La déclaration de Serigne Mansour Sy Djamil publiée dans la presse il y a de cela quelques semaines, l’interview de l’homme religieux que nous publions dans cette présente édition, de même que le discours du khalife général des Mourides, Serigne Bara Lamine Mbacké prononcé lors du dernier Magal, nous mettent en face de prises de positions nettes sur des questions essentielles de la vie nationale. Les questions ainsi abordées par les deux hommes : le rapport de la religion à l’Etat, la Laïcité, dans le cas de Serigne Mansour, la Casamance et le sort des populations inondées dans la banlieue pour Serigne Bara, renvoient, en définitive, à une problématique essentielle dans une communauté nationale comme celle du Sénégal, fortement marquée par le fait religieux. Il s’agit du rôle et de la fonction du guide religieux dans la société.
Pour donner un point de vue intéressant face à cette interrogation, il nous semble utile de s’interroger d’abord, avec certains théologiens, sur la notion de guide religieux en relation avec la réalité sénégalaise. Certains de ces théologiens font une subtile distinction pleine de sens entre les deux notions de guide et de Chefs religieux. Selon leur point de vue, le guide religieux met le disciple sur le droit chemin, en lui enseignant la parole de Dieu, en l’éduquant et en orientant sa vie spirituelle dans le sens indiqué par son dogme. Il l’aide surtout à s’intégrer dans sa société, en l’amenant à y trouver ses marques, à conduire son destin, en sachant distinguer parfaitement le bien du mal, en se socialisant dans une spiritualité assumée et accomplie. En revanche, le Chef religieux n’est qu’un intermédiaire qui gère la relation du disciple avec le temporel, et au besoin, lui arrache des faveurs auprès de l’autorité politique. Le Chef religieux et le disciple entretiennent une relation d’intérêts assumée, en fonction des postures des uns et des autres. La notion de Chef, telle qu’entendue, ici, renvoie à l’image du Chef de bande, du chef de clan dont les membres sont liés à une Communauté d’intérêts particularistes dont la sauvegarde et la perpétuation sont la préoccupation de tous. Les guides religieux qui sont des Oulémas, des érudits maîtrisant parfaitement la parole divine ordonnent le bien, interdisent le mal et aident à mettre la société à l’abri des attaques des malfaisants et des pervers et conforment leurs actes aux paroles qu’ils prononcent quand ils enseignent la vertu. Ceux-là sont les héritiers des prophètes, non pas du strict point de vue de la révélation, mais plutôt en ce qu’ils sont considérés comme les témoins de la vérité. Ils ont la responsabilité de veiller à ce que l’équité soit préservée dans la Communauté, à ce que l’équilibre qui assure la sécurité globale soit maintenue, à ce que la prospérité générale soit assurée, au maintien de la stabilité de la société à ce que l’espoir soit partagé. Ils veillent surtout à ce que le Chef de la cité demeure à jamais juste.
Ce sont là, dans la pensée islamique, les fondements de base de l’organisation étatique. Ce sont aussi les fondements d’un Etat démocratique moderne. Sous ce rapport, on peut dire, sans craindre d’être contredit par la réalité constatée, que les paroles prononcées dans cette interview par Serigne Mansour Sy Djamil, de même que le discours de Serigne Bara, en particulier en ce qui concerne les inondations et la question casamançaise, donnent de l’espoir en nous réconciliant (momentanément ?), avec les guides islamiques du pays. Pour autant, peut-on considérer, que dans l’absolu, nos guides religieux, islamiques en particulier, aident à sauvegarder la Communauté nationale, en travaillant à rechercher son équilibre et à y faire régner la justice ? Rien n’est moins sûr. Surtout quand la plupart d’entre eux courent chaque jour derrière des prébendes soutirées à l’Etat, en association avec une classe de dirigeants voraces pillant sans vergogne les biens de la nation. Dans une bande organisée de malfaiteurs, Chefs politiques et « guides religieux » se partagent des privilèges et avantages qu’aucun titre ou droit ne leur confère légitimement ? Les guides religieux qui enseignent à la fois le Coran et la Bible, sont-ils par nature des témoins de la vérité ? Peut-être certains de nos chefs ou guides religieux le sont. Sauf que ceux qui prennent souvent la parole en leur nom n’en ont pas le profil, ni l’allure. Au lieu d’être des témoins de cette vérité, ils la travestissent souvent pour plaire au chef politique, en vue d’obtenir ses faveurs. Ces guides sont-ils crédibles, sont-ils du côté de la vérité quand certains d’entre eux ont pu affirmer que la stabilité du pays et la paix sociale sont menacées par les médias et les politiques ? Celui qui tient de tels propos identifiait, en avril 1999, l’actuel Chef de l’Etat, alors Chef de l’opposition démocratique d’alors comme étant le principal facteur de troubles du pays et le pyromane qui allait incendier la nation. Les propos qu’il tenait, il n’ose plus les assumer. Non pas parce que cela n’était pas vrai, mais tout simplement parce que le proscrit d’hier occupe aujourd’hui une posture idéale pour distribuer des prébendes et des positions de pouvoir. Ce guide religieux bavard n’est sûrement pas un témoin de la vérité au sens où le définit Dieu. Il n’est pas le seul parmi eux !
