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[A cœur ouvert avec…] Adja Sy animatrice de «Njegemaar à la Rts: « Je suis deuxième épouse , mais je n’aime pas partager, Je gère mon ménage comme si j’étais la seule femme de mon mari. »

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On l’a connue chanteuse, on la retrouve aux commandes d’une émission qui cartonne. «Njegemaar,» cette émission de la télévision nationale, la RTS1, qui traite des faits de société sans aucun tabou. Adja Sy a su lui donner toute cette saveur qui fait que l’émission est l’une des plus suivies dans notre pays. Mais derrière son charmant sourire, se cache toute une histoire. Dans cet entretien, elle tire le rideau pour votre magazine. Sans langue de bois, elle nous dit tout. De son entrée dans la musique, son émission télévisuelle, son statut  de femme dans la polygamie, les crocs en jambes qu’elle reçoit à la RTS…. Elle dit vraiment tout.
Icône : Pouvez- vous vous présenter  à nos lecteurs ?
Adja Sy : Je m’appelle Adja Sy, je n’en dirai pas plus. Adja  n’est pas un nom complet, mais je préfère m’en arrêter là.
Votre carrière musicale vous a rendue célèbre, mais vous avez décidé de l’interrompre. Pouvez-vous nous dire les raisons ? Et également nous rappeler ce qui vous a poussée à la chanson ?
La musique a été une passion pour moi. Depuis toute petite, j’ai adoré la musique. Je chantonnais à longueur de journée en faisant les travaux ménagers. Faire la musique, c’était quelque part un rêve. Souvent, je me tenais devant le miroir, crayon à la main, et je mimais comme si je tenais mon micro devant un public. Je reprenais souvent des musiques françaises, parce que  mon père voyageait souvent et  il apportait des cassettes. J’écoutais aussi de la  country musique. Disons que j’ai grandi dans cette ambiance. Je n’ai jamais imaginé que je chanterais un jour… Le temps passait, j’ai obtenu mon diplôme d’esthétique – je suis esthéticienne et coiffeuse – . Et un jour, dans notre école de coiffure, le chanteur Youssou Ndour, qui voulait faire un clip, avait  envoyé un réalisateur faire un casting. Il avait besoin d’une grande  fille, noire et belle. Le réalisateur est entré dans toutes les classes à la recherche de la fille correspondant à ces critères. Il est entré dans notre classe et m’a trouvée en train de faire un «brushing». Dès qu’il m’a vue, il s’est écrié : «c’est cette fille que je veux». Au départ, je ne voulais pas et il a fallu qu’il fasse appel à la directrice qui a dû appeler mon père pour me convaincre. Il se trouve que ce réalisateur-là est aujourd’hui mon mari…
C’était quel clip  de Youssou Ndour ?
«Djino» ! Donc quand on tournait le clip, au moment de la pause, je chantonnais comme j’avais l’habitude de le faire. Et quand Youssou m’a entendue, il m’a dit : «mais toi, tu chantes bien». J’ai répondu : «Ah bon ? C’est ce qu’on dit». Il m’a  alors dit : «on verra comment on va faire pour que tu puisses chanter». C’est à partir de là que je suis entrée en studio, j’avais déjà quelques textes. J’ai été présentée au parolier Biram Ndeck Ndiaye et quand il a écouté ma voix, il m’a dit : «mais oui, toi il faut qu’on te soutienne dans la musique». Par la suite, il  a produit ma première cassette, «Sargal». Il  a écrit les paroles et tout. Je faisais pas mal de plateaux, je voyageais souvent  et il m’est arrivé de travailler avec l’Unicef, l’Unesco, la Fondation Solidarité Partage de Madame Elisabeth  Diouf. Dans  mes chansons, je défendais certaines causes. Je parlais de l’Afrique, de la femme, de l’enfant parce qu’ils sont les plus vulnérables. En plus, quand j’ai commencé à chanter, il y avait une certaine forme de musique qui était essentiellement le «Mbalax» avec des textes laudatifs… Je n’ai pas voulu faire ça car n’étant pas griotte. À mon avis, une chanson doit servir à quelque chose. C’est ainsi que je me suis retrouvée dans le monde de la musique
Vous aviez quel genre de public ?
