Migration irrégulière: « la criminalisation n’est pas une bonne idée »

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XALIMANEWS- Le président de la Ligue sénégalaise des droits de l’Homme (Lsdh), Me Assane Dioma est contre l’idée émise par le responsable politique Moustapha Diakhaté et le ministre Mansour Faye, de criminaliser  l’émigration clandestine, afin de dissuader les jeunes qui empruntent les pirogues de la mort.

D’emblée le juriste et non moins défenseurs de droits humains précise que la criminalisation d’une infraction n’a jamais été un facteur de dissuasion pour ceux qui décident de violer la loi.  « Le durcissement ou encore la criminalisation ne sont jamais des solutions productives en matière de criminalité. Ça veut dire que la personne qui est dans une situation de commettre un crime ne se soucie pas de la peine qu’il encourt. Ce n’est pas pour autant que ça le disuade. Avec l’émotion, forcément, il y a des propositions, des réactions de tout bord. Mais je pense que ce qui est le plus urgent ce n’est pas une criminalisation du phénomène en tant que tel. L’expérience montre qu’une criminalisation n’a jamais été un facteur de dissuasion : la peine de mort est là par rapport à certaines infractions. Et regardez avec la criminalisation du viol, on assiste toujours  à la recrudescence du viol partout à travers le Sénégal », argue t-il.

Les migrants ne sont que le « menu fretin » du problème. Les propriétaires de pirogues et passeurs sont tendon d’Achille du combat

L’avocat inscrit au Barreau du Sénégal a proposé de s’attaquer là où le bât blesse : c’est-à-dire contre les propriétaires de pirogue et les passeurs. Car, pour lui, c’est eux « le tendon d’Achille du combat contre l’émigration clandestine ».

 « On a jamais voulu savoir ou aller jusqu’à la source pour s’attaquer vraiment au noyau, ce qui était l’épicentre du problème: les propriétaires de pirogues ou passeurs. Ce sont eux qui organisent les voyages et encaissent réellement l’argent. Oui, c’est le menu fretin, les migrants qui sont souvent traduits devant les tribunaux, qui dès qu’on les attrape, on les amène devant les tribunaux et les condamne. Pendant ce temps-là, les principaux responsables sont dans d’une impunité totale. Mais on constate de plus en plus qu’on recherche les organisateurs, ceux qui sont dans le réseau incitant les jeunes au départ. C’est eux qui constituent le noyau du trafic, une association de malfaiteurs qui mettent en danger la vie des personnes, mais aussi font ce qu’on peut appeler un trafic d’êtres humains. Parce qu’en réalité, leur intention n’a jamais été de faire parvenir ces jeunes à destination, mais surtout d’encaisser de l’argent », déplore la robe noire.

Donc de l’avis de Me Assane Dioma Ndiaye, pour régler ce phénomène qui pousse les jeunes à « l’exil de la mort », la meilleure solution n’est pas la criminalisation. « Ce qu’il faut, c’est de s’attaquer au vrai criminel : les passeurs et propriétaires de pirogues, qui sont jusque-là épargnés au lieu de penser qu’il faut juste s’attaquer injustement aux candidats de l’émigration », propose t-il.

Si Jamais l’émigration clandestine est criminalisée, les juges ne pourront pas assurer  l’information nécessaire

Et pour ce faire, le mieux est « d’ouvrir des procédures d’informations, où on peut avoir l’organisateur, le capitaine, les intermédiaires et arriver à leur mettre la main« .  Mais, ajout-il, « si jamais l’idée de criminalisation allait à se réaliser ce serait dangereux. Parce que les juges ne pourront pas assurer l’information nécessaire. Donc je pense que ce serait dangereux de criminaliser à bout de champ toute la socialisation du crime parce que les cabinets d’instruction seront débordés, les juges ne pourront pas assurer l’information nécessaire. Il suffit seulement d’avoir une stratégie qui puisse toucher le nœud du problème », conclut -il. 

Pressafrik

1 COMMENTAIRE

  1. Le TER et tous ces projets électoralistes de sa majesté « Lamtoro buru Guédé » ne nous intéressent nullement, parce non conçus pour les goorgoorlus que nous sommes. Notre souci principal en ce moment, c’est le drame de ces nombreux jeunes qui vont aller périr dans l’océan, en tentant désespérément de regagner l’Europe. Il faudrait que nos autorités arrêtent tous ces théâtres et que le Président de tous les sénégalais organise un conseil ministériel élargi aux acteurs de l’émigration.
    Il faudrait absolument trouver des solutions urgentes et structurelles à ce phénomène qui devient, une abomination pour les pays africains et leurs dirigeants. Comment voulez vous que l’Europe et le reste du monde puissent nous respecter avec cette tare qui découle de notre entière responsabilité.
    Ceux qui nous dirigent sont élus pour répondre promptement aux urgences économiques et sociales des populations. Ils ne devraient en aucun cas se dérober face à leurs responsabilités, le Président au premier rang.
    Ailleurs outre Atlantique, la vie d’un citoyen est sacrée, on voit un président monter au créneau pour prendre fait et cause, condamner la mort d’un compatriote assassiné. Ensuite, il donne des directives fermes pour faire la lumière et situer les responsabilités concernant cette affaire.
    Par contre ici, c’est à peine qu’on entend un Ministre concerné s’indigner, si ce n’est qu’il cherche à se blanchir et dégager sa responsabilité et celle de son régime. C’est le cas pour ces jeunes candidats malheureux de l’immigration, ce qui les arrive est de leur entière et pleine responsabilité, selon le ministre de l’emploi il pouvait rester au pays car le pays n’a pas un problème de chômage. Comble du malheur, le ministre Mansour Faye propose de criminaliser l’émigration clandestine.
    A entendre parler nos autorités, on sent nettement un manque d’empathie de leur part et pourtant, ils devraient s’indigner et regretter que telles situations aberrantes puissent encore se produire chez nous. Tout de même cela traduit leur échec politique, leur manque de vision et leur incompétence manifeste. Quand on vous confie un pays, c’est de veiller au bien être, à la santé et la sécurité de ses populations, mais ici cette conception semble complètement dévoyée par ceux qui dirigent.
    Aussi lorsqu’on est aussi irresponsable que ce régime qui dilapide des centaines milliards dans des projets bidons pour ses ambitions personnelles au grand mépris des vraies priorités, c’est qu’on a encore rien compris. Quand des scandales de détournements avérés de deniers publiques sont souvent ébruités dans la presse, c’est que nous avons affaire à un régime de grands bandits imperturbables, tapis dans l’ombre.
    Non l’émigration clandestine ne peut en aucun cas être assimilée à un crime, ces candidats à ce triste phénomène sont des victimes de la gouvernance sombre et véreuse de ce régime de prédateurs aux commandes.
    Le paradoxe dans ce pays, ce sont souvent les voleurs qui crient aux voleurs, les criminels qui dénoncent des crimes et des bourreaux qui se déclarent victimes. Ca ne surprend guère outre mesure, car on est à Ndoumbélane pays des incongruités et des paradoxes ou les singes pilleurs font leur règne, profitant de la léthargie temporaire du roi « Gaindé » le lion. Une chose est certaine, le réveil de ce dernier risque d’être cauchemardesque pour tous ces profiteurs de la république.

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