El hadj Mamadou Diao, sur la baisse du prix du baril du pétrole « L’analyse de Moussa Touré ne doit pas être réductrice… »

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Dans cet entretien purement économique, le directeur des services fiscaux des impôts et domaines, El Hadj Mamadou Diao alias Mame Boye Diao donne les raisons qui poussent l’Etat du Sénégal à ne pas procéder directement à la baisse du prix du carburant même si celle-ci est constatée sur le plan international. C’est pourquoi, il a qualifié l’analyse économique de Moussa Touré, ancien ministre de l’Economie et des Finances de réductrice. Il a en outre fait état du recouvrement des impôts et soutenu que l’économie sénégalaise est sur de bons rails surtout avec le début d’exécution du PSE.

Quel est l’objectif cumulé de la direction des impôts et domaines ainsi que la Douane pour cette année ?
Les deux mamelles phares qui mobilisent les ressources publiques sont la direction générale des impôts et des domaines et la direction générale des douanes. L’objectif cumulé est de l’ordre de 1500 milliards FCFA. Ces deux administrations contribuent à peu prés à 50% à l’exécution du budget 2015.

Pensez-vous que ce chiffre est réalisable ?
Beaucoup de facteurs militent pour l’atteinte de ces objectifs. Il y a d’abord l’activité économique du pays. En réalité, aujourd’hui notre économie est tirée par le secteur des services, le secteur tertiaire, le secteur des télécoms, des banques et assurances qui connaissent des hausses sérieuses de chiffre d’affaire d’une année à une autre du fait d’une activité économique florissante. Ces secteurs ont entrainé dans leur sillage le secteur secondaire, celui de la production et beaucoup d’efforts sont en train d’être fait dans le cadre du secteur primaire surtout en matière agricole et pastorale. C’est la conjonction de ces efforts qui fait que l’activité économique telle qu’elle est connue est dans une période de bonne croissance. En réalité, ces administrations que nous avons citées parviennent à mobiliser des ressources sur la base de déclarations que font les entreprises. Aujourd’hui, on voit l’embellie économique qui est connue dans le pays, permet de mobiliser raisonnablement ces ressources. C’est pourquoi d’ailleurs à l’heure où nous parlons, notre administration (DGID) a un glissement positif par rapport aux objectifs jusqu’au mois d’août. Et, tout le monde sait que c’est au mois de novembre et décembre qu’il y a un surcroît de recettes supplémentaires, donc les tendances sont optimistes pour que notre administration aille symboliquement au seuil de 1000 milliards et que la direction des douanes tourne autour de 500 voire 550 milliards FCFA.

En se basant sur ces chiffres peut-on dire que le Sénégal est mieux géré qu’auparavant ?
Je ne vais pas faire une comparaison entre ce régime et celui précédent sur cette question pour la bonne et simple raison que beaucoup de réformes ont pu être entamées sous l’ancien régime et qui certainement ont permis à ces administrations d’avoir un niveau de performance. Au niveau de notre administration nous avons un cycle de réforme qui avait abouti à l’élaboration d’un plan de développement stratégique et la signature d’un contrat de performance avec le ministère de l’économie et des finances. La résultante était une meilleure articulation de l’action de la direction générale en vue de la mobilisation des recettes. Aujourd’hui encore un effort supplémentaire a été fait parce qu’avec l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, l’Etat avait accepté de se délester d’une manne environ de 40 milliards de recettes sur l’impôt sur le revenu. Toutefois, il a fallu qu’il y est un effort supplémentaire à faire au niveau de l’élargissement de l’assiette fiscale qui, outre l’objectif de démocratisation de l’impôt c’est-à-dire que tous les citoyens puissent payer convenablement leur état contributi a permis de mieux accentuer le contrôle sur les implisfy. Beaucoup de réformes qui se trouvent dans le cadre de l’informatisation des procédures, des déclarations ont fait qu’il y a une administration performante et qui est au devant pour répondre plus favorablement aux besoins des entreprises. Mais, le rôle des entreprises fiscales et douanières est de créer un système de collecte fiable. Celui-ci n’est nourri que par les cotisations de l’Etat ou des entreprises. C’est parce que ces entreprises parviennent à avoir un chiffre d’affaire qui croît que leur capacité contributive augmente. C’est le socle économique qui permet en réalité aux administrations de dire que nous pouvons avoir un glissement entre 2014 et 2015 de 10% et que nous pouvons escompter le même glissement entre 2015 et 2016. Certains politiciens comme Moussa Touré pensent qu’avec ces recettes, l’Etat est en train de pomper les Sénégalais faisant surtout cas de la baisse du prix du baril du pétrole au niveau international mais qui n’a aucun impact sur le prix du carburant.

