Reportage en Turquie : sur les traces des Prophètes Ibrahim et Younouss (photo, puits du prophète Younouss)

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Dans le cadre de la coopération entre la Turquie et le Sénégal, Atlantique Turquie Sénégal association (Atsa) pour le dialogue culturel et les civilisations a invité un groupe de journalistes sénégalais à un voyage de presse d’une semaine afin de permettre à ces derniers d’avoir un aperçu de la carte religieuse, culturelle et économique de la Turquie.

 

LA GROTTE SACREE DE IBRAHIM
Sanl?urfa souvent appelée simplement Urfa est une ville du sud-est de la Turquie. Elle est à moins de deux heures de vol de la capitale économique de ce pays, Istanbul. Elle fut d’abord nommée Urhai puis Edesse, puis Urfa et aujourd’hui ?Sanl?urfa ou Rufa en kurde. Sa population estimée à 1 million 500 mille habitants est composée de Turcs, d’Arabes et de Kurdes qui vivent «dans une réelle harmonie». Elle vit essentiellement d’agriculture et d’élevage.

Selon la légende, Adam et Eve séjournèrent dans cette cité, qui serait la ville natale de Abraham et qui abriterait la tombe de son épouse Sarah. D’autres désignent la ville comme celle de Rûh, l’une des villes construites après le déluge. C’est donc une ville pleine d’histoire qui a la particularité d’abriter la grotte dans laquelle s’était cachée la maman du Prophète Ibrahim afin de protéger son fils des griffes du roi Nemrod. En effet ce dernier avait vu en rêve qu’il se fera détrôner par un garçon qui naîtra dans sa ville. C’est ainsi que pour le sauver, sa maman le cacha pendant huit ans dans une grotte qui se trouve juste sous le Palais de Nemrod, ne se nourrissant que de viande crue moulue avec des pierres et mélangée avec de l’herbe. Un plat qui est devenu très apprécié des populations qui perpétuent la tradition et qui aiment en servir aux visiteurs.

Cette grotte rattachée à une mosquée est devenue un lieu de pèlerinage. Les pèlerins obligés de se courber pour y entrer, découvrent juste à l’entrée, sur la gauche, des affaires appartenant au Prophète Mohamed (Psl) et à un de ses compagnons, Ousmane, protégées par une vitre, et survolée à l’extérieur par une coupole verte sur laquelle ne se posent jamais les nombreux pigeons qui la survolent chaque matin. Le reste du décor est composé de nattes de prière, de chapelets et d’exemplaires du Saint Coran. Sur les murs, on peut lire des prières écrites par des visiteurs. Mais l’emplacement où se trouvaient le Pro­phète Ibrahim et sa maman est bien protégé par une vitre à travers la­quelle, on peut voir de l’eau stagnante, une eau qui «ne change pas de couleur ni d’odeur», explique-t-on.

S’il a été protégé durant son enfance par sa maman, devenu adulte, le Prophète Ibrahim restera une menace contre le roi Nemrod qui décida de le tuer en le jetant dans un énorme brasier. Les deux poteaux sur lesquels était rattaché le panier qui a servi à le propulser dans le feu allumé par Nemrod et ses partisans, sont toujours là, défiant le temps, du haut de la montagne. L’endroit où il a atterri était d’abord couvert de roses rouges – d’ailleurs c’est pour cette raison que les visiteurs sont accueillis par des roses rouges en signe de bienvenue – avant de se transformer en lac. On peut y voir les carpes sacrées qui témoignent du miracle de Abraham. Ces carpes ne grandissent pas, ne meurent pas et leur nombre ne varie pas. Ce sont les mêmes qui accueillent les milliers de visiteurs comme ces journalistes sénégalais qui y avaient fait un tour, sur invitation de Atlantique Turquie-Sénégal association (Atsa).

PORTE SUR L’EUROPE

Ainsi, après la visite de la grotte du Prophète Ibrahim, la délégation des journalistes sénégalais fera la prière du matin dans la Grande mosquée qui jouxte la grotte de Ibrahim, après avoir assisté a une soirée culturelle et religieuse organisée par des hommes d’affaires de la ville d’Urfa. Le temps de participer à une séance de zikr, l’on prend la route pour un autre lieu de pèlerinage : le mausolée de Rahani, un derviche turc, mais aussi celui d’un petit-fils du Prophète Mohamed (Psl).
La visite continua sur les vestiges de la première université du monde, créée en l’an 3 000 avant Jésus Christ. L’on y étudiait l’anatomie, les galaxies, avant qu’elle ne soit détruite par l’invasion mongole en 1200. Aujourd’hui patrimoine de l’Unesco, il ne reste de cette université que ses contours et une colonne qui jadis mesurait 75m et qui ne fait plus que 30m.

Cap ensuite sur la grotte où le Prophète Younouss a passé 7 années de sa vie, affecté par une maladie qui lui rongeait la moitié du corps d’où sortaient des vers. Le puits où il a trouvé l’eau qui l’a guéri est aujourd’hui condamné, mais l’eau est déviée dans des robinets et les pèlerins ne s’en privent pas.

La télévision Canal Urfa a été la dernière étape de la visite à Urfa, pour enregistrer une émission spéciale sur les journalistes sénégalais qui, avec leur guide et interprète, Mesut en premier, ont été élevés au grade de citoyen d’honneur de la ville d’Urfa avec certificat en main.

