Le parc zoologique de Hann est en train de faire peau neuve. Ou plutôt de vouloir faire peau neuve. Certaines innovations ont été apportées comme de faire accompagner les visiteurs par un guide formé à cet effet et bien imprégné de l’histoire du parc et de sa population.
Au nombre de neuf, les jeunes guides qui travaillent dans le parc zoologique sont, la plupart du temps, assis sous un arbre dans l’attente d’éventuels visiteurs. Assis juste après l’entrée à gauche, ils restent bien visibles et rarement au complet, car très souvent à l’intérieur du parc, faisant leur boulot. C’est la toute nouvelle innovation apportée par le commandant Lamine Guèye, directeur du parc zoologique de Hann. «C’est à l’image de ce qui se fait dans les pays européens», explique-t-il. Parmi eux, Astou Ndiaye, jeune fille svelte à la noirceur d’ébène et à la voix chantonnante. Elle a été formée en moins de deux semaines et officie depuis près d’un mois dans le parc zoologique. Elle récite l’histoire de chaque animal comme si elle avait toujours vécu parmi eux.
La visite guidée commence chez les oiseaux. Les marabouts plus précisément. «Chaque guide a son style, mais moi j’aime toujours commencer par eux», laisse-t-elle entendre. Deux petites mares ont été aménagées pour accueillir ces oiseaux. Profitant de notre présence chez les marabouts, le directeur Lamine Guèye fait remarquer que «c’est à cause de cet oiseau que les Blancs appellent nos serignes marabouts, à cause de son plumage noir qui ressemble à un manteau, son col blanc et sa barbe. C’est aberrant !» Ces marabouts vivent en même temps que des oies blanches de Toulouse et de la Gambie. Très propres, ces oies se dandinent dans leur petit jardin. La visite se poursuit vers la mare des crocodiles d’eau salée, ils sont au nombre de 31 dans cette première mare, mais sont tous pratiquement entassés dans l’eau. Astou explique : «Ils peuvent peser jusqu’à une tonne et peuvent vivre jusqu’à 70 ans. Ces crocodiles peuvent rester deux ans sans manger. Ils changent une fois tous les deux ans.»
Le parc ressemble à un immense jardin pour la diversité de sa flore, mais aussi à une forêt classée pour les nombreuses variétés d’arbres qu’on y retrouve. Le baobab, arbre emblématique a bien sa place dans ce parc très paisible. Les allées permettent aux visiteurs de circuler de façon très aisée. Et c’est en arpentant ces allées que l’on tombe sur Bouki l’hyène, couché dans sa grande cage. Il semble indifférent à ce qui se passe autour de lui. Sinon il saurait que le parc compte 187 animaux pour 24 espèces. Ils viennent pour la plupart du Sénégal, de l’Afrique du Sud, de l’Asie et de l’Autriche. Tout à côté de Bouki, des singes rouges s’agitent dans leur cage et font des allers-retours incessants, les babouins de la Guinée Conakry se balancent nonchalamment. Et la guide Astou Ndiaye de dérouler : «Les babouins verts ont des testicules rouges et les singes rouges des testicules verts.» Sans se soucier de cette atteinte à leur intimité, ces babouins mangent les patates douces qui leur sont servies comme nourriture.
Dans la solitude de sa cage, un vautour du Sénégal, mangeur de charogne, semble somnoler sur sa balançoire. Au moment où en face de lui, les porcs-épics aussi prennent leur dîner. Ils rongent les patates douces qui leur sont servies. «Ils ne voient que pendant la nuit et peuvent vivre jusqu’à 15 ans. Ils viennent de la Guinée», explique Astou. C’est aussi de la Guinée qu’est originaire ce buffle gris-noir, aux longues cornes. Dans son espace clôturé, il broute l’herbe, une petite mare pas très loin. Sans se faire annoncer, la cage des pythons se dresse sinistrement au milieu de tous ces animaux. Le grillage qui les maintient en captivité est beaucoup plus épais que ceux des autres cages où ce sont de simples barres de fer. Ils sont au nombre de six et dorment enroulés sur eux-mêmes. Ils mesurent entre 6 et 7 mètres et peuvent peser jusqu’à 100 kilos. Information fournie par notre guide : «En captivité, les pythons peuvent vivre jusqu’à 100 ans. Ils mangent des insectes et de la viande.»
