Babacar Justin Ndiaye, Politologue: «On est en face d’une évaporation de l’Etat»

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Depuis le 23 juin 2011, on a remarqué un cycle de violences qui va crescendo, avec des segments de la population prompts à user précisément de la violence. Qu’est-ce qui l’explique ?

Justement la date du 23 juin n’a pas été fortuitement associée à une orgie de violences. Ce jour-là, un régime qui a essayé de faire un passage en force – pour faire accoucher aux forceps parlementaires, une monarchie aux allures républicaines – s’est heurté à une résistance farouche et inévitablement violente. Ce fut le coup d’envoi d’un changement qui a été génialement démocratique, le 25 mars dernier. Comme quoi, l’un des pères du marxisme n’avait pas tort de camper scientifiquement le rôle de la violence en disant, je le cite : « La violence est la sage-femme de l’Histoire qui accouche toute société grosse d’une nouvelle ». Mais ce type de leçon historique ne doit nullement inciter à faire l’éloge de la violence qui est aux antipodes des valeurs démocratiques et républicaines. Lesquelles sont pour le Sénégal, ce que le pétrole représente pour les pays du Golfe.

Par rapport aux manifestations de « Thiantacounes », les citoyens accusent l’Etat de manquer de fermeté. Qu’en pensez-vous ?

Vous parlez de manque de fermeté ? Vous êtes bien charitable. Moi j’ai observé un déficit d’existence voire une évaporation de l’Etat. Voyez-vous, dès qu’un Etat accepte délibérément de perdre le monopole de la violence légitime, celle-ci est captée et exercée illégalement par des casseurs et des anarchistes de tout acabit. Or donc dans cette «affaire Béthio Thioune» l’Etat a dansé le twist. Pis, il est sur le point de capituler en rase campagne, avec toutes les conséquences ruineuses pour la santé de nos institutions.
Mme Mimi Touré, ministre de la Justice, qui était montée, hier, sur ses grands chevaux pour menacer Ousmane Ngom des foudres d’un Etat décidé à aller jusqu’au bout des audits, quémande, aujourd’hui, l’aide du barreau pour sortir l’appareil judiciaire de la gadoue. Convenez avec moi que ce n’est pas une façon claire et courageuse d’assumer des responsabilités ministérielles. Attitude tout aussi kafkaïenne de la part d’un Premier ministre qui va chez Cheikh Saliou Mbacké, à Boustane, négocier je ne sais quoi, à ce stade de l’instruction où Béthio est sous l’autorité d’un juge censé être indépendant dans notre Etat de droit. A mon avis, un Président de la république élu avec un score confortable de 65 %, possède les coudées suffisamment franches pour assurer la sécurité des personnes et des biens. C’est une affaire d’homme d’Etat ayant du cran… d’Etat.

SOURCE : L’OBSERVATEUR

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