Avant cette visite à Urfa, la délégation sénégalaise a passé deux jours à Izmir, la 3e ville la plus grande de Turquie qui compte 3,5 millions d’habitants. Un mélange de plusieurs cultures, avec une population composée de Turcs, de Juifs et de Grecs du fait de la proximité avec la Grèce. Une ville de tourisme et de textile mais où l’agriculture est très développée. Izmir abrite le premier port de Turquie et plusieurs opérations de la coalition en partance pour la Libye partent de ce port.
Dans cette ville, c’est le gouverneur qui reçoit dans ses locaux et parle «de cette ville historique qui a 8 500 ans d’histoire». Aussi parle-t-il «de la Turquie qui est déterminée à avoir de bonnes relations avec tout le monde, à développer des contacts avec l’ouverture d’ambassades. En 2010 nous avons fait un chiffre d’affaires de 114 millions de lira rien qu’avec les exportations. Dans les quatre coins du monde on a des hommes d’affaires qui font leur business. Izmir est aujourd’hui la porte d’ouverture vers l’Europe. Elle est très importante dans le transport aérien et par voie maritime. Nous sommes en contact avec plus de 2 milliards de personnes».

Autre lieu, autres informations sur l’imprimerie Zaman qui tire chaque jour le million d’exemplaires du journal Zaman. L’imprimerie a une capacité de 75 mille numéros par heure.

A l’Université de Gediz le professeur Seyfullah Cevik recteur et fondateur explique, face aux journalistes, que «la prochaine cible, ce sera la communication» pour cette université qui compte quatre grandes facultés et 5 mille étudiants dont deux Sénégalais «qui passaient des examens» lors de notre passage.

C’est à Izmir qu’a démarré le mouvement Gulen qui a été propulsé par Fethullah Gulen. Né à Erzurum à l’est de la Turquie en 1941, Fethullah est un penseur et un savant islamique. Poète et écrivain prolifique, il a été instruit dans les sciences religieuses par plusieurs maîtres spirituels et savants musulmans. Il a  aussi étudié les principes et les théories des sciences physiques et sociales actuelles. Grâce à ses dons d’apprentissage et de concentration dans l’étude, il surpassa vite ses pairs. En 1958, on lui attribua un diplôme d’Etat de prédicateur et il fut promu à Izmir, la troisième plus grande province de Turquie.

GULEN, UN MOUVEMENT, UN MODE DE VIE

Dans ses sermons et discours, il insiste sur les problèmes sociaux les plus importants de l’époque, son but étant de pousser la jeune génération à harmoniser l’épanouissement intellectuel avec une spiritualité pleine de sagesse et un activisme plein d’humanité et de bienveillance. Ainsi, il a encouragé l’élite sociale et les dirigeants de diverses communautés, des industriels puissants aussi bien que de petits commerçants, à soutenir l’éducation de qualité.

Grâce à leurs dons, les organisations scolaires ont pu créer de nombreuses écoles en Turquie et à l’étranger notamment au Sénégal avec l’école Yavuz Selim. Gulen a aussi aidé à l’inauguration de la Fondation des journalistes et des écrivains en 1994 dont l’objectif est de promouvoir le dialogue et la tolérance dans toutes les couches de la société. Tous les membres de ce mouvement qu’on a pu rencontrer, notamment son frère kubettenlah,  directeur de l’hôpital Sema Moustapha Ozcan et un des membres fondateurs de la première école à Izmir, parlent de lui avec une affection et une admiration sans bornes. Il leur a appris à vivre sans s’enrichir en prônant le don de soi et le partage sans limites afin d’obtenir l’agrément de Dieu. Vivre la Sunna du Prophète (Psl) résume la vie du mouvement Gulen.

En outre, c’est à Izmir que se trouvent le premier internat, le premier hôpital et la première école financés par des hommes d’affaires. Si elle a pris racine dans la troisième ville de Turquie, le mouvement s’est développé à travers le monde, en Europe, aux Usa, et en Afrique. C’est ainsi que plus de 2 500 écoles ont été construites dans 160 pays à travers le monde, «pour une jeunesse forte avec de bonnes habitudes». Et le Sénégal va bientôt obtenir son hôpital financé par des hommes d’affaires, membres de ce mouvement. Leur refrain étant : «Rien ne nous appartient, mais tout appartient à Allah.»

CES HABITUDES BIEN TURQUES…
Chez les Turques, il est interdit de porter des chaussures dans la maison. C’est sur le pas de la porte qu’on se déchausse en les laissant dans des cages spécialement conçues à cet effet. Dans tous les internats et maisons visités, c’est le même rituel. Dans les internats par exemple, c’est pratiquement au premier étage de chaque immeuble qu’on se déchausse du fait qu’«on doit pouvoir prier sur les tapis sans arrière pensée». De même, les chaussures qui sont dans les toilettes ne sortent jamais de ces lieux. Et l’on circule avec des chaussettes la plupart du temps ou avec des chaussures spéciales. La propreté, c’est la première chose qui frappe le visiteur. Tout est bien nettoyé, les fleurs commencent à sortir, de belles couleurs qui donnent l’air d’un immense jardin bien entretenu. C’est le même spectacle, d’Istanbul à Urfa via Izmir.

C’est comme si un magicien passait tous les jours pour nettoyer ce pays. Par contre ce qui peut être frustrant pour les gens de couleur, c’est le fait d’être observé à la dérobée par les Turcs et pointés du doigt. Si la Turquie est une grande civilisation, l’on pourrait croire que la race noire n’y est pas bien connue. Il faut s’armer d’une sacrée bonne dose de patience pour se laisser photographier par tous ces inconnus.

lequotidien.sn

 

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