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« Terrorisme: De la responsabilité de tous et chacun… », Par Abou Abel Thiam

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C’est une guerre, elle est mondiale. Elle n’est étrangère à personne, même pas à ceux qui sont étrangers à elle. Assurément, le spectre des dégâts du djhadisme est large, faisant que nul n’y échappe. L’interconnexion de toutes les régions du monde n’est pas seulement numérique, en effet. La carte bancaire du Sénégalais retire des billets à Dubaï ou à Rio. Le gamin de Kolwezi ou de l’Amazonie tape dans son ballon portant un maillot de Messi. Ce qui explique que les explosions de bombes à Mossoul, Alep ou Bombay ont des retentissements, pas seulement sonores, à Abidjan, Mexico ou Oulan Bator…
Pis, lorsque les assassinats en masse, les exécutions capitales, les bombes aveugles et les assauts de commandos se font, non plus dans des villes à chercher sur la mappemonde mais à Tombouctou, dans l’Adamaoua camerounais, à Sokoto ou à Paris, nous autres Sénégalais ressentons, de plus en plus, le resserrement de l’étreinte de la ceinture de feu.
Rien de ce qui touche le monde ne nous est étranger. C’est pourquoi, le phénomène de la violence religieuse porté par les Djihadistes est un fait sénégalais, d’une façon ou d’une autre. Le nier équivaudrait à penser que nous sommes tout autant à l’abri d’épidémies ou de phénomènes climatiques pouvant frapper d’autres régions du monde. Déjà, dans les banlieues parisiennes, les nôtres d’enfants se comptent dans la légion pour la sinistre besogne en Syrie. Et il leur arrive de se souvenir qu’ils ont un passeport sénégalais et de l’utiliser en cas de besoin.
Dans le cadre de la prévention des actes de violence liées à cette forme de pratique de l’Islam, les forces de sécurité sénégalaises procèdent à l’interpellation d’individus professant un discours religieux radical, certains d’ entre eux ayant fait l’objet de soupçons de connexion avec des djihadistes, au regard des enquêtes des services de renseignements. Un à un, en différentes localités, des hommes et femmes ont été cueillis et mis à la disposition de la justice invitée à se pencher sur leur cas. Il ne s’agit plus de Tombouctou, de Tlemcen ou de la lointaine Rakka aux mains des illuminés de l’EI.
Cette fois-ci, c’est à Kaolack, Guédiawaye … Ces faits renvoient aux événements de Charlie Hebdo de janvier dernier dont la tragédie a été étouffée, chez nous, par le débat surréaliste ayant consisté à se demander si le Président Macky Sall avait eu raison de participer à la marche quasi universelle de Paris pour s’élever et condamner le terrorisme au nom de la religion.
La France a été frappée, vendredi dernier, dans son cœur, Paris, par des individus qui ont tué, aveuglément. Les auteurs de ces actes barbares, qui tuent au nom d’une religion dont ils ignorent le message, sont du même acabit que ceux qui sévissent au Nigeria, au Mali, en Syrie… S’il advenait qu’ils prennent pied chez nous, ils tueraient avec délectation tous ceux qui psalmodieraient des khassaides ou le Wasifa, massacreraient tous nos chefs religieux de Touba, Tivaouane, bruleraient avec plaisir les écrits de Cheikh Ahmadou Bamba, décrèteraient que les pratiques de Limamoulahi ou Baye Niasse étaient impies, décideraient que le maouloud et le magal de Touba sont haram… Les premiers à devoir s’ériger contre les djihadistes, se sont donc bien les musulmans, puisqu’ils en sont les premières victimes.
Nos autorités ont l’impérieux devoir de protéger notre pays contre ce péril. A nous, citoyens, de les y aider à nous dressant, par une bonne compréhension de la marche du monde.
L’approche du président
Singulier pays en maints aspects, le Sénégal constitue une exception mondiale, au regard du degré d’harmonie dans la cohabitation des religions de ses habitants. Les solides relations entre les différents clergés, l’équidistance de l’Etat à l’égard d’eux, le commerce fraternel entre les grandes figures tutélaires religieuses ont construit un Sénégal qui pourrait servir d’exemple à l’humanité entière sous ce rapport. Ce n’est point de la forfanterie : notre pays est l’un des rares au monde à pouvoir s’enorgueillir de disposer de cimetières mixtes, comme celui de Ziguinchor, où musulmans et catholiques confient leurs morts à la même portion de terre, et sûrement au même Créateur. Ne sommes-nous pas, aussi, ce peuple dont l’une des villes, Saint-Louis en l’occurrence, dispose d’une mosquée où l’appel aux fidèles musulmans s’est fait pendant longtemps au son d’une cloche, instrument si symbolique de la liturgie catholique ?
Ce qui avait amené nos autorités à la marche de Paris après les événements de Charlie Hebdo se manifeste aujourd’hui par les discours de radicalisation qui traversent certaines de nos mosquées, l’implication d’enfants du pays dans l’administration de structures djhadistes, et les tueries de Paris… Notre responsabilité est interpellée, nous devons nous dresser contre les pratiques obscurantistes.
Abou Abel THIAM

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