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Serigne Touba, un iconoclaste venu du Baol

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Serigne Touba, un iconoclaste venu du Baol +++ D’un des envoyés spéciaux de l’APS : Abdou Kogne Sall +++

(APS) – Le fondateur de la confrérie mouride Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké dont des milliers de fidèles commémorent mercredi à Touba la déportation, a mené une vie entièrement dédiée à la spiritualité, à l’adoration divine et au culte du gain licite.

Ces trois éléments constituent les fondements de la philosophie mouride qui ont notamment permis à son fondateur Ahmed Ibn Mouhamad Ibn Habib Allah, plus connu sous le nom de Serigne Touba, de triompher de ses contempteurs.

Issu d’une famille pieuse, Cheikh Ahmadou Bamba, né vers 1854 dans un village du Baol (centre), a très tôt développé une singularité qui ne laissait personne indifférent.

Il mémorise très tôt le Coran, maîtrise la langue et la littérature arabes, en plus d’une solide formation théologique. Pas étonnant alors qu’à la mort de son père Mame Mor Anta Saly, il se voit confier la charge de sa succession à la tête de l’école que ce dernier avait fondée.

Mais le fils de Mame Diarra s’y sent bientôt à l’étroit. Du fait certainement de son désir de découvrir d’autres pans de la connaissance liés à la spiritualité et au mystique.

’’Quiconque m’accompagne pour la seule et simple raison de s’instruire peut désormais chercher ailleurs, mais quiconque partage mon ambition et ma volonté peut me suivre dans la nouvelle voie que j’ai tracée », dit-il alors à ces disciples.

Une vision à l’époque « iconoclaste » pour les cercles intellectuels, religieux, sociaux et politiques qui redoutaient une remise en cause du système prévalant à cette époque.

Il est aussitôt rejoint en masse par des érudits et de simples disciples. Ce qui n’a pas manqué d’inquiéter l’administration coloniale, qui, profitant des divergences de vue de Cheikh avec ses coreligionnaires, commence à mener la vie dure au guide religieux.

Il sera, tour à tour, déporté au Gabon à partir de 1905 pour un exil de près de huit ans, en Mauritanie entre 1903 et 19O7, puis Thièyen, localité éloignée et dépeuplée du nord du Sénégal

Il est ensuite assigné en résidence surveillée à Diourbel où il vécut le reste de ses jours, se consacrant entièrement aux recommandations divines et à tout ce qui est de nature à favoriser l’épanouissement spirituel de ses disciples.

Préceptes qui serviront à jamais de leitmotiv pour le marabout. « Fais de la quête du savoir ton souci et applique ce que tu as appris tout en observant la noblesse des caractères et fréquente un guide spirituel qui se comporte ainsi », écrit-il dans ses ouvrages.

Leitmotiv qui, en définitive, lui aura permis de triompher de tous les obstacles qui se seront dressés devant lui, sa vie durant.

L’affluence sans cesse grandissante constatée à l’occasion de chaque Magal témoigne si besoin en était encore de la victoire à la fois contemporaine et posthume du cheikh sur ses détracteurs, notamment ceux relevant du système colonial.

Aujourd’hui, le mouridisme, seule confrérie musulmane née en Afrique noire, a fini de conquérir le monde. Au point que le nom de Cheikh est aujourd’hui prononcé presque partout à travers le monde.

En témoigne le foisonnement, un peu partout en Occident en particulier, des « Maisons Serigne Touba », érigées à sa gloire par ses talibés pour vulgariser ses enseignements.

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