Québec est une ville paisible dans l’apparence mais très remuante au plan politique. Dans la province francophone dont il reste la capitale, se trouvent aujourd’hui l’Assemblée Nationale, le siège du gouvernement et tout ce que le Québec qui se voulait libre, compte de leaders. Mais nous sommes toujours au Canada.

En survolant la province francophone de Montréal à Québec, les images en ce mois de mars sont les mêmes un peu partout. Une couleur blanche partout. De la neige dans la rue, devant le portail des maisons, sur le toit des bâtiments etc. Un autre monde, est-on tenté de dire pour les Sahéliens et les Africains qui sont de plus en plus nombreux dans ce pays peu commun : le Canada. Mais, dans cet environnement géopolitique et climatique, la ville de Québec est un cas à part. Moins grouillante que sa voisine Montréal, moins populaire qu’Ottawa, Vancouver, Québec est une ville française qui réunit à elle seule, tout ce que l’influence française a été en Amérique du Nord.

Un tour dans l’arrondissement de Sillery-Sainte Foy-Cap Rouge, comme le Vieux Port, le quartier de Beauport et le Vieux Québec montre les symboles de la longue présence française au Québec et sa province. Mais, ce n’est pas tout. Parce ce que le Québec a de plus beau aujourd’hui, c’est son genre de vie. Une ville ouverte sur le monde du tourisme, des ballades à travers parcs et réserves naturelles. L’exotisme commence à l’entrée de la ville avec la présence des montagnes qui cernent la vieille cité. La permanence de l’eau avec le Fleuve Saint-Laurent qui « déchire » Québec de part en part, ajoute au décor, une note plus exotique. Entre les deux berges, se trouve la belle île d’Orléans. La présence de deux grands ponts (Le Pont de Québec et le Pont Pierre Laporte) reste aussi un symbole.

Une cité tranquille bercée par un fleuve

En ce mois de mars, si à Montréal le dégel a bien débuté, dans la ville de Québec et ses environs, la glace est encore partout. Sur la terre, en haut des maisons et sur toutes les stations du Fleuve Saint-Laurent. Une neige plus épaisse, un froid qui glace dès le seul de la porte des immeubles franchi ; la ville a la réputation d’être plus soumise à la neige que sa voisine Montréal. On pourrait même appeler cette ville Saint-Laurent, tellement le fleuve à travers ses voies de passage laissées par les énormes collines aux alentours ceinture la ville. Sec et tout blanc de neige le Saint-Laurent n’est pas encore navigable. La glace lui permet d’étaler son gigantisme et son emprise sur la vieille ville.

Le taxi qui nous mène du petit aéroport de la ville vers l’Hôtel Saint-Pierre, donne à chaque arrêt, l’ampleur de la chute de neige qui se poursuit dans la ville. Il fait froid. Et à la descente de l’avion déjà, il fallu poser le pied dès la sortie de l’avion sur l’épaisse couche de glace qui tapisse encore les dalles au sol. La route est encore plus mouillée. Verglas et couche de neige s’accumulent devant le portail de maisons, sur les toits, dans les cours. Mais, c’est cela la personnalité de cette ville.

Même plus froide que Montréal, moins vivante, Québec n’en conserve pas moins sa forte personnalité. Ville de blancs et de riches, elle y ressemble à tort ou à raison. Les préjugés ont la vie dure. Dans le centre ville, les allées qui bordent la Rue Saint-Pierre, juste à quelques mètres du fleuve dans le quartier du Vieux Québec, sont presque vides. Quelques ombres passent de temps à autres : des promeneurs solitaires, un couple de vieux qui bravent le froid sous la chaleur de leur manteau, de rares portes ouvertes. Ici tout est clos. Un peu plus loin, même la Promenade des Gouverneurs en face du fleuve, à côté du Boulevard Champlain, dans le quartier du Petit Champlain, (Son ombre est partout ici) est aussi vide. C’est le symbole de la présence française ou de leur passage en Amérique du Nord.

Un pôle politique et administratif

Ce matin du mercredi 16 mars, quand nous arrivons devant les grilles de l’Assemblée Nationale, nous ne savons pas que la journée va se terminer avec la tombée d’une importante quantité de neige. Mais déjà, la veille à l’issue de la réunion tenue dans les locaux de l’Institut pour l’Energie et l’Environnement de la Francophonie (Iepf), Marc Lacharité, un des adjoints de la Directrice générale (1) à la tête de cette importante structure d’orientation et d’accompagnement de la recherche en matière d’énergie, nous a annoncé la couleur. Les débats seront chauds. Très chauds. Ici, à l’Assemblée Nationale, on ne lâche rien, ajoute-t-il d’un petit commentaire, avec un brin de sourire qui en dit long.

Installé sur la tribune en haut de l’estrade, le regard des nouveaux venus est curieux. Ce n’est pas tous les jours que les chercheurs et autres spécialistes ont le privilège de se rendre dans une Assemblée politique pour écouter les politiciens de métiers faire le boulot qu’ils aiment, souvent empreint de bluff et de coups tordus.

