Ils sont tous nés ‘dans’ le conflit casamançais. Et aujourd’hui encore, les étudiants de l’université de Ziguinchor assistent à cette guerre qui s’éternise. Et c’est parce qu’ils ne peuvent plus supporter cet état de fait qu’ils sont descendus, hier, dans la rue pour exiger le retour de la paix en Casamance.
(Correspondance) – Ils étaient plusieurs centaines d’étudiants hier dans les rues de Ziguinchor avec un seul mot à la bouche : la paix. Car, cette ambiance, les étudiants de l’université de Ziguinchor ne l’ont presque jamais connue, pour la plupart en tout cas. Nés pendant le conflit, ces jeunes semblent fatigués de vivre cette situation de guerre. ‘Nous sommes nés dans le conflit, nous y avons grandi, mais nous voulons que ça cesse’. Ce cri de cœur était celui des marcheurs qui ne veulent qu’une seule chose : que la Casamance retrouve la stabilité. Une ambiance qui est loin d’être celle de l’université de Ziguinchor quelques fois victime des accrochages entre l’armée et les combattants du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc).
Situé à la périphérie de la ville, ce temple du savoir est souvent ‘au cœur’ de la violence. C’est d’abord un obus qui tombe sur un bâtiment faisant des dégâts matériels importants. Ensuite, l’enceinte de l’annexe de l’université devient un champ de tir pour l’armée. Pendant toutes ces opérations contre les rebelles indépendantistes, l’atmosphère était devenue invivable au sein de l’université. A chaque fois, les cours étaient perturbés par les coups de canon qui finissaient par semer la panique. Pendant un moment, même le campus social était déserté par les étudiants, soucieux de leur sécurité. Une situation qui avait inspiré cette réflexion à un professeur : ‘Si ça continue comme ça, nos étudiants passeraient plus de temps à se cacher qu’à apprendre leurs leçons’.
Aujourd’hui, c’est cette situation que les étudiants de l’université de Ziguinchor sont fatigués de supporter. ‘Nous voulons étudier dans la paix’. Cette phrase, les étudiants l’ont répétée hier tout au long du parcours qui les a menés à la gouvernance. Devant le chef de l’exécutif régional, les étudiants ont exprimé cette forte volonté qu’ils exposent en termes de vie et de mort. ‘Non seulement il est impossible d’étudier dans ces conditions, mais nos vies sont menacées dans cet endroit’, rappelle Madia Diop Sané. Pour le porte-parole des étudiants, l’heure est à la mobilisation pour amener enfin l’Etat et le Mfdc à ouvrir des négociations pour une paix définitive en Casamance.
Ainsi, les étudiants de l’université de Ziguinchor se joignent au concert de désapprobation du conflit qui déchire cette partie méridionale du Sénégal avec comme objectif, éviter le même sort aux générations futures. Aussi, demandent-ils plus d’infrastructures pour leur institution qui souffre encore de sa jeunesse, pour améliorer les conditions d’études et renforcer les chances de réussite.
Mamadou Papo MANE
walf.sn