Partagez-vous son avis ?
J’attends d’abord de quelqu’un de la dimension de Moussa Touré qui aime à rappeler aux gens qu’il a été ministre de l’Economie et des Finances même si c’est une période brève et Président de commission de l’Uemoa , qu’une analyse ne doit pas être réductrice surtout une analyse économique de cette envergure. Il sait en son âme et conscience que beaucoup d’efforts sont faits dans le cadre de la baisse des prix des denrées de première nécessité et le maintien de cette tendance baissière depuis son avènement au pouvoir. Pour soutenir les efforts du Sénégal pour que les denrées soient accessibles, il faudrait qu’on puisse tirer des recettes dans d’autres secteurs qui peuvent ne pas être considérées comme prioritaire. Moussa Touré sait mieux que quiconque que nous n’avons pas le même système que certaines démocraties avancées où, il n’y a presque pas de péréquation. C’est-à-dire que le consommateur ressent de façon instantanée la hausse ou la baisse du prix du baril sur la pompe. Il sait que nous n’avons pas le même système et le nôtre est un peu plus élaboré pour qu’on puisse en même temps faire face à des fluctuations vers la hausse du prix du baril. Il comprend que les réactions ne peuvent pas être les mêmes. Il sait enfin que la politique énergétique telle qu’elle est déployée aujourd’hui au Sénégal avait un objectif premier c’est-à-dire la mise à disposition et en quantité suffisante d’électricité, ce fut le premier défi à relever. Ceci passait par un effort soutenu de l’Etat pour maintenir le flot à la Sénélec. Il sait qu’il a fallu un cadre de financement supplémentaire pour permettre à la Sénélec de se déployer convenablement en attendant que les deux autres axes de la politique énergétique ne soient effectifs c’est-à-dire la fourniture d’électricité par le biais du charbon et de l’énergie. Tout ceci, mérite parfois que l’Etat puisse tirer un peu plus de recettes dans un secteur donné pour pouvoir les convoyer dans d’autres considérés comme prioritaire. Donc, je trouve juste dommage qu’il prenne un seul secteur d’activités pour en faire une communication alors qu’il y en a d’autres. Le même système comme le nôtre préfère avoir un délai pratiquement long pour pouvoir répercuter certaines baisses au niveau du consommateur. C’est pourquoi, je trouve juste dommage qu’on veut y prendre qu’un seul domaine dans le cadre de l’économie pour en faire un problème. Je me dis que l’analyse mérite qu’on prenne une approche beaucoup plus globale.

Pourquoi donc le prix du carburant est plus cher au Sénégal que dans la sous-région ?
Parce que peut être que nos pays ne sont pas les mêmes. C’est pourquoi, je dis qu’il ne doit pas y avoir une analyse spécifique. Notre pays n’a pas les mêmes ressources que les autres pays. Aujourd’hui, de notoriété publique, tout le monde sait la place de la Côte d’Ivoire dans l’économie mondiale, grâce au café et au cacao. Nous n’avons pas les mêmes réalités spécifiques. Nous n’avons pas les mêmes consommations énergétiques. Donc, pour financer certains secteurs de l’activité, il est bon parfois que l’Etat se dit que je vais davantage taxer tel type de produit plutôt que tel autre. Je peux vous donner un exemple. Aujourd’hui, il y a beaucoup de taxes qui sont supportés par la commercialisation de l’alcool ou par la commercialisation de la cigarette. C’est un choix que l’Etat a fait. En disant que ce n’est pas un secteur important pour la vie d’une nation, nous allons y pouvoir mobiliser beaucoup plus de recettes parce que ceux qui consomment ce type de produits sont ceux qui ont à priori moins de problème que les sénégalais qui ont un problème pour trouver du riz àu manger. L’Etat choisit de pérenniser ses actions en se disant que notre objectif est que les prix des denrées de premières nécessités connaissent un prix raisonnable pour les populations. Pour se faire, nous allons devoir collecter des ressources qui permettent de supporter le manque à gagner du fait des fluctuations internationales sur les prix.

Ne pensez-vous pas que cette cherté du prix du carburant, donc de l’électricité peut avoir justement un impact sur l’économie et freiner le PSE ?
Nous avons des prix qui n’ont pas augmenté depuis des années. Mais, nous avons des prix fixes sur l’essentiel de ces types de consommations. Les impératifs et déficits ne sont pas les mêmes. Nous, nous avons un déficit énergétique dans le pays. Si nous voulons soutenir une production énergétique d’envergure, il faudrait qu’on accepte d’abord que ce secteur priorise son action. L’action est donc de pouvoir mieux investir pour le maillage du pays en matière de fourniture d’énergie et pour proposer des solutions alternatives. C‘est pourquoi, dans le cadre du Pse, le mixte énergétique a été une des actions fondamentales qui nous permettent d’atteindre ces objectifs. C’est quand on atteindra l’autosuffisance de fournitures d’énergies qu’on peut penser à la baisse. Mais, notre pays a connu des crises sociales d’envergures ou il y a eu des émeutes du fait de l’indisponibilité de l’électricité dans beaucoup de foyers surtout au niveau de Dakar et dans d’autres régions du pays. Si aujourd’hui ces problèmes sont derrière nous, c’est parce qu’un investissement a été fait pour palier à cela. Mais, la période justement entre les investissements et l’effectivité nécessite un effort soutenu au niveau de ces entités. Donc, si nous voulons avoir de l’électricité, il faudrait qu’on accepte pendant cette sorte d’investissement qui nous permette d’atteindre ces objectifs en matière énergétiques que les ménages supportent essentiellement. Encore une fois, il faudrait qu’on accepte que même dans le barème de calcul de la facture d’électricité, les ménages faibles sont protégés dans les deux premières tranches de consommation d’énergies car elles sont faiblement répercutées au niveau du consommateur.

