Lutte contre le terrorisme : 34 suspects écroués au Sénégal

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Le renforcement des dispositions du Code de proce?dure pe?nale et la re?organisation des services se?ne?galais dans le cadre de la lutte contre le terrorisme se justifient amplement. Selon le de?compte mis a? jour de Libe?ration, 34 suspects soupc?onne?s de terrorisme sont écroués à Dakar.

Les autorités ont bien raison de durcir l’arsenal pénal pour lutter contre le terrorisme. Selon un de?compte non exhaustif de Libe?ration, 34 suspects dont trois Maliens sont de?tenus au Se?ne?gal pour terrorisme pre?sume?.
Si certains cas ont e?te? fortement me?diatise?s, d’autres l’ont e?te? moins. Il y a de cela quelques jours, le dispositif mis en place par les services se?ne?galais a permis d’interpeller les Maliens Ould Muhammed Sina et Ould Ame Sida-lamine.
Le premier est suspecte? d’e?tre lie? a? l’attentat qui a frappe? le Grand Bassam en Co?te d’Ivoire. L’enque?te pilote?e par la DIC a permis d’intercepter un troisie?me suspect, Boubacar Niangara qui est aussi Malien.
Avant eux, un ressortissant se?ne?galais avait e?te? interpelle? alors qu’il revenait du Mali, plus pre?cise?ment de Gao. On e?tait alors en 2003 lorsque l’imam Babacar Dianko, qui entretenait des relations avec Hamada Ould Mohamed Kheirou a? l’e?poque leader du Mouvement pour l’unicite? et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) a e?te? intercepte? a? Ke?dougou gra?ce a? un excellent travail de la Direction de surveillance du territoire (DST). ‘’Mai?tre coranique’’, selon ses dires, Dianko qui avait ses quartiers dans la banlieue est suspecte? d’e?tre un recruteur.
A l’instar de Makhtar Diokhane? arre?te? au Niger et extrade? a? Dakar, courant 2016, ce dossier comporte des ramifications multiples et pour cause.
L’affaire commence dans la nuit du 26 au 27 octobre 2016 avec l’arrestation a? Kaolack de l’imam Alioune Badara Ndao. Les enque?teurs se?ne?galais le soupc?onnent d’e?tre lie? a? Diokhane?, son ancien e?le?ve interpelle? au Niger alors qu’il venait au secours de trois de ses partisans mis hors d’e?tat de nuire par les forces de se?curite? nige?riennes.
Dans le cadre de cette affaire, Coumba Niang et Marie?me Sow sont cueillies a? Gue?diawaye. Le Doyen des juges d’instruction les place sous mandat de de?po?t au me?me titre qu’un vendeur de pie?ces de?tache?es a? Liberte? VI, Saliou Ndiaye et Ibrahima Hanne.
L’Imam Alioune Badara Fall ne sera pas e?pargne? tout comme Leyti Niang, bras droit de Diokhane? arre?te? a? Rosso alors qu’il tentait de fuir le Se?ne?gal.

