Les centaines de travailleurs et leurs familles, les milliers de sénégalais qui empruntent chaque jour DDD pour aller travailler ou simplement vaquer à leurs occupations le réclament : qu’on vire Salvy de la tête de la société nationale de transport. C’est devenue désormais une affaire nationale et une question de salubrité publique et de sauvegarde de la paix sociale, voire civile.
Ne voilà t-il pas un Monsieur à qui le pays, donc les contribuables, a tout donné (un gîte, un emploi que beaucoup de nationaux lui envient, un statut) qui, comme « récompense », n’a rien mieux trouvé que de mettre à genou une société nationale de transport hautement stratégique dans un pays. Subventionné par les contribuables via l’Etat du Sénégal, avec des rentrées journalières non négligeables, Monsieur, en gestionnaire amateur, a mis à la casse plus de la moitié des bus qui lui avaient été remis.
Evidemment, quand il remise des centaines de bus des garages, c’est la faute de ces sauvageons d’élèves et d’étudiants qui les ont cassés. Aucun moteur n’a été cassé ; juste quelques vitres et pneus enflammés. Ce n’est quand même pas la mer à boire comme réparations. Evidemment, dans le même temps, on empoche honteusement les subventions de l’Etat. Re-évidemment, quand on vit sous les tropiques où le gaspillage est le sport politique national, on se dit : pourquoi se casser la tête quand on …casse des bus.
Bien sûr, les quelques cent bus encore en circulation sont loin de répondre aux besoins du transport de la capitale. Mais leur immobilisation depuis presque dix jours fait de la vie des usagers, notamment ceux de la banlieue, un enfer quotidien. Sous le silence tonitruant des autorités qui font montre d’une pudeur crade à l’égard de ce Monsieur qui aggrave le manque à gagner de l’Etat. Combien de directeurs de sociétés qui, pour moins que la moitié des fautes du directeur général de DDD ont été virés comme des malpropres. Certains n’avaient même pas commis de fautes ; il fallait juste caser des « frères » de parti et des transhumants, militants de la centième heure.
On ose croire que ce que les travailleurs de DDD en assemblée générale criaient soit vrai : que Monsieur était le protégé de notre Première dame et de son fils qu’on trouve décidément dans toutes les sauces épicées de la République. Comment peut –on préférer un seul homme à toute une communauté ?
Encore une fois, la politique du pourrissement n’est pas socialement rentable et politique improductive électoralement. Socialement, car dès ce jeudi, des milliers d’élèves doivent affronter les épreuves de bac de philosophie, avant le bac lui-même dans quelques semaines. Quel élève pourrait se réveiller à 4-5heures du matin des parcelles pour être à l’heure dans son centre concentré. Politiquement, il est peu probable que les citoyens-usagers de ce transport public, oublient demain que pendant des jours on a fait de leur vie un enfer pour protéger un homme ; un homme qui a été incapable d’offrir aux usagers des services dont ils sont en droit d’attendre d’une société publique.
Il est temps d’entendre le cri de bons sens des travailleurs de DDD : « na dem, na dem, na dem » (qu’il parte, qu’il parte, qu’il parte). Un slogan qui avait fait fureur en 2000. Et son inventeur est aujourd’hui à la place de celui qui a été victime de son slogan, qui est un cri de cœur et de détresse de « gens fatiguées ».On ne devrait pas oublier certaines leçons de l’Histoire.
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