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Wade sur le procès Habré et l’affaire El Béchir : Le scénario de Kampala

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Le gouvernement sénégalais ne s’occupera pas des questions de financement dans le cadre du procès de Hissène Habré. L’annonce a été faite par le chef de l’Etat sénégalais aux organisations de droits humains venues le rencontrer à Kampala, en marge du sommet de l’Union africaine.

Le gouvernement sénégalais ne s’occupera pas des questions de financement dans le cadre du procès de Hissène Habré. L’annonce a été faite par le chef de l’Etat sénégalais aux organisations de droits humains venues le rencontrer à Kampala, en marge du sommet de l’Union africaine. A ces dernières, Abdoulaye Wade a fait comprendre que le Sénégal ne mettra pas ses fonds dans le budget du procès et qu’il reviendra à l’Union africaine de désigner un ordonnateur des dépenses et un comptable.

Par Madiambal DIAGNE

ImageLe Président Abdoulaye Wade déclare toujours tenir à faire juger l’ancien dictateur tchadien Hissène Habré en terre africaine et au Sé­né­gal. C’est ce qu’il a confié à une délégation d’organisations des droits humains qu’il a rencontrée mardi à Kampala, en marge du sommet de l’Union africaine qui se tenait en Ou­ganda. Pourtant, le Président Wade affirmait s’être rendu en Ouganda où le dossier de l’affaire du jugement de Hissène Habré devait être évoqué, avec la ferme intention de se délester de cet encombrant dossier qui «(l’)agace». Mais il se ravisera, car considère-t-il, cela lui ferait «honte de voir Hissène Habré jugé par une juridiction occidentale. Il doit être jugé en Afrique».
Avant l’arrivée du Président Wade à Kampala, Reed Brody de Human rights watch, Alioune Tine de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho) et Clément Abaifouta  de l’Association tchadienne des victimes de Hissène Habré avaient déjà multiplié les contacts avec des officiels africains pour les sensibiliser sur la question de la nécessité de juger Habré au Sénégal. D’ailleurs, de nombreux pays africains ainsi que l’Union européenne se sont engagés à participer au financement du procès.
Le chef de l’Etat sénégalais, qui avait à ses côtés son ministre des Affaires étrangères, Me Madické Niang, a indiqué à ses hôtes,  com­me le rapporte Alioune Tine, que «le gouvernement sénégalais ne s’occupera nullement des questions de financement. Le Sénégal ne mettra aucun sou dans le procès et ne s’occupera pas du budget. Il appartiendra à l’Union africaine de désigner un ordonnateur de dépenses et un comptable. Le Sénégal n’a rien à voir avec ça», a martelé le Président Wade.
Une telle annonce jure d’avec la volonté longtemps affirmée par le Sénégal de disposer de l’intégralité du budget de financement du procès avant d’entamer toute poursuite. Ce budget était estimé par le gouvernement sénégalais à 18 milliards de francs Cfa. Les organisations de droits humains et les experts de l’U­nion européenne ont toujours con­tes­té un tel budget, considérant mê­me que cela ressemblait à un procédé de dilatoire de la part du gouvernement sénégalais, qui ne serait pas enthousiaste à juger His­sène Habré, réfugié à Dakar depuis sa fuite de Ndjamena en 1990, chassé par les troupes rebelles conduites par l’actuel Président Idriss Deby Itno.
En tout cas, le Président Wade a voulu lancer un message aux victimes en leur déclarant?: «Si j’ai accepté que Hissène Habré soit jugé au Sénégal, c’est parce que tout individu qui commet des crimes graves doit rendre des comptes. Je souhaite que Hissène Habré soit jugé.» Dans cette optique, il a indiqué vouloir mettre tout le monde à l’aise, en dégageant la responsabilité de son gouvernement quant à la gestion des fonds nécessaires pour le procès.

PAS QUESTION DE TENIR LE PROCES AU NOUVEAU PALAIS DE JUSTICE DE DAKAR
Toutefois le Président Wade n’a pas manqué de formuler une nouvelle objection, qui risque de doucher l’ardeur des victimes et de toutes les personnes, qui s’échinent pour que Hissène Habré réponde devant la justice des hommes pour les milliers de crimes et actes de torture. En effet, le Président sénégalais a précisé qu’il ne saurait être question de tenir le procès de Hissène Habré dans les locaux du nouveau Palais de justice de Dakar. «Ce nouveau Palais de justice a été construit pour les justiciables sénégalais. L’Union africaine n’a qu’à réfectionner l’ancien Palais de justice du Cap Manuel ou même louer des locaux pour abriter le procès. Je ne sortirai pas les magistrats sénégalais de leur bureau pour faire de la place au jugement de Hissène Habré», a-t-il déclaré. Une telle décision constitue un revirement de la part du Sénégal car lors d’une dernière mission d’experts dépêchés par l’Union européenne à Dakar, il avait été retenu la solution d’affecter une aile inutilisée du nouveau Palais de justice de Dakar pour y organiser le procès de Hissène Habré.

MANDAT D’ARRET CONTRE LE PRESIDENT SOUDANAIS :Le Président sénégalais prêt à livrer El Bechir à la Cpi

L’audience que le Président Wade a accordée à Kampala à Reed Brody et Alioune Tine a été l’occasion pour ces responsables d’Ong de défense des droits humains de l’interpeler sur la procédure ouverte devant la Cour pénale internationale (Cpi) contre le Président Soudanais Omar el Bechir. Le Président Wade a répondu qu’il est favorable à la comparution de Omar El Bechir devant la Cpi. Toutefois, il a souligné qu’il n’a pas le sentiment que l’infraction de génocide soit constituée contre le Président El Béchir. «Je crois plutôt qu’on pourrait le poursuivre pour crimes de guerre, mais pas pour génocide. Je l’ai clairement dit au Président Bush (Ndlr : ancien Pré­sident des Etats-Unis d’Amérique) et au procureur Luis Ocampo (Ndlr?: procureur de la Cpi).»
Pour ce qui le concerne, le Pré­sident Abdoulaye Wade réitère «sa conviction» que les auteurs de crimes doivent répondre de leurs actes. «Si j’ai fait que le  Sénégal ait été le premier pays africain à ratifier le traité de Rome instituant la Cpi, c’est par conviction.» Il y a lieu de préciser que sur ce point, le Prési­dent Wade s’est trompé, car le traité de Rome avait été ratifié en 1999 par le Président Abdou Diouf et Me Jacques Baudin était son ministre de la Justice. En tout cas, le Prési­dent Wade tient à respecter ses «ob­ligations vis-à-vis de la Cpi». Ainsi, il a annoncé que son pays exécutera le mandat d’arrêt international lancé par la Cpi contre le Président El Bechir, si ce dernier se trouverait en terre sénégalaise.

lequotidien.sn

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