L’imam Dianko intercepte? a? Ke?dougou de?s 2003

D’autres rebondissements vont marquer ce dossier a? la suite d’une de?le?gation judiciaire adresse?e par le doyen des juges aux enque?teurs de la DIC. Comme nous l’e?crivions, c’est en poursuivant leurs investigations dans le cadre de l’affaire Diokhane? que les policiers se?ne?galais vont mettre la main sur Moustapha Diatta et sur le syste?me qui gravitait autour de celui qui se pre?sentait comme un vendeur d’aquariums.
La police a affirme? dans un communique? que Diatta e?tait lie? aux Maliens cite?s plus haut. Lors de son interpellation, il y a de cela un an, il e?tait de?ja? soupc?onne? d’avoir convoye? en Libye la nomme?e Nde?ye Sy K., ses trois enfants mineurs et son mari, Ameth B. dit Zaid Ba, tue? a? Syrte. Selon le pe?re de Nde?ye Sy K., le mis en cause aurait fait convoyer en Libye sa fille ainsi que ses trois enfants mineurs et son mari Ameth Ba? dit Abdallah Ba?.
A partir de ce moment, les enque?teurs savaient qu’ils ont affaire a? un gros poisson : Abdallah Ba? dont le nom de guerre est Zaid Ba? a e?te? tue? en Libye apre?s avoir re- joint son fre?re, Ibrahima Ba. Un fait que relate d’ailleurs Mbaye K. Il explique qu’il n’avait plus de nouvelles de sa fille et de son mari.
En aou?t 2015, il ajoute que sa fille a joint au te?le?phone sa maman pour lui dire qu’elle vivait de?sormais dans un Etat islamique ou la charia e?tait applique?e. Mbaye K. ignorait encore que Nde?ye Sy K. avait rejoint l’Etat islamique.
Mais il y’a de cela deux mois, cette dernie?re a appele? encore sa me?re pour lui dire que son e?poux, Ameth Ba?, e?tait mort au combat, en me?me temps que d’autres Se?ne?galais, sans plus de pre?cisions. C’est en regardant l’indicatif du nume?ro avec lequel elle appelait que sa famille a compris qu’elle e?tait en Libye dans les territoires contro?le?s par Daesh.
Apre?s un travail de renseignement fourni, la DIC est passe?e a? l’acte le 08 fe?vrier 2016 en interceptant Moustapha Diatta. Face aux enque?teurs, celui-ci ne nie pas connai?tre Ameth Ba? et Nde?ye Sy K. Mais il de?ment les avoir aide? a? rejoindre l’Etat islamique et admet avoir fait des de?marches pour permettre a? une de leurs filles, reste?e au Se?ne?gal, de les re- joindre.
Selon ses dires, la tentative a e?choue? puisque la mairie re?clamait la pre?sence physique des parents. N’empe?che, il reconnai?t s’e?tre lie? d’amitie? avec Ameth Ba?, Cheikh Abdallah Die?ne et… Abdourahmane Mendy, un Se?ne?galais radicalise? tue? re?cemment a? Syrte presque en me?me temps que Moustapha Diop dit Abdou Hatem.
Le sieur apprend encore qu’ils fre?quentaient tous la me?me mosque?e de «Masjid Juma». Mais jure-t-il que lorsque ces derniers l’informaient du voyage, ils lui avaient juste dit qu’ils allaient se rendre dans un Etat ou? la charia est applique?e.
Une version qui n’a pas convaincu les enque?teurs et pour cause. Les documents saisis chez lui sont, en fait, des appels au Jihad, pour ne pas dire qu’ils font l’apologie du meurtre. Curieusement, ce dernier, informe? de cette de?couverte, a jure? qu’ils ne savaient pas ce qui e?tait e?voque? dans les documents parce qu’il ne parlerait pas arabe. Ce qui est manifestement faux.
En poussant les investigations dans le cadre de cette affaire, les enque?teurs e?tablissent des liens entre Diatta et un certain Aboubacary N. vivant en Mauritanie. Celui-ci est conside?re? comme un membre d’une cellule terroriste dirige? par Mohamed N. alias Abou Youssouf. Gra?ce a? la coope?ration policie?re, Mohamed N., Aboubakry N. et six autres personnes sont arre?te?es en Mauritanie, extrade?s sur Dakar avant d’e?tre place?s sous mandat de de?po?t.
Dans le groupe de personnes interpelle?es, on retrouve Lamine C. dit Abu Javaar qui a reconnu avoir combattu dans les rangs de Boko Haram. C’est de ce dernier qu’est partie l’affaire dite des terroristes pre?sume?s interpelle?s a? Yoff Tonghor.
Dans le cadre de cette enque?te, les fre?res A. C. dit Abdallah (e?le?ve en classe de premie?re) et P. K. C (e?le?ve en classe de terminale) ainsi qu’El Hadji M. B. (e?tudiant) et T. S. N.B (e?le?ve en classe de premie?re), tous domicilie?s a? Yoff Tonghor, ont e?te? mis en examen et e?croue?s. Ce sont les de?clarations faites par Lamine C. lors de son interrogatoire qui ont per- mis l’arrestation de ces quatre personnes.
Libe?ration a appris que Lamine C. a avoue? aux enque?teurs que ce sont les susnomme?s qui l’ont convaincu de rejoindre les rangs de Boko Haram en plus de lui avoir fourni les moyens financiers pour rallier le Nige?ria.

Les multiples ramifications de l’affaire Diokhane?