Un peu plus loin, deux autruches se pavanent la tête haute dans leur petit jardin. Le plumage tantôt ébouriffé tantôt lisse, ils semblent être lancés dans une opération de séduction en direction des visiteurs qui se pressent pour les prendre en photo. Ils viennent d’Amérique du Sud et d’Autriche et ont une espérance de vie très longue pouvant aller jusqu’à 70 ans. Quant à leur œuf, «il peut peser jusqu’à un kilo». Les autruches font face à la cage des lions, véritables attraction du zoo. Mais ce soir, tous ne sont pas dans leur cage qui est en train d’être carrelée. Mais il y a bien «Kadhafi» et «Sira» qui sont là, impassibles au flash des appareils photos et des téléphones portables. «Kadhafi», qui porte le nom du Président libyen peut, comme sa compagne manger jusqu’à 7 kilos de viande par jour. «Ils ne mangent que trois fois par semaine», explique Astou. «Et leur rugissement peut se faire entendre à 18 km d’ici. C’est-à-dire du parc, jusqu’à Rufisque, mais ils rugissent rarement sauf quand ils sont menacés. Ils peuvent vivre jusqu’à 34 ans exceptionnellement.» Ces lions sont au nombre de neuf en plus de deux nouveau-nés enregistrés la semaine dernière. Les lions tout comme leurs femelles portent tous des noms. Ils s’appellent «Kadhafi», «Abdoulaye Wade», «Bachir Guèye», «Soukeyna», «Mounass». Mais aussi le lionceau «Mactar Fall» du nom de l’ancien directeur du parc décédé. Pour la petite histoire, «Mactar Fall» avait un jumeau à la naissance. Mais ce dernier qui a commis l’imprudence de jouer trop près de la grille où se trouvait la vielle lionne «Sira», a été dévoré par cette dernière qui n’a jamais enfanté. Bébé Mactar a d’ailleurs été blessé et à même failli y passer, mais il sera isolé, soigné et nourri au biberon. Aujourd’hui âgé de six mois, il est dans sa cage, en train de savourer goulument une bonne tranche de viande. Et à ses côtés, se trouve un… homme. Il est tranquillement assis sur un tronc d’arbre dans la cage du lionceau, le téléphone portable collé à l’oreille. «C’est Ousmane, c’est lui qui s’occupe de Mactar Fall», confie la guide Astou Ndiaye. «Bébé Mactar est encore inoffensif, et on le fait même se promener avec une laisse, mais quand il aura un an, ce ne sera plus possible. Il deviendra dangereux et ne pourra plus sortir de sa cage», poursuit notre interlocutrice. Pour le moment le lionceau est plus occupé à jouer avec son sauveur qui le tient dans ses bras, malgré ses quarante kilos, ou jouer avec un ballon de basket. Peut-être qu’un jour, il pourra se reconnaître comme le roi du parc.
Au petit trot, de brèves visites ont été rendues au phacochère qui vit seule dans la partie qui lui est réservée, mais aussi aux moines capucins, aux pintades, aux dindes, aux lapins, aux tortues qui ont une durée de vie de 300 ans, à l’antilope appelé coba en wolof et dont la corne est utilisée par les lutteurs, à l’élan du cap qui peut peser jusqu’à 800 kilos, à l’Orix qui vient d’Afrique du Sud. Les beaux pumas aussi qui sont des carnivores qui viennent d’Amérique du Sud peuplent le parc de Hann, de même que le tigre d’Asie qui peut faire plus de 800 kilos. Il est là depuis 2000. C’est un animal qui marque son territoire par ses urines. Il peut vivre jusqu’à 25 ans.