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Vox populi…

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En démocratie, c’est une évidence, le peuple a un avis sur la marche des choses. Tenir compte de cet avis, dans ses délibérations, est, pour tout détenteur d’une parcelle de pouvoir confiée par ce peuple, à travers son suffrage, une manière de témoigner à ce peuple qu’on est à son écoute et qu’on est à son service. En revanche, ignorer l’opinion du peuple, c’est s’exposer à sa défiance et à sa sanction.
Et le 29 juin 2014, le peuple a parlé. Qu’est-ce qu’il a dit? À travers les urnes, les électeurs et électrices ont sanctionné négativement la politique d’un gouvernement et exprimé leur désaccord quant à la démarche du Président de la République dans la gestion des affaires publiques. Qu’on ne me dise pas qu’il s’agit d’élections locales qui, à priori, n’ont aucun impact sur l’action du Chef de l’État. Sinon comment expliquer, récemment, la démission du gouvernement Ayrault, à la suite des mauvais résultats obtenus par le camp de Hollande, au lendemain des élections municipales en France? Qu’on ne me dise pas non plus que la coalition Benno bokk yaakaar, conduite par le parti présidentiel, est sortie victorieuse de ces élections en remportant le plus grand nombre de collectivités locales. Il ne s’agit pas d’additionner le nombre de localités remportées et fermer les yeux sur l’importance et le symbole de celles perdues. Quand la coalition au pouvoir ne gagne pas des localités aussi importantes que Dakar, la capitale, et de grands centres urbains comme Ziguinchor, Thiès, Diourbel, Dagana, Mbacké, Bignona, Saint-Louis, Kaffrine…, il faut admettre que sa victoire, si victoire il y a, doit avoir un goût amer.
Il revient au Président Macky Sall de lire sereinement ces résultats et de prendre froidement les décisions qui s’imposent pour continuer d’entretenir dans le cœur des Sénégalais et des Sénégalaises cette espérance qui les avait amenés à voter pour lui contre le Président Wade et à rétablir cette confiance qui est en train de se rompre pour plusieurs raisons. D’abord, les Sénégalais et les Sénégalaises, de notoriété publique, s’étaient mobilisés contre Wade parce qu’ils le soupçonnaient de vouloir procéder à ce qu’on a appelé une « dévolution monarchique du pouvoir ». Or, le Président Macky Sall passe pour quelqu’un qui favorise le partage du pouvoir entre membres de sa famille et de sa belle-famille. Si Macky Sall n’était pas Président de la République, Aliou Sall, Adama Faye, Mansour Faye, Ndèye Binta Gassama et Abdoulaye Timbo penseraient-ils pouvoir être, un jour, candidats à des mairies du Sénégal? Quels que soient leur mérite personnel et leur droit de conquérir les suffrages de leurs concitoyens, s’ils n’étaient pas liés au Président de la République, ils n’iraient pas jusque-là. Ils ont le droit de soutenir le Président de la République mais ils peuvent le faire autrement, en ne convoitant pas des postes électifs ou administratifs qui les mettent au-devant de la scène. Ensuite, le Président de Macky Sall doit mettre fin à cette escroquerie qui dure depuis plus de deux ans et veut faire croire qu’il a été élu grâce au soutien d’un tel ou d’un tel autre. C’est lui seul que les Sénégalais ont élu. Si le souhait des autres candidats, Niass et Tanor notamment, s’était réalisé, il ne dirigerait pas le Sénégal aujourd’hui. Abdou Latif Coulibaly, d’ailleurs, son ardent défenseur aujourd’hui, lors de la campagne électorale de 2012, se plaisait à dire que voter Macky Sall revenait à faire « du Wade sans Wade ». Ce rappel me permet de dire qu’une des raisons qui semblent entacher les relations entre Macky Sall et ses supporteurs est sa propension à s’entourer de ceux qui le dénigraient hier et qui n’ont jamais voulu qu’il fût président. Souleymane Jules Diop même lui déniait la capacité de dirigeait un parti, à fortiori un pays. Les internautes se plaisent à mettre en ligne ses chroniques pour se demander comment Macky Sall qui faisait l’objet de ses attaques peut travailler avec lui. C’est que ces gens qui n’avaient de cesse de dénigrer Wade et son pouvoir ne semblent avoir été mus que pour leurs intérêts. Que sont devenus tous ceux qui, en dehors des partis politiques, semblaient se poser en défenseurs des intérêts des populations (Abdou Aziz Diop, Penda Mbow, Amsatou Sow Sidibé, Jacques Habib Sy, Alioune Tine, Sidiki Kaba…) en se revendiquant de la société civile? Leurs prébendes semblent les avoir rendus aphones devant les difficultés des populations alors qu’on les entendait sur tout et rien. Certains affidés de Macky Sall lui reprochent de s’entourer de ces gens en oubliant qu’il y a dans son parti des cadres qui peuvent lui être plus utiles. Ceux qui se réclament de la société civile font de la politique et, en entrant dans un gouvernement, ils acceptent des charges politiques, ils acceptent d’être comptables de tout ce que fait le gouvernement dans un sens ou dans un autre. S’ils sont conséquents avec eux-mêmes, car décriant la gestion des affaires par les partis politiques (ce qui les a conduits à en prendre une distance), les membres de ces organisations se réclamant de la société civile devraient se garder d’entrer dans un gouvernement essentiellement constitué par un ou des partis politiques. Cela vaudrait mieux, d’ailleurs, pour des raisons éthiques.
En un mot, le Président de la République devrait revenir à l’orthodoxie qui veut que le ministère et certaines charges au sommet de l’État soient des fonctions politiques à confier rigoureusement à des hommes et à des femmes politiques. Il devrait aussi se défaire, dans la gestion des affaires, de certains collaborateurs encombrants. Ce faisant, il initiera une réconciliation avec ses partisans et électeurs et envisagera sereinement la possibilité d’un second mandat. Tel est le sens de la voix du peuple.

Daouda Cissé.
Laval, Québec
[email protected]

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