Apre?s son Brevet de fin d’e?tudes en Arabe obtenu dans un village du Fouta, Lamine C. est venu poursuivre ses e?tudes a? Dakar. A cet effet, il avait pose? ses baluchons chez son grand-pe?re M.C. a? Yoff. Et c’est a? ce moment qu’il fait la connaissance des petits fils de ce dernier a? savoir A. C. et P.K.C et de M. B. Selon lui, ceux-ci faisaient des pre?ches sur le Jihad dans une mosque?e faisant face a? la maison familiale des C., en plus de justifier les horribles exactions commises par le cancer Boko Haram.
Mieux, ils finiront par le convaincre de rejoindre le the?a?tre des ope?rations au Nige?ria.
C’est d’ailleurs M.B. qui donnera a? Lamine C. 150.000 de FCfa pour le transport. La me?me somme sera remise a? une personne qui e?tait du voyage : Marie?me S, l’e?pouse de Makhtar Diokhane?. Lamine C. avait ajoute? qu’apre?s avoir combattu dans les rangs de Boko Haram, il est revenu au Se?ne?gal ou? il e?tait he?berge? par M. B.
Par la suite, il est parti en Mauritanie – d’ou? il a e?te? arre?te? – pour re- prendre ses e?tudes coraniques. Il pre?cisait que lors de son se?jour, A. C. est revenu a? la charge pour l’appeler au te?le?phone et lui proposer de reprendre le Jihad, en Libye cette fois-ci. A. C. lui avait assure? qu’il disposait de?ja? des fonds pour financer le voyage.

Tous ses suspects sont aujourd’hui e?croue?s dans le secteur se?curise? de Liberte? VI. Ils y co?toient deux Franco-se?ne?galais : Ibrahima Ly et Mamadou Diaw. Le premier a e?te? interpelle? en avril 2015 a? Grand Mbour (Thie?s) et la France a introduit une demande aupre?s des autorite?s judiciaires se?ne?galaise pour l’entendre. Ibrahima Ly a reconnu s’et? re rendu en Syrie mais affirme que c’et? ait pour y faire des études. Il ajoute qu’il s’est rendu compte, une fois sur place, qu’il a et? e? trompe? par un Malien qui avait comme nom de guerre Abou Khalifa Diakhaté.
Et qu’il a du faire croire qu’il partageait les causes défendues par l’Et? at islamique pour fuir la Syrie et rejoindre Dakar en passant par Istanbul. Il jure que c’est pour mieux tromper la vigilance de l’El qu’il est apparu dans la vidéo de propagande diffusée lors du procès de son frère, a? Paris, histoire de faire baisser la surveillance sur sa personne et ainsi prendre la fuite.
Cette version servie pour se tirer d’affaire est une légende et le doyen des juges d’instruction de Dakar a eu raison de rejeter la demande de mise en liberte? provisoire introduite par l’inculpé. Pour cause, Ibrahima Ly a éte? même charge? par son frère Mansour Ly qui a tente? de le rejoindre en Syrie. Ce, en même temps que les nommés Bilal Thagi, 24 ans et Fayçal Ait Messoud, 19 ans. Comme nous le révélions, Mansour Ly a tente? de rallier la Syrie pour y rejoindre son frère qui combattait bel et bien pour l’Etat islamique. Sauf qu’a? hauteur de la frontière avec la Turquie,le groupe a fait un accident de voiture avant de se retrouver hospitaliser.

Ayant constate? qu’il faisait l’objet d’un signalement pour disparition qui porte l’empreinte de sa sœur, les autorités turques ont automatiquement alerte? Paris. C’est par la suite que Mansour Ly et Cie seront extradés puis écroués a? leur retour en France.

Paris veut entendre Mansour Ly a? Dakar

Aujourd’hui, Mansour qui est place? sous mandat de dépôt a? la prison de Fleury, a e?te? condamne? a? cinq ans ferme. Selon nos informations, le parquet de Paris a verse? dans le dossier d’accusation le témoignage rapporte? de Mohamed Cisse? Djitté, un Sénégalais d’origine ami de Mansour Ly qui vivait comme lui a? Trappes, dans les Yvelines.

Il ressort que Djitte? a éte? enrôle? en Syrie par Ibrahima Ly en même temps qu’un autre jeune de Trappes. Quelques jours après son arrivée a? Raqqa, il s’est rendu compte de l’horreur. C’est ainsi qu’il a joint les membres de sa famille pour leur dire qu’il avait fait une «connerie» a? cause d’Ibrahima Ly. Mieux, il leur dira, selon le dossier du parquet, que ce dernier a amene? plus de 400 combattants a? l’Etat islamique.

Pire, Fayçal Massoud et Mansour Ly ont tous les deux soutenu que c’est a? cause d’Ibrahima qu’ils ont décide? de rallier l’Etat islamique. Ils affirment avoir éte? convaincus lorsqu’ils l’ont vu dans une vidéo de propagande de l’El qu’ils ont visionnée a? Chiken Planet, un kebab ou? se retrouvaient les radicalisés a? Trappes.