J’avais mon  propre public. Je veux dire ces personnes qui  aiment écouter la musique en se relaxant et qui veulent se détendre ou s’évader dans le temps. A vrai dire , ma musique n’était pas faite pour qu’elle soit dansée  dans un tempo endiablé.  Ce qui fait que j’évoluais dans un milieu assez spécifique. J’étais plutôt dans des galas où l’on rencontrait  la plupart du temps des étrangers. Quand Madame Elisabeth Diouf , l’épouse de l’ancien chef de l’Etat sénégalais, organisait un événement, on faisait toujours appel à moi. Certes, je n’avais pas un grand public, mais il y avait  des personnes qui aimaient ce que je faisais.
Pourquoi  alors avez -vous arrêté de chanter ?
Je me suis arrêtée car la musique, c’est un autre monde. Les  gens qui y évoluent savent de quoi je parle. A un certain moment, la musique a commencé à perdre toute  sa valeur. Tout le monde s’improvise chanteur. Il faut aussi dire que c’est un milieu corrompu. Il faut corrompre des gens pour faire passer ta chanson à la radio ou pour passer  à la télé. En plus d’avoir du talent, d’enregistrer sa chanson, payer les musiciens et  le BSDA, il fallait aussi payer des animateurs. C’est pour cette raison, qu’à un certain moment, j’ai fait une pause. Mais ce n’est qu’une pause pour mieux réfléchir, élaborer ma musique et chercher la voie idéale. C’est vrai que je ne suis plus visible dans le paysage musical, mais c’est pour mieux expérimenter autre chose. Moi j’aime découvrir…
Donc il faut s’attendre à vous revoir bientôt sur scène ?
Oui, bien sûr, inchalah !
Et voilà qu’un  beau jour, vous apparaissez à la télé comme animatrice d’une émission de société qui cartonne…
Ça aussi, c’est une autre histoire. Car j’avoue franchement que je n’ai jamais pensé faire de la télé, contrairement à la musique que j’ai toujours adorée et pratiquée. Un jour, j’étais à la maison en train de visualiser une émission dans laquelle des jeunes Africains de toutes nationalités mouraient dans des pirogues. Des jeunes qui n’avaient plus d’espoir et qui disaient : «Barsa ou Barzakh». Ça m’a choquée et je me suis dit qu’ils n’ont pas été sensibilisés. J’ai été en Europe et je sais comment vivent les gens qui sont là-bas. Je connais  les difficultés qu’ils éprouvent pour envoyer de l’argent à leurs parents. J’ai alors pensé qu’une personne pouvait rester dans son pays et  y réussir. Et c’est ainsi que l’idée m’est venue de faire une émission qui devrait s’intituler «Partir de rien», ce n’était pas «Njegemaar» au départ. J’avais envie de prendre des personnes  qui  sont parties de rien, mais qui ont réussi. Par exemple, des Sénégalais qui ont été marchands ambulants et qui sont devenus, aujourd’hui, des modèles de réussite. Et ces personnes-là, j’avais envie de les inviter à la télé, pour redonner espoir aux jeunes désespérés. Leur dire que tant qu’il y a la vie, il y a de l’espoir. Et ça, j’y ai toujours cru, grâce à mon éducation pour laquelle je remercie mon oncle maternel et mon père. Je leur dois tout. Quand j’ai fini d’écrire le concept de l’émission, je suis allée voir celui que j’appelle affectueusement mon parrain, Momar Ndao de l’Ascosen. Je  lui  ai dit que j’avais  envie de faire de la télé. Après lui  avoir expliqué le concept de l’émission, il a appelé Mamadou Baal qui était à l’époque le directeur de la télé. Quand nous nous sommes vus, il a approuvé mon concept et m’a mise en rapport avec Boubacar Bâ, Directeur des programmes. Ce dernier m’a alors demandé de réfléchir sur un autre concept où la femme sera au centre du projet. Quand je suis retournée à la maison, j’ai réfléchi et j’ai trouvé «Njegemaar». Cela symbolise  la jeune fille, celle qui n’est pas mariée. Elle est encore belle, vierge et fraîche. Et pour moi, c’est le meilleur âge. Je voulais  tirer le meilleur de la femme dans mon émission. Ensuite, j’ai ajouté «Dalal Jamm» qui signifie «bienvenue» et puis «Tocc Yax bi» parce que je voulais aborder des thèmes tabous et aller au fond des choses. Il  fallait oser, poser les problèmes et essayer de trouver au moins des débuts de solutions. Et pour terminer, j’ai mis : «Fii la xewee» dans l’esprit de  montrer aux Sénégalais que ça se passe ici, avec des témoignages sur des faits réels.  Je voulais  promouvoir la femme et j’ai dit à  Boubacar Bâ que je n’allais pas faire une émission féminine, mais une émission féministe (rires).  J’ai jugé qu’il y a des femmes modèles dans notre société et il faut les montrer. C’est pour cette raison que j’ai créé la rubrique «Njegemaar bi». Il s’agit de choisir une femme qui s’est distinguée dans son domaine, faire son portrait et l’inviter sur le plateau et la montrer en exemple aux femmes. En gros, voilà l’émission «Njegemaar».
