Les associations de la société civile de lutte contre le tabac en veulent au Premier ministre du Sénégal, qui a demandé aux parties prenantes devant élaborer la loi sur le tabac d’impliquer l’industrie du tabac. Ce qui est contraire à l’article 5.3 de la Convention cadre de lutte contre le tabac que le Sénégal a pourtant ratifié en 2006.
Abdoul Mbaye est dans le collimateur des associations sénégalaises et même africaines de lutte contre le tabac. Le Premier ministre du Sénégal a, en effet, exigé que le projet de loi contre le tabac actuellement dans les coursives du gouvernement prenne en compte les «intérêts de l’industrie du tabac.» Il a ainsi demandé, par écrit, à la commission technique devant apporter sa dernière touche au texte d’impliquer les fabricants de cigarettes dans ses prochaines réunions, pour leur permettre d’y introduire des modifications dans le sens de préserver leurs intérêts, violant de façon flagrante les dispositions de la Convention cadre de lutte contre le tabac que le Sénégal a ratifié en 2006.
Ladite Convention dispose dans son Article 5.3, que : «En définissant et en appliquant leurs politiques de santé publique en matière de lutte antitabac, les Parties veillent à ce que les politiques ne soient pas influencées par les intérêts commerciaux et autres de l’industrie du tabac, conformément à la législation nationale.» Voilà que le Premier ministre en personne, pour des raisons que les associations de lutte contre le tabac cherchent encore – même si elles disent en connaître un bout -, décident de tordre le bras aux parties qui ont déjà confectionné un «bon texte» inspiré de la loi cadre de l’Organisation mondiale de la santé, pour les «beaux yeux» de l’industrie du tabac évoluant au Sénégal.
Des gens ayant participé à l’atelier de sensibilisation des députés sur la loi contre le tabac, tenu samedi dernier, sont formelles : Abdoul Mbaye veut préserver les intérêts des industries du tabac au détriment du pays. Le Sénégal dépense chaque année la somme de 51 milliards de francs Cfa pour soigner ses citoyens atteints de maladies chroniques, dues en grande partie à la consommation du tabac. Même si l’Etat récolte 22 milliards de francs au titre de taxes annuelles sur la vente du tabac, il est très loin des 31,5 milliards de francs de profits, réalisés par an, par l’industrie du tabac au Sénégal. Une manne financière qui n’est pas réinvestie dans ce pays sous quelque forme que ce soit.
Ce qui est assez aberrant aux yeux des députés, qui ont pris part à cette rencontre. Certains d’entre eux comme Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar et Alpha Baldé, président de la Commission Santé et Affaires sociales de l’Assemblée nationale se sont indignés des chiffres brandis, par le Dr Abdoul Aziz Kassé, président de la Ligue sénégalaise contre le tabac (Listab). Ensuite, ils ont assuré leur implication pour que le Sénégal ait une bonne loi à l’image du Ghana, du Mali ou même de la… Gambie voisine.
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Violation de la loi-cadre de l’Oms sur le tabac : Abdoul Mbaye fume pour les industriels – Il demande à sauvegarder leurs intérêts dans la nouvelle réglementation
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