Contrairement a? ce que soutient Ibrahima Ly, cette vidéo en date du 14 janvier 2015 témoigne de son cynisme. Entoure? de deux autres Français ayant rejoint l’Etat islamique, il cautionne les attentats contre Charlie Hebdo mais encore appelle-t-il a? des attentats massifs contre la France.

«Cette vidéo a accéléré notre départ. On se disait que Ibrahima était là, il ne racontait pas des histoires », a affirme? Massoud sur procès-verbal consulte? par Libération.
Quid de Mamadou Diaw ? Interpelle? en aou?t 2016, Diaw alias Abu Ahmed est arrive? a? l’ae?roport de Dakar par vol SS 990 Corsair en provenance de Paris. Ne? en 1998 a? Brieux, en Normandie, il est pre?sente? comme un individu dangereux qui souhaiterait se rendre en zone de combat irako-syrienne. C’est en tout cas l’information obtenue par Interpol qui le surveillait depuis un bon moment.
Intercepte? a? son arrive?e dans la capitale se?ne?galaise, Diaw a juste affirme?, lors d’un bref interrogatoire, qu’il devait se rendre a? Me?dina Gounass. Remis a? la Division des investigations criminelles (DIC) pour enque?te pousse?e, il a e?te? de?fe?re? par la suite au parquet et e?croue?.
Avant lui, Papa Alassane Se?ne, un se?ne?galais d’origine ayant la nationalite? ame?ricaine e?tait arre?te? a? l’ae?roport. Il faisait aussi l’objet d’un signalement. Le plus jeune et le plus inconscient du lot est sans doute Saer Kébé, élève au Lycee? Demba Diop, qui a et? e? ec? roue? pour acte terroriste, apologie du terrorisme et association de malfaiteurs en vue de commettre des activités terroristes. Ce jeune homme avait envoye? un courrier électronique a? l’ambassade des Etats-Unis base? a? Dakar pour proférer des menaces d’attentat contre les intérêts des Américains.

Mamadou Diaw, un deuxie?me franco-se?ne?galais dans la nasse

Il présente presque le même profil qu’Ousseynou Diop. Sous le pseudo «Hussein Weuz», il avait annonce? des attentats lors du match Nice-Lyon. « Je suis très content de ses attentats parce que vous ne devrez pas oublier ce que vous avez fait avec l’œuvre de Charlie Hebdo en caricaturant le visage de notre cher prophète MOHAMED (Psl) et vous e?tes en train de payer la fortune de notre cher confre?re musulman Coulibaly. Et je vous dit et je vous préviens que l’autre attentat sera lors du match Nice-Lyon», avait-il écrit.
A cette liste s’ajoutent un autre imam, Ibrahima Sèye, place? sous mandat de dépôt a? Kolda après avoir traite? Macky Sall (Président du Sénégal), François Hollande (France) et Barack Obama (Usa) de mécréants lors d’une prêche enregistrée par les services de renseignements mais aussi l’étudiant en Economie a? l’Universite? de Sherbrooke (Québec), Assane Kamara, sous e?crou pour association de malfaiteurs en liaison avec une entreprise terroriste, apologie du terrorisme et complicite? de financement du terrorisme. Ce, en même temps qu’Atoumane Sow, domicilie? a? Grand-Yoff (Dakar).
Un autre ancien e?tudiant de l’UCAD a succombe? a? l’appel du mal. Il s’agit d’Abdoul Aziz Dia, ce Se?négalais de 28 ans place? sous mandat de dépôt courant novembre 2016 pour des faits de terrorisme présume? après une interpellation musclée au quartier Gouye Mouride de Rufisque. Celui qui s’était baptise? Abou Soubaib était un combattant actif de Boko Haram.
File? depuis plusieurs mois par les services de sécurité il avait par la suite quitte? le bastion du groupe terroriste au Nigéria pour rentrer au Sénégal en passant par le Niger. Difficile de dire comment la vie de cet étudiant promis a? un bel avenir a basculé.
Après avoir réussi avec brio son baccalauréat L2, il a éte? oriente? au département de Géographie de l’Universite? Cheikh Anta Diop de Dakar. C’est au moment de passer sa licence qu’il n’a plus fait signe de vie. Mais en ce moment déjà, il avait carrément change? en se faisant remarquer par des propos tranchés sur la religion.
L’histoire de Dia n’est pas sans rappeler celle de Sadio Gassama, cet étudiant de la Faculte? de Médecine qui a rallie? les bastions de l’Etat islamique a? Syrte.

Avec Dakaractu.com

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