Comment s’est passé votre premier passage à l’antenne ?
Ce n’était pas difficile, car j’ai eu d’abord un coaching de Boubacar Bâ et de Alé Seck qui, lui aussi, est un réalisateur en plus d’être le chef du service des plateaux. Ils m’ont appris à me familiariser avec les différents postes de travail dont un animateur doit tenir compte dans son rôle. Ils m’ont montré comment se tenir à l’antenne, par rapport aux caméras, au public etc. J’avoue qu’au début, ce n’était pas facile car il a fallu attendre un an pour la diffusion de la première émission.
Par la suite, l’émission a eu un succès total. Comment l’avez- vous vécu ?
J’ai démarré mon premier numéro par «Mbaran défa kew wala», un sujet très sensible. Ce jour-là, j’étais chez mon oncle. Il était à l’étage, moi au rez-de-chaussée. Et quand l’émission fut terminée, il est descendu, m’a tenue par la main et m’a chaleureusement félicitée. Et c’est parti comme ça, les gens appelaient de partout pour me féliciter et faire des remarques et des suggestions.
Dans l’émission, il y a des invités qui reviennent constamment, c’est le cas du comédien Leyti, vous collaborez avec eux ou viennent-ils spontanément ?
C’est le concept qui l’exige. Il faut toujours avoir un sociologue car c’est lui qui connaît l’évolution de la société. Ensuite, une personne publique qui fait  figure de tête d’affiche. Cela contribue à donner de l’audience à l’émission. Il faut aussi une personne anonyme et enfin, pour maintenir l’aspect Talk Show et la détente, il faut un comédien mais pas n’importe lequel. Au début, j’ai commencé avec Serigne Ngagne de Thiès avec qui j’ai fait 2 numéros. Puis il y a eu Bass Diakhaté quand on abordait  la question de la dot. Plus tard, il y a eu  Leyti dans l’émission sur la stérilité. Avec Leyti, c’était le déclic ! La complicité s’est créée spontanément, idem pour le public. À la fin de l’émission, j’ai dit à Boubacar : Leyti est le comédien idéal, il a parfaitement compris son rôle dans l’émission. Toutes ses interventions sur le ton de l’humour restent à la hauteur du débat avec un sens de la répartie qui tient compte du fait que Njegemaar est suivie par toutes les classes d’âge.
L’émission est tournée avec beaucoup de professionnalisme, qui est derrière ou êtes-vous seule ?
Personne ne peut être seule pour la réalisation d’une émission TV. Cela dit, je suis très exigeante avec moi-même. Quand je fais quelque chose, je veux bien le faire, je n’aime pas perdre mon temps et c’est pour cette raison que j’ai choisie d’être seule responsable du contenu. Mais comme vous le savez, un animateur n’est pas nécessairement spécialiste des questions dont il traite. Ce qui fait que j’échange avec beaucoup de personnes. C’est le travail de toute une équipe y comprise Bintou Khouma qui m’habille depuis le début avec beaucoup de rigueur pour toujours demeurer dans ce qui convient le mieux au concept. En interne, c’est une véritable chaîne de professionnels qui s’active avec beaucoup d’intérêt pour la réussite de chaque numéro. Ma part de travail est très dure car je n’ai pas de chroniqueur. C’est un choix: cela me permet d’avoir une meilleure maîtrise du discours sur le sujet compte non tenue du fait que les interviewés sont plus prompts à s’ouvrir quand c’est Adja Sy qui leur fait  face.
