La révolution tunisienne et égyptienne ont tenu la vedette lors du 11ième Forum social mondial (Fsm) tenu à Dakar du 6 au 11 février. A l’ouverture, les altermondialistes avaient clamé haut et fort que leur espoir était placé sur la Tunisie et l’Egypte. A la clôture, les populations de ces deux pays sont devenues une fierté du fait de la révolution qu’elles ont réussi.
« Je suis heureux et fier de vous annoncer la victoire du peuple égyptien. Moubarak a démissionné. Vive la révolution égyptienne. Cependant ce n’est qu’un pas, le combat c’est le changement du régime, du système ». C’est par cette phrase que les altermondialistes ont entamé la cérémonie de clôture du Forum social mondial Dakar 2011. Dès l’annonce de cette nouvelle, c’est la joie, des acclamations et ovations qui fusent de partout. Suffisant pour qu’ils considèrent le Forum social mondial de Dakar 2011 comme une réussite.
Selon les altermondialistes, qui se sont appropriés la chute des régimes de Ben Ali en Tunisie et de Moubarak en Egypte, cette dernière révolution, qui a coïncidé avec la clôture de Dakar 2011, est un cadeau. Pour Gris Martia du Comité international du Forum social mondial « le peuple africain nous a offert deux grands cadeaux. D’abord la première marche, l’une des plus importantes marches de Dakar a été magnifique. Par rapport à son ampleur, et par son importance, elle était comparable à la marche des porteurs de pancartes qui avaient accueilli De Gaulle il y a cinquante ans et qui a forcé un peu à l’indépendance des pays africains. Et pour la fermeture, nous avons aussi un cadeau extraordinaire. A l’heure même où nous ouvrions cette dernière séance du forum, le peuple égyptien a explosé en apprenant la démission de Moubarak qui montre que la révolte des peuples pour le progrès social et pour les libertés peut participer à mettre à bas les dictatures ou en tout cas des dictateurs » s’est-il réjoui.
Selon lui, si Dakar 2011 a été une réussite c’est grâce à un double miracle. D’abord, celui du processus des forum sociaux en ce sens que les mouvements sociaux citoyens dans leur diversité ont su s’adapter à toutes les situations, arriver à définir leur position, faire des propositions et à avancer par rapport à ces propositions. Ensuite, il a été réussi grâce au miracle africain qui n’est pas seulement la chaleur, mais la disponibilité de tout le peuple africain et de tout le peuple de Dakar et du Sénégal.
Pour Gris Martia, ce forum est une réponse à beaucoup de critiques venant de ceux qui ne croient pas, qui n’aiment pas les forums et qui parlent d’essoufflement. Dakar 2011, a-t-il précisé, a discuté et mis en avant le phénomène de l’accaparement des terres, des matières premières et des nouvelles formes de recolonisation, la question des migrants et des diasporas, le rôle des femmes dans la conquête des nouvelles libertés, etc. Il s’inscrit dans une nouvelle phase de la décolonisation. Comme c’est le cas en Tunisie et en Egypte. « Après les limites des 50 ans d’indépendances des Etats, aujourd’hui s’ouvre la longue marche pour une nouvelle indépendance, celle des peuples » a martelé Gris Martia.
Revenant sur la démission de Moubarak et Ben Ali ; l’Egyptien Mamduh Habashi, vice-président de World Forum for alternative, a déclaré qu’un « autre monde est possible grâce aux Egyptiens et aux Tunisiens ». A l’en croire, la réaction, la répression du régime dans les débuts de la crise a transformé le mouvement en révolution. « A partir d’aujourd’hui, notre combat contre les criminels a commencé. Le sang des victimes de la répression a été le prix de la révolution. Cette révolution n’est pas une révolution colorée, mais du peuple. C’est une révolte anti impérialiste qui montre comment les Etats-unis d’Amérique et l’Union européenne ont supporté ce pays, malgré la souffrance du peuple qui contraste d’avec les réalisations en infrastructures. Le double jeu est terminé. Tout le monde doit être derrière le peuple égyptien, la révolution pour que cesse l’impérialisme » a-t-il noté.
A sa suite, Abdel Jadid Bédouin, militant associatif Tunisien a dit toute la fierté du peuple tunisien du départ de Ben Ali. « Nous sommes fiers car depuis plusieurs années, nous avons pu, malgré les restrictions du régime, partager, communiquer pour que cela arrive. On a montré qu’il y a un paradoxe, un écart entre les performances et la réalité caractérisée par une pauvreté. Et le peuple s’est démarqué des discours fallacieux ».
Toufik Ben Abdallah, Coordonnateur du secrétariat du Forum social africain a pour sa part indiqué que ce forum « est le plus grand rassemblement d’Africains de l’histoire du forum mondial. C’est ici que se construit la citoyenneté africaine l’Union africaine ». Selon lui, la spécificité du forum de Dakar, « ce sont les caravanes qui sont venu d’un peu partout dans la sous région et dans toute l’Afrique. La participation africaine a été massive. La participation nationale a été plus que massive. Tant mieux car c’est la première fois en Afrique.
Et d’ajouter que « ce forum a été celui de la solidarité avec les peuples en lutte, ceux qui gagnent et ceux qui gagneront. Il a été le forum du Sud, des pays du Sud. »
« Grâce à vous, conclut-il, nous avons réussi à contribuer à la reconstruction un tout petit peu le monde que nous détestons. Un autre monde est possible et c’est avec ce forum que nous le faisons ». Auparavant, il a présenté des excuses pour les difficultés logistiques qui ont perturbé les activités et promis d’y remédier la prochaine fois.
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