En déposant une plainte contre Pape Ndiogou Ndiaye pour violences, voie de faits et outrage à agent dans l’exercice de ses fonctions, le policier Ayoba Fall espérait obtenir gain de cause. Mais, le prévenu a finalement été relaxé par le juge des flagrants délits.
«On compte sur vous pour assurer notre sécurité. C’est incompréhensible que l’on dise qu’un policier a attrait un militaire à la barre pour un fait aussi banal», a dit d’emblée le juge aux deux hommes en tenue. Ayoba Fall, agent de police au commissariat de Rufisque, a traîné devant la barre le militaire Pape Ndiogou Ndiaye. Il lui reprochait d’avoir refusé d’obéir à ses ordres, alors qu’il était dans l’exercice de ses fonctions.
Il y a quelques jours, le militaire, victime d’un accident à hauteur de la gendarmerie de Rufisque, s’est rendu au commissariat de la ville pour un constat. Sur place, il rencontra des agents de la sécurité de proximité qu’il a formés. Après l’échange de quelques salamalecs et de bons souvenirs, le militaire décida de contourner le poste de police pour se renseigner sur l’attestation qu’il était venu chercher. Non content du geste de Ndiaye, le policier Ayoba Fall lui intima l’ordre de se mettre devant le poste de police. Le militaire déclina son identité. «Je suis le caporal-chef Pape Ndiogou Ndiaye», lui dit-il. Cette réponse ne fut pas du goût du policier qui lui demanda de nouveau d’aller se mettre devant le poste de police.
‘’… comme des analphabètes’’
Le militaire finit par s’exécuter, en déposant ses papiers sur le comptoir. Ayoba entra dans une colère noire et jeta les papiers par terre. A son tour Pape Ndiogou Ndiaye se mit en colère. Les deux hommes en vinrent aux mains, avant qu’ils ne soient séparés par les agents de l’ASP. Le militaire fut sur le champ mis aux arrêts, avant d’être déféré au parquet pour violences, voie de faits et outrage à agent. Autant de délits qu’il n’a cessé de nier. A l’en croire, son seul tort a été de ne pas se présenter devant le poste de police. Mais, son intention n’a jamais été de riposter face aux remarques du policier.
Tout comme le juge, le parquetier n’a pas manqué de faire des remontrances aux deux parties. «Même un citoyen lambda vous considérerait comme des analphabètes. Dans votre corporation, on vous impose de cohabiter de la meilleure des façons. Il faut vous tolérer et vous accepter», a lancé le procureur avant de demander l’application de la loi. Les avocats du prévenu ont eux plaidé la relaxe de leur client, en insistant sur le fait que ce dernier n’a commis aucun délit. Mieux, Me Daffe a laissé entendre que c’est lui la victime.
«Il a été agressé, tabassé, avant d’être envoyé au violon, pendant 34 heures», a-t-il dit d’un ton ferme. Avant d’ajouter, «si un policier ose se comporter ainsi devant un militaire, que ferait-il face à un simple citoyen sénégalais?», s’est demandé Me Daffe. Son confrère Me Bassirou Ngom en a remis une couche. « S’il ne change pas, il ne sera jamais un policier exemplaire », a-t-il martelé, avant de demander la relaxe de son client. Pape Ndiogou Ndiaye a finalement été relaxé par le juge. Il n’a pu s’empêcher d’exprimer sa joie.
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