Avez-vous reçu des propositions des chaînes de télévision concurrentes ou autres ?
Ah oui, il y en a à la pelle, d’autant plus que «Njegemaar» est un concept de Adja Sy déclaré et protégé au BSDA. Oui, je reçois des propositions, mais pour le moment, je suis à la RTS.
Donc, malgré les propositions de travail, vous comptez rester à la RTS ?
Je ne sais pas de quoi demain sera fait. Mais pour le moment, je suis à la RTS malgré les nombreuses difficultés. Pour être honnête, je dois dire que chaque numéro est un véritable parcours du combattant qui ferait baisser les bras à plus d’un. Moi, je ne suis pas défaitiste. Et puis, «Njegemaar» n’est plus à moi, encore moins à la RTS. Le public se l’est approprié dans la mesure où  il s’y retrouve et trouve souvent une solution ou début de solution à des problèmes objet des débats. Cela justifierait largement un peu plus d’intérêt de l’autorité, d’autant qu’il est connu de tous que «Njegemaar» est , toutes chaînes confondues , le programme le plus suivi après les infos. Évidemment, comme vous le savez, il est fréquent que ceux qui travaillent dérangent. Comme je déteste la médiocrité, je dérange. Mais j’ai un objectif et rien ne pourra m’en distraire. Si vous aviez une petite idée de la manière dont mon serveur vocal explose. Ceci, rien que pour un léger retard dans la diffusion de l’émission… Alors, les médiocres et autres mécontents peuvent courir. Ce qui me motive les dépasse. À mon avis, Njegemaar est un bon exemple de programme de service public, rôle dévolu à la RTS. C’est aussi ma mission. Même à la maison, je reçois des personnes qui ont besoin d’une oreille attentive. Je ne suis pas psychologue, mais je connais la solidarité et le partage. Des vertus bien sénégalaises. Je remercie au passage toutes les personnes, ici et à l’étranger, qui se sont solidarisées aux cas sociaux ayant fait l’objet d’un appel dans Njegemaar.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans le tournage de l’émission concrètement ?
Je vous l’ai dit.  Je souhaite que les autorités s’y intéressent davantage. Cela dit, je suis une femme de défi et je ne baisse jamais les bras. Par exemple, pour parler de la parité dans mon émission, j’ai sollicité le plus naturellement du monde une communication en élément de son initiateur, le président Wade. Cela aurait bien relevé le niveau de l’émission. Quand un jour j’ai compris que je ne l’aurais pas, j’ai dit à mon mari en arrivant à la maison:  «je vais  faire la parité sans le président Wade et l’émission sera un succès». J’ai donc pris cela comme un défi que je crois avoir bien relevé. Pour autre exemple, quand j’ai voulu avoir un message du Khalif Général des Mourides, feu Serigne Bara Mbacké Falilou, à l’adresse des Modou modou pour les sensibiliser sur leurs responsabilités envers leurs épouses restées au pays, j’étais la seule à y croire. Grâce à Dieu, je l’ai obtenu du Saint homme qui, à l’image du Prophète (PSL), est descendu au niveau des talibés et leur a adressé un message dont les effets ont comblé de nombreux couples. Par ailleurs, ceux qui, pour leur bonheur, attendent mon départ de la RTS, je leur dis : attendez toujours…
Vous dérangeriez donc certains à la RTS ?
Au Sénégal, on n’aime pas les personnes qui ont de la rigueur. On préfère les gens qui sont dans les couloirs, à échanger des tapes et passer leur temps à médire. Moi, je n’ai pas ce temps. Je fais mon travail et je rentre chez moi. C’est probablement ces gens – là que je dérange.
Vous avez d’autres projets pour la télé ?
Ah, oui, ma carrière à la  télé ne fait que commencer , incha Allah.
Toujours à la RTS ?
Oui à la RTS
Ce sera toujours une émission de société ?
Oui, je vous ai parlé de mon émission «partir de rien»  et d’autres émissions à venir.
Le succès de votre émission ne vous aurait-il pas changé ?
Non, du tout ! Je suis toujours la Adja Sy que l’on connaissait. Jouer la star système n’est pas mon

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