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Révélations sur les gaz lacrymogènes au Sénégal : Un antidote secret n’a pas pu éviter une mort inattendue

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XALIMANEWS- L’information a failli passer inaperçue tant les derniers événements sur la situation politique tendue du pays, l’emportent sur tout. Même ce qui pourrait paraître important aux yeux des familles touchées par le deuil à la suite de nombreuses manifestations qui, depuis 2021, ont emporté de jeunes sénégalais sous le coup des tirs de balles réelles…et de grenades lacrymogènes.
Ce dernier aspect, très utilisé par les Forces de Défense et de Sécurité (FDS), a fait beaucoup parler sur son « utilisation abusive et surtout ses conséquences sur la santé des populations ».
« Mais on ne savait pas qu’ils pouvaient tuer », commente une source de Xalima au détour d’un débat.
Elle fait ainsi un flash-back sur, au moins, deux morts, dénombrées officiellement entre juin 2023 et février 2024. Par étouffement et à la suite de tirs de grenades lacrymogènes, Mamadou Diop, artiste plasticien et asthmatique, a succombé en juin 2023, tout comme l’ancien lutteur, Mame Gorgui Ndiaye, décédé récemment, un soir de février 2024 et dont on dit qu’il a inhalé le gaz des lacrymogènes ce jour-là.

Une odeur inhabituelle

Au moment où dans les rues de Dakar, depuis juin 2023, nombre de sénégalais se plaignent de l’odeur inhabituelle du gaz issu des tirs de grenades lacrymogènes, cette forte teneur en gaz et la fumée qui en dégage doivent tout emporter sur son passage, lors des manifestations, tant personne n’y résiste. Des maladies respiratoires se comptent, dès lors, dans toute la capitale et même dans les régions. M. D, entrepreneur en bâtiment de son état, raconte sa mésaventure après avoir essuyé les lacrymogènes, alors qu’il revenait du travail, lors d’une manifestation. « Je me souviens être tombé gravement malade après le mois de juin 2023. Jusqu’au mois d’octobre dernier, je trainais les séquelles d’une sorte de pneumonie qui ne dit pas son nom. J’ai dû prendre un long traitement à l’hôpital », a-t-il révélé.
Dans les foyers, certaines mères, inquiétées par la situation, évoquent encore cette forte odeur des lacrymogènes qui n’a pas, pour autant, fait reculer les jeunes. Et d’aucuns ont encore eu à en faire les frais lorsqu’en février 2024, les locaux du groupe Walfadjiri ont subi les assauts des forces de l’ordre. En plein studio, alors qu’il tousse encore, Cheikh Niass, le PDG du groupe de presse témoigne. « Il faut voir comment les gens tombent sur les tirs des lacrymogènes. Alors qu’on se trouvait, pourtant, loin des forces de l’ordre. Ils sont tous couchés dans nos bureaux. Je ne sais pas de quel produit il s’agit, mais j’ai la nette impression qu’il est destiné à nous tuer. Je pèse mes mots ; je ne dis pas qu’ils (les FDS) utilisent des balles réelles pour le faire mais avec ces assauts aux lacrymogènes du genre, l’intention est palpable ».

Un antidote secret refusé à Prosper Senghor

A Sanar, dans le mythique temple de l’université Gaston Berger, l’atmosphère demeure tendue après le deuil de deux étudiants, partis trop tôt, à la suite des derniers affrontements entre forces de l’ordre au sein du campus. Jamais, ils n’oublieront cette énième mort inattendue provoquée, cette fois-ci, par un tir de lacrymogène. Ici, on évoque encore le triste épisode de « l’assassinat » de Prosper Clédor Senghor, victime d’un de ces nombreux tirs des forces de l’ordre. Qu’est ce qui s’est réellement passé ? Comment un tir de ces grenades peut-il tuer ? Au moment où l’autopsie était diligentée, des sources corroborent la mort de l’étudiant à la suite d’un « tir de projectile en plein cœur ».
Toutefois, un témoignage de taille vient confirmer les soupçons sur l’inhalation du gaz des lacrymogènes qui aurait, fortement, contribué à mettre Prosper Senghor dans le coma d’où il n’est pas revenu, hélas !


Moustapha Dione, son camarade de chambre du village C, raconte comment Prosper Senghor a été « touché par le tir de lacrymogène ». « Il a dû certainement prendre du gaz car, lorsqu’il a été transféré à l’hôpital, le médecin m’a appelé plus tard pour me poser des questions. C’est par la suite qu’on m’a informé qu’il lui fallait un antidote contre le gaz qu’il a inhalé, lequel a été demandé à la gendarmerie qui a refusé de collaborer », révèle l’étudiant, témoin oculaire des faits, alors qu’il prenait la parole lors du rassemblement en hommage à ses camarades étudiants tombés sur le champ d’honneur.

Il confie, notamment, avoir eu un sentiment d’impuissance lorsqu’il a revu son ami, couché sur un lit d’hôpital, avec des tuyaux pour le maintenir en vie, attendant désespérément d’être délivré par un antidote qui ne viendra jamais.
Même s’ils ont l’habitude d’entendre des morts à la suite de balles réelles, ce qui est tout aussi déplorable à leurs yeux, les étudiants n’ont jamais soupçonné les tirs des policiers aux grenades lacrymogènes. Ils sont toujours allés « au front » pour affronter ces tirs qu’ils considèrent comme le seul moyen de réplique légitime que les policiers pouvaient utiliser à leur encontre. Mais c’est sans compter avec ce énième drame qui les plonge dans une inquiétude sans nom.

D.S

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