C’est en janvier 2020 que le président de la République a promulgué la loi criminalisant le viol et la pédophilie. Il n’empêche que plusieurs cas de viols ont été enregistrés depuis et ont même fini par toucher le landerneau politique. Qu’est-ce qui a vraiment changé en matière de sanction par rapport à l’ancien code pénal ? Et pourquoi le durcissement de la loi tarde-t-il à produire ses effets ? Lactuacho apporte des éléments de réponse.
L’Association des juristes du Sénégal (Ajs) a organisé, le mois dernier, un atelier d’échange avec les acteurs de la justice sur les stratégies de vulgarisation de la loi criminalisant le viol et la pédophilie au Sénégal. Mais, selon les femmes juristes, la recrudescence des faits de violences sur toutes leurs formes a pris une ampleur inquiétante au Sénégal, ces dernières années.
Selon le rapport présenté durant cet atelier, il a été noté de janvier à novembre 2019 par les huit (08) boutiques de droit de l’Ajs, 1229 cas de violences perpétrées sur des femmes, des filles et des gerçons.
Les cas de viol constituaient une partie importante des dossiers traités et suivis au niveau de ces boutiques de droit en raison de la prise en charge holistique disponible gratuitement. Ces cas de viol s’élevaient à 290 en 2020 alors que pour l’année 2021, 263 cas avaient été enregistrés par les huit boutiques de l’Ajs.
Il a été souligné que la tranche d’âge particulièrement touchée par cette forme de violence était celle comprise entre 11 et 12 ans.
En outre, 258 cas de viols ont été enregistrés en 2021 rien qu’à Dakar. Révélation faite par la Secrétaire exécutive de l’Association des juristes du Sénégal. Malgré le fait que la loi criminalisant le viol a été votée, il y a de cela deux ans, le fléau est plus que jamais là.
Pour rappel, la loi criminalisant le viol et la pédophilie était lancée dès 2019, année marquée par un bilan très alarmant des cas de viols, suivis parfois de meurtre. Une série d’agressions à caractère sexuel commis sur des femmes et des filles et qui avait heurté à l’époque la sensibilité de toute la communauté. C’est ainsi que les organisations de la société civile s’étaient réunies autour d’un collectif afin d’exiger que le viol soit sévèrement puni. D’autant plus que le vol du bétail l’a été auparavant.
Le plaidoyer du collectif reposait de façon explicite sur l’adoption d’une loi criminalisant le viol et la pédophilie.