Justement parlant de PSE, si vous aviez à juger son bilan a mi-parcours. Que diriez-vous ?
Nous avons pensé dans la communication que le PSE ne consistait qu’à un volet d’investissement en matière d’infrastructure. Or, il part sur trois axes fondamentaux. Le premier surtout, c’est le cycle de reforme inhérent à toute gouvernance qui se veut irréprochables. Et dans ce cadre, la gouvernance des institutions, la gouvernance des systèmes fonciers, la gouvernance du rapport avec les administrations déconcentrées ou décentralisées sont un ensemble de textes qui sont en cours. Et vous avez pu voir de façon pure et dure, toutes les réformes qui ont été faites par la commission nationale de réforme foncière, tous les travaux qui ont été faits pour mettre en place l’acte 3 de la décentralisation dont en fait la vraie révolution constitue la phase 2 c’est-à-dire la territorialisation des politiques publiques avec la création de pôles économiques régionaux. La réforme des institutions quant à elle a été considérée comme une réforme propre au peuple des assisards qui est une partie du Sénégal. Parce que les assises nationales ont pu regrouper ce que le Sénégal avait d’opposition à l’époque et qui n’étaient pas majoritaire du fait que le Pds ne faisait pas partie des membres des assises nationales de même que l’APR. Alors, il y a eu des propositions de réformes qui doivent pouvoir épouser les autres observations des autres composantes du pays pour qu’ensemble on trouve un système constitutionnel stable, fiable et opposable à tout le pays Tout ceci, est parmi les axes prioritaires du PSE. L’autre axe prioritaire est la réforme de la carte universitaire avec la mise en place de l’université Amadou Makhtar Mbow de Diamniadio qui prévoit d’atteindre jusqu’à 30.000 lits, avec l’université du Sine-Saloum, avec le renforcement des deux universités existantes et l’adéquation entre les universités qui vont être crée, les universités régionales et le potentiel économique de ces zones qui permettent d’avoir une autre carte universitaire. La même approche est définie en matière de santé publique, en matière d’éducation. Ceux sont ces autres axes qui sont couplés en même temps à une vraie approche en matière énergétique qui permettra la mixte énergétique définie pour avoir un cadre référentiel qui tend vers le développement. L’aspect infrastructure sur lequel nous communiquons beaucoup est un aspect indispensable parce que c’est justement ce qui permettra la production qui a été faite dans les zones de l’intérieur puisse être assimilée dans les zones de transit en perspective de l’exploitation. C’est une vision globale pour laquelle beaucoup de supputations avaient été faites notamment sur son caractère d’encadré ou pas. Nous nous sommes rendu compte que l’essentiel des fonds à mobiliser pour le PSE viendront des performances des administrations sénégalaises. Aucun expert de ce pays n’est venu contredire cela. Deuxièmement, tous les partenariats publics-privés définies sont entrain de prendre forme et que les partenariats avec les bailleurs étrangers sont déjà entrain d’être effectués. Je pense qu’il faudrait qu’on comprenne que c’est une vision globale qui ne doit pas appartenir a un homme fut-il le président de la République parce que c’est le destin du Sénégal qui est pris en compte et que ce destin-la voudrait que nos performances économiques partent de nos potentiels. C’est pourquoi, il ya une instance particulière dans la vision du président de la République pour que le secteur de l’agriculture soit le moteur du développement de notre pays. Si on doit donc juger le PSE aujourd’hui a mi-parcours, je dirais que tout ce qui devait être fait pour poser les jalons de réflexion vers les axes de développement a été bien fait. Tout ce qui devait être fait pour la mobilisation des ressources y afférant a été bien fait et que le niveau de décaissement de ces fonds est actuellement en cours et qu’enfin on pouvait au moins concevoir une vision pour le pays dans un horizon de 20 à 30ans. Et tous les pays qui se sont développés ont osé avoir une vision pour les générations à venir. Et c’est seulement sur la base de cela qu’on peut développer un pays.
Thierno Assane Bâ – Le Temoin

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