Quelques commentaires sur la présence d’un homme noir au niveau de l’hémicycle. Il est dans son monde même venu un jour d’Afrique pour une raison qui lui est propre. C’est aussi le Canada d’aujourd’hui : métissé et très diversifié au niveau de sa population. N’était-ce pas simplement une terre d’immigration et de rencontres ?

Quelqu’un souffle à l’oreille, « c’est un compatriote camerounais ». Avec une grande solennité, le président de l’Assemblée Nationale entouré de ses conseillers entre dans la salle. Un homme de taille moyenne. Courtois et gentil, même si on le connaît pas. M. Yvon Vallières (2), c’est son nom aura le redoutable privilège de diriger les débats (3) qui oppose depuis quelques jours, les libéraux au pouvoir et le Parti Québécois (PQ). Face au Ministre des Ressources Naturelles et de la Faune et Vice Première Ministre, Nathalie Normandeau et le Premier Ministre Jean Charest, une ancienne ministre du mythique René Lévesque (4), Pauline Marois.

45 minutes d’échanges, voila le temps qu’il faudra respecter quoi qu’il arrive. Et le chronomètre en face de l’assistance est là pour le signifier. Deux sujets compliqués attendent le gouvernement québécois : les effets des activités d’Hydro Québec sur l’environnement et la réforme des universités avec la hausse des droits d’inscription. Depuis sa fondation, Hydro-Québec joue un rôle déterminant dans le développement économique du Québec, par la taille et la fréquence de ses investissements, par le développement d’une expertise reconnue, notamment dans le domaine du génie-conseil, de la gérance de grands projets d’infrastructures et du transport de l’électricité, ainsi que par sa capacité à produire une grande quantité d’électricité à bas prix. Cependant, la construction et l’exploitation de ces aménagements ont eu des conséquences sur l’environnement nordique. Elles ont aussi eu un impact sur les populations autochtones vivant dans le Nord du Québec, qui ont vigoureusement contesté les développements hydroélectriques de l’État québécois.

Le débat est vif et de temps à autres, le président plein de sérénité et d’autorité, se lèvent pour faire observer quelques minutes de calme et reprendre les échanges. Nous sommes bien à Québec, capitale politique et lieu de débat des leaders francophones. Après les questions sur l’environnement qui n’ont pas eu de réponse devant la subtilité des dirigeants du Parti libéral à esquiver les questions sans jamais donner l’impression de vouloir apporter quelques réponses, vient l’épineuse équations des droits d’inscription à l’université. Jeu de subtilité et d’esquive, aucune question ne trouve aux yeux du Premier Ministre et de la Ministre des Universités, une vraie réponse.

Se bornant à répéter les réflexions d’une députée du Parti Québécois qui signalait lors d’un entretien avec un journaliste que le rôle de l’opposition était de s’opposer et non de donner des réponses au gouvernement qui risquaient de la desservir. La ministre de l’Education, du Loisir et du Sport, Line Beauchamp a servi comme réponse cette réflexion pour le peu de temps qu’elle en a dit au cours de cette session. Faisant se tordre de rire les députés de son parti et jaser de colère, ceux d’en face du Parti Québécois. En voilà pour les débats au bout de 45 minutes houleuses et chaudes au cours desquelles, aucune bonne réponse n’aura été servie à l’assistance. Tout le monde sera resté sur sa faim finalement dans ce jeu de ruse. Mais, c’est çà la politique ici à Québec, nous lance un député qui connaît bien la musique. Le reste est laissé à l’appréciation des chroniqueurs des journaux, des radios et de chaînes de télé comme Denis Levesque sur LCN et encore…

En sortant vers 15 heures du restaurant de la Grande Assemblée Nationale québécoise, la neige attend le groupe dehors. Le ciel est gris. Le temps frais. Peu de personnes circulent encore dehors.

Notes de l’auteur

Les pages « Villes d’Afrique et d’ailleurs…» que nous avons lancées avec notre regard sur la ville de Montréal, sont une nouvelle rubrique qui s’inscrit dans notre volonté d’explorer davantage, de nouvelles pistes de connaissances sur la citoyenneté, l’urbanité, les nombreuses mutations sociales et technologiques qui affectent les villes du monde. Pour dire aux lecteurs de votre cher journal, que notre regard sur ce qui se fait de mieux ici ou ailleurs, ne fera pas de frontières. Vous trouverez tous les mois des reportages, dossiers sur l’urbanisme, l’habitat et le foncier, le design et les innovations, le confort et le bien être des gens dans les grandes villes du Sénégal, d’Afrique et du monde. Notre imaginaire est à la recherche d’un modèle urbain qui inspire les citoyens de tous bords, les décideurs et élus. Nous attendons vos contributions et suggestions pour un vaste partage de savoir, d’expérience et de vision sur notre devenir commun…
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