Les écrivains sénégalais ne devraient pas se limiter à décrire ‘’seulement ce qui ne va pas’’, mais devraient en même temps rendre compte pour la postérité de valeurs culturelles sénégalaises, a indiqué Nafissatou Dia Diouf.
‘’Je pense que c’est un peu le rôle d’un écrivain de décrire sa société, mais pas seulement ce qui ne va pas, je vous assure’’, a soutenu, dans une interview parue dans l’édition de mai du mensuel Intelligences celle qui a été récemment primée parmi les 50 femmes sénégalaises ‘’leaders d’exception’’.
‘’Il n’y a pas que des trains qui n’arrivent pas à l’heure chez nous, il y a également beaucoup de choses, des éléments de valeur et (des éléments) culturels à garder pour la postérité, et donc à écrire’’, a-t-elle ajouté.
‘’Le fait de dire ce qui ne va pas, de titiller ou même d’éveiller des sentiments chez mes contemporains est un engagement’’, a cependant souligné l’écrivaine sénégalaise qui vient de publier ‘’Cirque de Missira et autres nouvelles’’.
Selon Mme Diouf, l’engagement de l’écrivain ne peut être assimilé à un ‘’combat politique’’, mais elle s’est dit ‘’sûre que ça laisse des traces et que ça suscite des vocations peut être de personnes engagées différemment’’.
‘’Écrire est un acte d’engagement tout court et je me sens aussi dans ce rôle-là’’, a-t-elle indiqué avant de préciser que ‘’pour l’instant’’, écrire des nouvelles lui ‘convient comme type d’activité littéraire’’.
Parlant de ce qui l’a inspiré pour ‘’Cirque de Missira’’, son dernier recueil de 17 nouvelles, Nafissatou Dia Diouf a expliqué que ‘’c’est surtout qu’on vit dans une société haute en couleur, où il y a tous les jours des choses qui se passent et beaucoup de choses à dire, pour peu qu’on soit un minimum observateur’’.
‘’Ce recueil parle d’une indignation profonde sur beaucoup de choses qui passeraient pour des choses banales, que seul un regard neuf pourrait vraiment voir et dénoncer’’, a précisé l’écrivaine de 37 ans, directrice du département communication de l’opérateur historique des télécoms au Sénégal.
Priée de dire si ‘’Cirque de Missira’’ constitue son œuvre la plus aboutie à ce jour, Nafissatou Dia Diouf a répondu : ‘’Non, non et j’espère d’ailleurs ne jamais avoir ce sentiment dans la vie’’.
‘’Je n’aimerais pas avoir à un moment donné la sensation d’arriver au sommet, parce qu’après le sommet c’est la décadence. Je pense qu’il faut se fixer des objectifs ambitieux mais toujours repousser ses limites et son horizon’’, a-t-elle poursuivi.
Nafissatou Dia Diouf a commencé à publier ‘’depuis une dizaine d’années’’ (nouvelles, poésie, ouvrages pour enfants) et a remporté de nombreux prix dont celui u jeune écrivain francophone à Muret (France, 1999). La Fondation Léopold Sédar Senghor lui a également décerné en 2000 son premier prix pour sa nouvelle ‘’Sables mouvants’’ et son deuxième prix de poésie pour ‘’Ode à l’amour’’.
L’auteure de ‘’Les petits chercheurs’’ et ‘’Kidiwi, la gouttelette curieuse’’ a également représenté le Sénégal dans la catégorie littérature des 5e Jeux de la Francophonie à Niamey (Niger) où elle a obtenu la mention spéciale du jury.
BK
aps.sn
