Le consulat général de France à Saint-Louis a définitivement fermé ses portes. Ainsi, en ont décidé les autorités politiques françaises. La mesure pendait depuis plusieurs années, mais la mise en place, courant 2007, par le président Sarkozy de la « Révision générale des politiques publiques » (Rgpp), ayant abouti, entre autres, à une réforme des réseaux diplomatique, consulaire et culturel français, avec « une nécessaire réorientation géographique vers les pays émergents », a eu raison de 350 ans d’histoire et de présence officielle française dans la vieille cité. Après le départ annoncé des bases militaires françaises de Dakar, c’est un autre symbole fort des relations France-Sénégal qui va disparaître.
« L’implantation des réseaux français à l’étranger ne doit pas être seulement dictée par l’histoire des relations de la France avec chaque pays »
Trois siècles et demi de présence officielle française à Saint-Louis du Sénégal, son statut de première ville française d’Afrique, fondée en 1659, ex- capitale de la Colonie du Sénégal et de l’Afrique occidentale française (Aof), jusqu’en 1895…, tous ces arguments de poids n’ont pas fait trembler la main de la France, décidée à rayer la ville, plus que tricentenaire, de sa carte diplomatique. Entre autres motivations avancées, les autorités françaises assènent que « l’implantation des réseaux français à l’étranger ne doit pas être seulement dictée par l’histoire des relations de la France avec chaque pays, mais surtout par les enjeux de chaque partenaire ».
Les Sénégalais habitant les régions de Saint-Louis, Louga et Matam, les ressortissants français domiciliés dans ces régions, dont plusieurs binationaux, ne pourront plus solliciter visas, délivrance de titres de voyages et de protection sociale au Consulat de France à Saint-Louis, jusque-là compétent en la matière. En effet, un arrêté en date du 19 février du ministère français des Affaires étrangères et paru au journal officiel du 03 mars 2010, a décidé du transfert de compétences du consulat de Saint-Louis à celui de Dakar. « Désormais, seul le Consulat général de France à Dakar est compétent pour délivrer des visas aux requérants résidant sur le territoire sénégalais qui désirent se rendre en France et/ou dans les départements et territoires ultramarins », peut-on lire dans la note d’information. Les portes du consulat sont closes. Au téléphone, la personne au bout du fil, tout en se gardant de décliner son identité, nous renvoie au service de presse de l’Ambassade de France à Dakar. A l’Institut culturel et linguistique (Icl) Jean Mermoz, autre symbole de la présence française qui continue à fonctionner normalement, le directeur relativise, avec force détails, la fermeture, plus qu’évidente, du Consulat général de France : « Le Consul est toujours là, ou fonctionne normalement avec plusieurs centaines d’étudiants en français. Simplement, il y a des mutations, un transfert de compétences. Attendez que l’ambassadeur vienne à Saint-Louis et vous verrez ».
C’est connu. Les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. Au ministère français des Affaires étrangers, on explique la fermeture du consulat de Saint-Louis par le fait que « le nombre de visas délivrés (moins de deux par jour) et celui des Français inscrits au registre des Français de l’étranger (environ 1 500, soit 10 % du nombre des inscrits au Consulat général de France à Dakar) ne justifient plus le maintien d’une structure aussi développée que par le passé, et surtout, coûteuse ». Telle était la réponse servie par Bernard Kouchner en décembre dernier à l’interpellation de la députée Martine Aurillac qui s’inquiétait de la fermeture annoncée de certains consulats comme celui de Saint-Louis. Le Quai d’Orsay juge la décision « difficile », raison pour la quelle M. Kouchner se disant « conscient et respectueux de l’histoire de nos relations avec le Sénégal et de la portée symbolique de la présence française à Saint-Louis, tient à ce que cette dernière se maintienne au travers du centre culturel qui y reste installé ».
Comme on peut le noter, une nouvelle ère est belle et bien en train d’être inaugurée dans les relations séculaires de coopération dans tous les domaines, un courant d’échanges humains et matériels constant dans les deux sens entre le Sénégal et la France. Le retrait des Forces françaises du Cap-Vert, la fermeture du consulat général de France à Saint-Louis, tout comme le choix du président Abdoulaye Wade de diversifier les partenaires stratégiques du Sénégal, témoignent de l’application de la boutade, désormais sacro-saint principe dans les relations internationales : « les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts ».
Réactions Fermeture Consulat général de France à Saint-Louis
Les états d’âme des Saint-Louisiens
Cheikh Bamba Dièye, maire de Saint-Louis :
« Nous attendons la certification officielle »
« Nous ne pouvons qu’exprimer notre douleur et notre tristesse de voir la représentation française à Saint-Louis réduite. Nous attendons la certification officielle pour nous prononcer, même si c’est une décision de souveraineté. Nous espérons cependant que l’histoire entre La France et Saint-Louis ne fait que commencer. Nous travaillerons davantage à ce que l’encrage entre la France et Saint-Louis se fortifie ».
Louis Camara, écrivain
« Le départ des militaires français est une bonne chose, mais le Consulat ne nous gênait aucunement »
« Je douve cela dommage ! La présence du consulat général de France ne gênait en rien les Saint-Louisiens. Pour moi il était plutôt le symbole d’une amitié pluriséculaire. Au-delà des vicissitudes de l’histoire, il reste toujours une amitié forte quelques soient les adversités. En revanche le départ des militaires français du Sénégal est une bonne chose parce que symbolisant une armée d’occupation, mais pour le consulat je ne vois aucun mal Le consulat nous a rendu beaucoup de services
Abdou Khadre Diallo, Opérateur économique, Trésorier Cercle des écrivains et poètes de Saint-Louis
« Quel dommage ! »
« C’est dommage pour Saint-Louis, ville qui abrite l’Université Gaston Berger, de grands lycées comme Charles De Gaulle, Oumar Foutiyou Tall ex-Faidherbe. Il y a aussi beaucoup de binationaux à Saint-Louis et dans la vallée du fleuve Sénégal. Notre cité est aussi la troisième ville touristique du Sénégal, avec beaucoup de Français qui y séjournent. Tous ces facteurs devaient concourir au maintien du consulat ».
Marie-Pierre, Française, Cadre supérieur de santé CHU
« Je ne comprends pas cette décentralisation à l’envers » Je suis française, mais je suis né à Podor et j’ai vécu dix ans de mon enfance ici à Saint-Louis avant de rentrer dans l’Hexagone. Jeune retraitée, je reviens maintenant depuis quelques années, pour faire du bénévolat dans la santé. Je ne comprends cette décentralisation à l’envers
Pape Samba Sow (alias Zoumba ), artiste, écrivain
« Cette fermeture va déboucher sur une crise culturelle »
“Je ne voudrais pas m’ériger en agitateur, sinon j’aurai organisé avec mes concitoyens des manifestations pour le maintient du consulat de Saint-Louis. La présence française au Sénégal, historiquement, culturellement, ce n’est pas Dakar, mais Saint-Louis. Je ne sais pas si c’est pour des raisons de crise économiques, mais cette fermeture est inopportune. De plus on ne nous a pas avertis, mais ça débouchera sur une crise culturelle. L’agenda culturel de Saint-Louis est plus riche que celui de Dakar ».
africanglobalnews.com
jesper k le pond de federb sera rebatisé