Crise en Casamance. Des ziguinchorois pour l’option militaire

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Comment procéder pour faire revenir la paix en Casamance ? Cette question, qui ne se l’est pas posée dans cette région sud. Seulement, si le dialogue avait la faveur des pronostics, aujourd’hui, l’option militaire commence à séduire une opinion publique de plus en plus fatiguée de vivre dans une situation de ni paix ni guerre avec son cortège mortuaire.

(Correspondance) – Depuis quelque temps, les populations ziguinchoroises assistent impuissantes à la recrudescence de la violence sur le terrain. Mercredi par exemple, elles ont été obligées de dormir plus tôt que d’habitude à cause des tirs à l’arme lourde entendus dans tous les quartiers de Ziguinchor. Cet événement est la manifestation du regain de tension notée ces derniers mois avec son lot de victimes, civiles et militaires. Cette ambiance stressante, les populations du sud y vivent depuis vingt-huit ans maintenant sans savoir à quand la délivrance. Car, à chaque fois que l’on s’approche de la paix, un événement malheureux vient indiquer tout le chemin qui reste à parcourir. Une situation qui met les adeptes de la négociation et du dialogue dans une mauvaise posture. Ils sont certes nombreux ceux qui croient encore à la possibilité de trouver une solution pacifique au conflit casamançais, mais l’échec des tentatives sur le chemin du dialogue et l’éternisation de la crise commencent à donner de la voix aux partisans de l’action militaire pour en finir avec la rébellion. Ceux-là, ils sont aussi bien dans l’armée, fatigués de voir tomber ses hommes dans l’attente d’ordres qui privilégient de toute façon la retenue ‘pour sauver le processus de paix et ménager l’opinion publique’ qu’au sein d’une population pressée de retrouver la paix. Depuis les événements de lundi dernier, qui ont fait deux morts et deux blessés du côté de l’armée, des bruits de bottes sont sentis au sein de ‘la grande muette’, traduisant une lassitude devant des décisions politiques aux conséquences mortelles. ‘Ce sont les hommes politiques qui nous fatiguent, sinon, nous allons en finir avec cette guerre’. Cette réaction est celle d’un officier de l’armée qui ne cache pas son indignation ‘devant des choix politiques qui exposent les militaires que nous sommes’. A en croire certains soldats qui ont parlé sous le couvert de l’anonymat, ‘c’est l’Etat qui fatigue l’armée qui a pourtant les moyens humains et militaires pour mâter la rébellion en quelques jours’. Et pendant que les autorités nous demandent de ne pas attaquer, renchérissent-ils, ‘l’ennemi nous harcèle, tire sur nous et tue des soldats’. C’est cette situation que nos interlocuteurs ne veulent plus supporter.

‘Tout ce que nous voulons, c’est qu’on nous laisse affronter les rebelles pour qu’on en finisse une bonne fois pour toute avec cette rébellion et qu’on puisse retourner auprès de nos familles’. Cette réaction ‘va-t-en-guerre’ traduit la lassitude de ces hommes de tenue partagés entre le respect d’un serment et le droit de se défendre. Seulement, cette attitude, ces soldats qui ont l’impression d’être jetés en pâture la partage avec certaines populations casamançaises qui ne semblent intéressées que par une seule chose : la paix, quelle que soit la manière de l’obtenir. ‘Parce qu’en fait, nous sommes fatigués maintenant de vivre cette situation’, se plaint cet enseignant qui garde encore en mémoire la mort de son père, tué par une bande armée. ‘Au déclenchement de cette guerre en 1982, j’avais 10 ans. Aujourd’hui, je commence à vieillir dans cette ambiance de crise’, renchérit son collègue.

Comme eux, beaucoup de Ziguinchorois envisagent de plus en plus l’option militaire pour résoudre ce conflit et mettre fin aux tueries qui caractérisent ce conflit difficilement qualifiable. D’ici là, les habitants de la capitale du sud, notamment, vivent dans la crainte d’une nouvelle vague de violences comme celle de ces derniers jours.

Mamadou Papo MANE

walf.sn

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