Certains de ces chefs religieux sont des courtisans, des intermédiaires autodésignés, pour assurer une reproduction du système et le maintien du régime qui en est l’ordonnateur principal. Nos guides religieux donnent l’apparence de porter la parole de Dieu quand ils portent plus la parole de Satan au sens du verset 112 de la sourate (le bétail). La voix du guide religieux islamique s’est presque tue depuis septembre 1997, quand Abdoul Aziz Sy Dabakh a quitté ce monde. Il la portait avec une responsabilité et une élégance qui forçaient l’admiration de tous. Mgr Thiandoum disait de lui qu’il était « un authentique homme de Dieu, un homme de vérité dont la perte allait créer un immense vide qui serait ressenti au-delà de la Communauté musulmane du pays ». L’homme de Dieu avait vu juste. Comment en est-on arrivé dans ce pays qui compte un nombre si impressionnant d’Oulémas et d’érudits, à ce que les citoyens vivent avec le sentiment que nous manquons de guides ? En vérité, ceux qui ont ce statut ont réussi un hold-up en occupant la scène publique, en accaparant les moyens d’information et tiennent les authentiques guides religieux éloignés de ces moyens. Ceux qui savent et sont vertueux se taisent. D’autres qui savent, mais sont peu vertueux, sont en association avec les tenants du système et ont organisé une sorte de conspiration permanente. Celle-ci est une formidable soupape de sécurité pour la préservation et la conservation du système en place. Et c’est la raison pour laquelle à chaque fois qu’une voix responsable et digne du rôle que Dieu confie aux guides religieux s’élève dans la communauté de nos marabouts, nous poussons un ouf de soulagement et d’espoir. C’est avec ce sentiment que nous lisons cette interview de Serigne Mansour Sy Djamil et une partie du discours du khalife des Mourides, lors du dernier Magal.
Abdou Latif COULIBALY
lagazette.sn
Cet article n’a aucune valeur analytique ,juste un remplissage.Cest une insulte a l’intelligence des senegalais que de vouloir traiter nos guides religieux de la sorte.
la parole s’est tue depuis 1977….ds quel senegal vit ce pseudo journaliste d’investigation.je ne reviens pas sur le texte je crois que l’auteur ne l’a pas relu avant de le publier.
J’ai peur pour mon pays car la crise qui y sevit est d’abord intellectuelle avant d’etre politique, economique et sociale.
Je ne connais pas personnellement l’auteur et je ne l’ai jamais vu(jue vis en dehors du pays depuis une 15aine d’annees donc je m’en tape de cequ’il dit des wade ds ses ouvrages commandites)
qd je le lis souvent j’avoue que je ris sous cape en pensant a qq’1 comme Bob Woodward ( a excellent american investgative reporter ) connu pour ses publications(au moins 2 par an et tous new york times best sellers) et textes qui font authorite…..bref j’ai peur pour mon pays.. gotta go to work sorry
A MBeur, je dis que tu es un complexe…tu es entrain de chanter la pomme a Bob Woodward et denigrer ton compatriote. Je peux juste vous dire que Mr. Woodward a la chance de vivre dans un pays democratique ou le journalisme est vu comme un pillier non moins important que la justice ou l’executif. Je dirai que Mr. Woodward a un systeme derriere lui et qui veille sur sa liberte d’exercer son travail. Have you seen any journalist in jail in America? Peut-etre il ya en comme toute autre frange de la population mais pas beaucoup. L’amerique protege la liberte d’expression and they have someting they call le 5eme amendement. Ce journaliste dont vous parlez est maitre des sources anonymes en amerique alors que Mr. Coulibaly a toujours des preuves a l’appui. Le travail de Latif, vu le contexte dans lequel il evolue est mille fois plus difficile que celui de votre heros( Woodward). Mr. Coulibaly est un journaliste courageux et objectif et voue a la defense des interets de son pays. Merci Latif et continuez a nous informer car vous etes un vrai MBEUR.
Dans une bande organisée de malfaiteurs, Chefs politiques et « guides religieux » se partagent des privilèges et avantages qu’aucun titre ou droit ne leur confère légitimement ?
J’ai hâte que Latif enseigne dans la future Ecole de dirigeants en Afrique.Quand à monsieur beurre, je pense que soutenir wood est son droit, mais simplement comparaison n’est pas raison 🙂
Je ne compare personne , j’ai juste voulu mettre en exergue la platitude de cet article.Ce gars est un sournois et excelle ds l’art de la critique selective.Ce n’est meme pas ds mes habitudes d’intervenir mais je parcopurs chaque jour que Dieu fait tous les sites senegalais to keep up with my country, so suis loin d’etre complexe..si j’evoque mon absence du Senegal de plus de 15 ans c’etait juste pour insinuer que je ne critique pas l’auteur de l’article pour defendre Wade qu’il pourfend ds tout ce qu’il ecrit..i don’t rely on Wade to make a living id not need Wade i do not defend him.Mon intervention est objective…
Cet article vise des hommes spirituels qu’il n’ose pas nommer et vous me parlez de courage.j’ai commence a le lire qd il etait jeune journaliste ds Sud hebdo je crois, avec Babacar Toure l’excellent N.Sylla, S. Gaye et feu Ibrahima Fall petit chef,et ca fait plus de 25ans.Idrissa Seck connait bien ce Latif ,,je m’en tiens la.
myself:je ne reponds pas a des insulteset certainement tu dois avoir l’age de mes enfants.Passez un bon maouloud.
PS:Bien sur que Dabakh nous a quittes en 1997, qd j’ecris 1977 c juste une faute de frappe
myself quels que soient tes arguments, je pense que tu as eu tort d’insulter, car je pense qu’en agissant de la sorte tu ne fais qu’ajouter du travail à Latif, qui lutte pour un mieux-être général, donc contre tous types de comportements, allant dans le sens du non-respect (de la personne, du droit, ….) mais monsieur mbeurre, sachez que la vérité sort aussi de la bouche des enfants 🙂